www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
TOUT N'EST PAS NOIR
Par Albert Soued pour www.nuitdorient.com – 17 mars 2009
Vivre c'est transformer le négatif en positif et apprécier la couleur.
Tout le monde semble alarmé par l'évolution de la situation dans le monde, tant sur le plan économique qu'idéologique, et notamment par la venue au pouvoir et à la tête de la plus grande puissance du monde d'un "homme de couleur".
Il est possible et même probable que les milieux financiers aient anticipé cette venue lors de la chute des cours en septembre 2008. Parce qu'on se trouve devant un inconnu dont on ignore les réactions devant les événements et les obstacles. Mais tout cela n'est qu'un passage dans le temps et entre temps certains agissent.
L'Irak
Les médias ont injustement accusé G W Bush d'avoir provoqué la guerre en Irak. La situation politique et socio économique à ce jour n'a aucun rapport avec ce qu'elle était sous Saddam Hussein. Ce pays retrouve progressivement la paix, profitant de ses richesses. La démocratie fait ses premiers pas en pays arabe. Six ans pour pacifier un pays qui était prisonnier de la dictature la plus féroce au monde, c'est très court; et l'impatience des médias montre leur complète ignorance de l'histoire. Les élections du 31/01/09 dans 18 provinces sur 22, avec plus de 50% de participation et des troubles mineurs, avec des résultats montrant que les électeurs ont préféré l'intérêt national à l'inféodation à l'Iran, ont été un succès. Le déclin des groupes islamiques favorables à l'Iran et la loyauté de l'électorat envers le régime, favorable aux pays arabes modérés et à l'Occident sont le signe d'une maturité de la population. Cette maturité démocratique semble avoir également impressionné la jeunesse iranienne soumise au joug de la police des mollahs.
On peut espérer que l'évacuation des troupes américaines, étalée dans le temps et pas totale, permettra au régime Irakien en place de consolider une démocratie libérale non islamiste et non alignée sur l'Iran.
Pays arabes
sunnites
L'Egypte, la Jordanie, l'Arabie et le Koweil pour
l'essentiel sont inquiets devant la montée en puissance de l'Iran, aussi bien
nucléaire et militaire qu'idéologique, à travers l'expansion de la
"shiah". Ils cherchent un protecteur. Nous ignorons si les discours
d'Obama les ont rassurés. L'opération "Plomb durci" contre le Hamas
leur a apporté certainement du baume au cœur. D'après l'historien Bernard Lewis,
pour la première fois en plusieurs siècles, le monde
musulman sunnite considère le shiisme comme une "menace mortelle",
car l'arme nucléaire placée entre les mains d'un régime islamique doté d'une
"mentalité apocalyptique" représente un danger sans précédent pour
les pays arabes.
Aussi étonnant que cela soit, ces pays comptent sur Israël pour se débarrasser de la menace nucléaire.
Par ailleurs, la guerre des idées menée par l'Egypte contre al Qaeda lui a valu une "relative petite riposte" dans un souk (1), la preuve que les terroristes de l'Islam radical sont en perte de vitesse.
De même, les esprits libéraux dans tous ces pays arabes s'expriment de plus en plus vigoureusement, signe qu'une certaine tendance est en cours de renversement, au détriment aussi bien des islamistes radicaux que de la gauche. Un exemple: la chaîne de télévision "al Arabiya" voulant filmer certaines scènes de violence du Hamas, s'est retrouvée interdite à Gaza.
Antisémitisme en
Europe
Un seul exemple d'une réaction
possible devant l'"incompréhensible" et "anormale" remontée
de l'antisémitisme occidental, sous le prétexte de la guerre de représailles
d'Israël contre le terrorisme palestinien. La journaliste et parlementaire
italienne Fiamma Nirenstein a réussi à
organiser à Rome une grande manifestation de soutien à Israël où sont venus
plus d'une centaine de parlementaires de tous bords.
Israël a
mis plusieurs années avant de riposter contre les tirs de missiles du Hamas et
des milices palestiniennes de Gaza. Les roquettes sont lancées au hasard contre
les villes et villages du Sud israélien, les traumatisant. Le Hamas est une organisation
terroriste, considérée comme telle par la plupart des nations et qui est vouée
à la destruction de l'état d'Israël. Le Hamas est venu au pouvoir dans cette
bande de territoire, totalement évacuée par Israël en août 2005 (2), par un
coup d'état contre l'Autorité Palestinienne, en juin 2007. Plusieurs milliers
de roquettes se sont abattues notamment à Sdérot où, lors d'une visite, le
sénateur Barack Obama, avait dit "si des villes américaines étaient
attaquées de cette manière, je n'hésiterai pas à les défendre"
Pourtant
tardive, la riposte israélienne a été considérée par un grand nombre de médias,
d'organismes et même d'états occidentaux comme perverse, superflue, exagérée ou
disproportionnée (3). Cas unique dans l'histoire militaire, Tsahal a réussi
l'exploit technologique d'épargner au maximum les civils, en ciblant d'une
façon la plus précise possible les zones militarisées par le Hamas (4).
Comment
alors expliquer ces réactions négatives, alors qu'on a vu peu de réactions ou
aucune réaction devant les dizaines de conflit qui éclatent dans le monde et
qui sont autrement meurtriers et sauvages ?
Le peuple
juif présente la particularité d'avoir toujours été attaqué, vilipendé,
dépouillé, massacré en dehors de toute logique et d'être toujours là après 35
siècles d'histoire dont 20 siècles d'exil. Cet exil a vu une multitude de
massacres et de pogroms culminant dans la shoah. Aujourd'hui, l'exil est
presque terminé et Israël a plus de 60 ans d'existence. Et, pour certains, ceci
est insupportable.
Dans la
foulée du nouvel antisémitisme exacerbé de l'Islam radical, Israël et le
sionisme semblent poser problème à la conscience de nombre d'Occidentaux.
N'avez-vous pas remarqué que très souvent un Occidental n'arrive pas à
"dire" le mot Israël, mot qui lui reste au fond de la gorge? Combien
de fois, au lieu de prononcer le mot "Israël", il vous dit
"votre pays" ou "ce pays"? Un exemple récent: le film
israélien "Danse avec Bashir" vient de recevoir le César de la meilleure
œuvre étrangère. Contrairement à d'autres chaînes, A2 cite le film, mais à
aucun moment, on ne dit que le film vient d'Israël…
Il est
évident que cette omission vient de loin et procède de l'inconscient collectif.
Première explication: le dédouanement. On se lave de la culpabilité des massacres antérieurs
et de la Shoah, à travers le fantasme du bourreau israélien et d'une nouvelle
victime inventée, qui se substitue à Israël, le Palestinien.
Deuxième explication: le peuple juif et Israël sont des groupes "hors norme" et,
de ce fait, ils sont les élus idéaux pour devenir les "boucs
émissaires" des malheurs du monde, notamment en période de crise.
Troisième explication: cette nation iconoclaste est jalousée et convoitée pour ses résultats
et ses relatifs succès. Peut-être aussi parce qu'elle est l'aînée en matière de
monothéisme.
Avant,
c'était le mot "juif" que les Occidentaux n'arrivaient pas à
prononcer. De plus en plus, c'est le mot "Israël" qui reste en travers de la gorge de l'Occidental, parce
que il est plus "politiquement correct" et plus actuel.
Mais tout n'est pas noir. Le refus d'Israël et du Juif est surtout l'apanage des extrêmes,
celles qui surfent aujourd'hui sur la vague intégriste musulmane, espérant
trouver ainsi un écho dans une population ignare sur le plan historique.
Et depuis
la création de l'état d'Israël, de nombreux Occidentaux ont réussi à résoudre
leur complexe vis-à-vis de la spécificité du peuple juif, tout simplement en
étudiant la Torah et en en saisissant son sens profond. Ceux-ci ont aussi
compris que le martyr de Jésus, un rabbin iconoclaste juif, par un peuple
idolâtre, fait partie du martyr millénaire du peuple juif à travers l'histoire,
martyr provoqué également par des peuples idolâtres, non ou mal convertis au
monothéisme.
Aide américaine
Certains conseillers et donneurs
de leçon préconisent que, vu la crise économique, les Etats-Unis devraient
cesser leur contribution à l'armement d'Israël. Il faut savoir que le Congrès
avait accepté un budget d'aide de 30 milliards
$ sur 10 ans se terminant en 2013. Comme cette aide est liée à
concurrence de 75% à des achats d'équipement américain et que les avancées de
la recherche israélienne en matière d'armement doivent être proposées en
priorité aux Etats-Unis, il est peu probable que cette aide liée soit abandonnée
par les Américains.
L'expérience du passé a montré que
cette aide financière était plus que profitable aux Américains. En effet, grâce à son propre budget militaire
Israël peut relever les défis que lui lancent tous les jours les états arabes
et islamiques, en mettant au point des armes, des systèmes et des méthodologies
dont profitent les Etats-Unis quelque temps après leur expérimentation sur le
terrain du Moyen Orient.
Lors de l'opération "Paix en
Galilée" de 1982 au sud du Liban, l'armée israélienne a appliqué pour la
première fois ce qu'on appelle la RAM, ou la "Révolution dans les Affaires
Militaires". Grâce aux systèmes informatiques développés et à de nouvelles
méthodes de gestion du champ de bataille, l'armée israélienne a réussi à neutraliser
les unités syriennes stationnées au Liban. Les Etats-Unis et l'Otan se sont
alors empressés de mettre en place cette RAM, ce qui leur a permis de libérer
le Koweit en 1991 des griffes de Saddam Hussein, dans des délais inconnus à ce
jour. La RAM a été appliquée par l'Otan en Bosnie en 1995, au Kosovo en 1999 et
par la Coalition en Irak en 2003.
De même, Tsahal a dû mettre au
point de nouvelles armes, un matériel et des systèmes adaptés à la guerrilla
urbaine et à la guerre asymétrique que les terroristes lui imposent. Dans ce
type de guerre, l'ennemi utilise l'attentat-suicide, les charges improvisées
commandées à distance ou l'enfouissement de ses moyens offensifs dans des
tunnels ou au sein de la population civile (notamment les ambulances, les hôpitaux
ou les mosquées servent de caches idéales).
Ainsi lors de l'opération en
Samarie "Rempart de défense" ou "Defensive Shield", en
avril 2002, contre les terroristes réfugiés à Jénine, de nouvelles méthodes
basées aussi bien sur l'équipement (cheminement des forces de Tsahal à travers
les cavités creusées dans les murs des maisons, par exemple) que sur le
renseignement -- drone par exemple et, surtout ce qu'on appelle le
"humint", ou human intelligence, le renseignement par des agents sur
place -- ont été utilisées par Tsahal pour minimiser les pertes de part et
d'autre. Le général Petraeus a introduit ces méthodes en Irak lors de la contre
offensive appelée "Surge" en 2007/8, méthodes qui ont beaucoup
contribué à la pacification du pays et à la diminution de la terreur.
L'élimination d'une installation
nucléaire au nord de la Syrie le 06/09/07 est un exemple parfait d'une action
du type RAM: rapidité, efficacité, secret. Les moyens de défense ennemie ont
été paralysés et l'armée syrienne ne s'est pas rendue compte du déroulement des
opérations, au grand dam du fournisseur russe.
L'opération de Gaza "Plomb
durci" (5) a également innové en matière d'organisation, et de méthodes du
renseignement et de l'information de la population ennemie. En quelques minutes,
le Hamas a compris que ses moyens étaient anéantis et il a demandé à ses cadres
et à son élite de se cacher dans des tunnels sous les écoles.
Les défis que les islamistes
lancent en permanence à Israël permettent à celui-ci de faire des avancées
sérieuses dans des guerres d'un type nouveau. Le défi des missiles à courte et
moyenne portée (mortiers, roquettes, Katiouchas, Grad …) peut trouver une
parade technique. Mais l'équipement de défense qu'on peut envisager est lourd,
encombrant, coûteux et d'une efficacité relative. Contre ce défi, seules les
opérations sophistiquées et bien préparées telle que "Plomb durci"
sont efficaces, à condition d'aller jusqu'au bout, comme à Jénine. Il est
certain que les Etats-Unis comme d'autres pays les utiliseront dans les futures
guerrillas urbaines et dans les conflits asymétriques qui ne manqueront pas
d'éclater.
La menace
nucléaire
Au-delà de la crise financière qui sera sans doute jugulée à moyen terme (avec de la patience et de l'optimisme), le défi le plus important est celui de l'Iran. Sous l'emprise d'un pouvoir religieux et islamiste shiite depuis 30 ans, ce pays cherche d'une part à dominer le Moyen Orient par l'arme nucléaire et sa technologie, d'autre part à prendre une revanche tant attendue sur l'Islam sunnite, quitte à provoquer une apocalypse régionale et même mondiale. Devant cette menace, l'Occident n'a pas beaucoup de choix et ne peut œuvrer que dans l'ombre pour retarder ce projet funeste des ayatollahs et, au mieux, provoquer des soulèvements périphériques dans le pays. Les services secrets américains et israéliens ont déjà réussi à éliminer des chercheurs et à saboter certaines installations et ils continueront à le faire. Il faut s'attendre aussi à des soulèvements locaux de certaines ethnies et de certains groupes non favorisés par ce régime féodal.
Les coups portés par Israël contre le Hamas ont affaibli l'influence de l'Iran à Gaza.
Mais tout le monde sait que les sanctions économiques actuelles n'ont aucun effet sur les décisions iraniennes en matière nucléaire. Or le président Barak Obama vient de renouveler pour un an les mêmes sanctions contre l'Iran dont les ambitions nucléaires continuent d'inquiéter Israël, l'Occident et les pays arabes. Il vient d'initier une série de contacts cherchant à dissuader l'Iran de poursuivre dans cette voie, lui offrant en échange d'alléchantes compensations économiques. Réussira-t-il, lui, alors que tant d'autres ont échoué après près de 6 ans de négociations, notamment l'Allemagne ?
Comme geste de réciprocité à l'ouverture américaine, rappelons que l'Iran a refusé d'accorder des visas à une équipe féminine américaine de "badminton".
Par ailleurs les experts de l'AEIA autorisés à contrôler les installations d'Ispahan ont découvert que 5/6 t d'uranium UF6 (sous forme de gaz au stade final de production) – permettant de fabriquer 5 à 6 bombes nucléaires – y avaient disparu. Or les satellites américains ont identifié plusieurs sites clandestins, non déclarés aux inspecteurs de l'Onu, et l'un d'eux se trouve justement à Ispahan. On soupçonne donc l'Iran d'y fabriquer secrètement, à l'aide des centrifugeuses P2, de l'uranium enrichi à 90% à partir de l'uranium UF6 à 4% manquant. L'uranium enrichi à 90% peut servir à fabriquer des bombes nucléaires.
Les experts américains et les services secrets israéliens pensent que l'Iran a assez de matière fissile pour fabriquer une cinquantaine de bombes, la première voyant le jour fin 2009, au plus tard en 2010. Certains pensent même que l'Iran a acquis une bombe venant soit de Corée du Nord, soit du marché noir. Le jour où la Russie fournira l'équipement anti-missile S-300 commandé (5 unités commandées à 800 millions $), il sera difficile de détruite la machine de guerre nucléaire iranienne.
Sauf si la société israélienne IAI (Israel Air Industries) développe en série le drone rôdeur et tueur Harop, récemment présenté à la foire aérienne Aero-India de Bangalore.
Le drone Harop est sophistiqué et capable à la fois de
neutraliser les radars ennemis et d'attaquer les rampes de lancement de
missiles. Harop peut patrouiller à
Notes
(1) Une petite bombe a explosé au
Khan Khalil tuant une jeune touriste française.
(2) 8000
résidents israéliens ont été évacués de force du foyer où ils résidaient depuis
plusieurs générations, perdant leur maison et leur gagne pain
(3)
L'Espagne veut même traduire en justice les officiers israéliens qui ont
participé à la guerre de Gaza. Or ces officiers se sont ingéniés à minimiser
les pertes civiles (voir ci-dessous la note 4) dans une guerre asymétrique où
l'adversaire se sert de ses civils comme boucliers humains, des mosquées pour
stocker des armes et des explosifs, des hôpitaux pour installer ses quartiers
généraux et où les chefs se sont cachés dans des tunnels sous les écoles. En ce
qui concerne la "proportionnalité", même dans un match de football,
la disproportion s'impose pour qu'une des parties gagne. Ici, c'est une guerre
où le groupe terroriste doit perdre la partie à la longue.
(4) Grâce
au système d'information et à la précision des tirs de Tsahal, les pertes
civiles à Gaza n'ont été que de 300 victimes contre 1000 terroristes du Hamas
tués. Le Hamas continue à lancer des missiles, même après le retrait de Tsahal
de Gaza. Ainsi Sami el Soudy écrit dans Mena: "Presque chaque fois
l’armée des Hébreux riposte en intervenant, par les airs, contre les tunnels de
contrebande d’armes à Rafah. Encore, le fait-elle en avisant les trafiquants et
la population palestinienne, par tracts et messages téléphoniques, au moins une
demi-heure à l’avance. C’est cette précaution, jamais observée dans aucun autre
conflit, qui fait qu’aucun individu n’a été blessé lors desdits bombardements
aériens: dès l’annonce d’une frappe des avions à l’étoile de David, les
contrebandiers, de même que les non-combattants et l’armée égyptienne, de
l’autre côté de la frontière, s’éloignent de la Voie Philadelphie. Quelques
heures plus tard, tous retournent à leurs occupations d’avant le raid. Les
frappes israéliennes sont très précises."
(5) Cette expression provient d'un
chant de la fête de Hanouka (inauguration des lumières) où on parle d'une
toupie en plomb durci.