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LA PIRE DES ORGANISATIONS MONDIALES
Par Michael
Radu
- FrontPageMagazine.com du 29 Août 2006
Article
traduit par Stéphane
Teicher
pour www.nuitdorient.com
Les Américains expriment
souvent leur mécontentement à l’égard des Nations Unies. Ils ont pour cela de
nombreuses raisons : le fait que cette organisation traîne des pieds à
propos du Darfour; à cause de certaines pratiques de corruption révélées par
les scandales “ pétrole contre nourriture”; le refus d’accepter des réformes significatives
de sa direction et de sa gestion financière ; l’élection de l’Iran à la vice
Présidence du comité sur le Désarmement et la nomination de Cuba au Conseil des
Droits de l’Homme (!!), et toute une quantité d’autres faiblesses et échecs.
Toutes ces
plaintes sont justifiées, mais elles confondent les symptômes de la maladie
avec les causes. Le problème n’est pas ce que fait l’ONU, mais ce qu’elle est,
ou, plus précisément, ce qu’elle n’est pas. Elle reste fondée sur le postulat
qu’il existe quelque chose comme une « communauté internationale »,
alors qu’en fait il n’en est rien, et en tout cas pas dans un sens significatif.
Née suite à la
seconde guerre mondiale, l’ONU possédait des défauts inhérents à sa naissance.
L’affirmation répandue chez les élites occidentales que l’impuissante Société
des Nations pourrait être ressuscitée dans une version nouvelle et améliorée,
s’est révélée utopique quand Joseph Staline a mis une condition sa
participation, l’octroi de trois membres pour l’Union Soviétique: elle-même, la
Belarus et l’Ukraine, ces deux dernières n'étant à l'époque que des provinces
de l’Empire Soviétique.
Vint ensuite la
charade des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité – les USA, les
puissances en déclin, Grande Bretagne et France, celle qui montait sous la
direction de Staline, et, sans aucune pertinence, la Chine de Chiang Kai-shek. Quelle
pouvait bien être l’unité morale, politique et juridique de ces cinq là, sans
compter d’autres “puissances” fondatrices comme le Guatemala ou l’Arabie
Saoudite qui étaient censées constituer la “communauté des nations”?
Pour ce qui est
de la structure de l’organisation, il y a toujours eu une disproportion
complète entre les droits, les avantages et les responsabilités des membres, à
commencer par le financement.
Les finances des
Nations Unies sont la seule application concrète de la description que fait
Karl Marx de l’Utopie communiste " de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses
besoins.” C’est ainsi que les Etats-Unis paient 22% de la note de
l’ONU, le Japon 19,6%, l’Allemagne 9,82%, la France 6,5% , le Royaume Uni 5,5%,
l’Italie 5.0%, le Canada 2,5%, l’Espagne, 2,5%, et le Brésil 2,39%– ce qui
signifie que 9 pays, représentant 4.7% du total des membres, payent 76% du budget
de l’ONU. Les USA et le Japon (ce dernier n’étant même pas membre permanent du
Conseil de Sécurité) paient plus de 40 % des
coûts. (Si vous habitez New York, les personnes qui
travaillent à l’ONU doivent à la ville dix neuf millions en contraventions de
stationnement.) A noter que la Chine et la Russie paient respectivement
2,05% et 1,%. Au total, tout le système de financement de l’ONU n’est qu’une
forme globale de redistribution des richesses qui vise, comme le soulignait un
observateur, à prendre de l’argent aux pauvres
des pays les plus riches pour le donner aux plus riches dans les pays pauvres. Et le transfert ne porte pas que sur les
richesses, mais aussi sur l’influence, avec une Assemblée Générale, une cour de
justice internationale, et toutes les autres agences des Nations Unies avec
forte influence, quand ce n’est pas un contrôle pur et simple, de ceux qui
paient le moins et profitent le plus. Le fait que cette tendance se poursuive,
et même se développe, est une nouvelle manifestation dans la vie réelle de la
définition du Dr. Johnson d'un second mariage : le triomphe de l’espoir sur l’expérience.
Avec la
décolonisation de l’Afrique au début des années 1960, une nouvelle vague
d’Etats faibles, artificiels et dépendants de la prospérité internationale, est
apparue – les Sierra Leone et Somalie d’aujourd’hui,
tous subsistant grâce à la légitimité douteuse que leur accordait l’appartenance
à l’ONU, et aux dons que cette organisation leur versait; ils trouvèrent tous
le pouvoir dans l’Assemblée Générale, au sein de laquelle ils créèrent ce qu’on
appelle le bloc des "Non-Alignés" (autrement dit, non alignés sur
leurs pourvoyeurs de fonds Occidentaux), devenu maintenant le Groupe des 77 (en
réalité, plus de 120). Ce développement a été manipulé avec facilité par Moscou
pendant la Guerre Froide, et il a été financé par l’Occident.
S’il est un
domaine où les défauts de l’ONU sont les plus évidents, c’est celui de la
Sécurité, dévolue au Conseil de Sécurité. Ici, les intérêts des USA, de la
Chine et de la Russie et les idiosyncraties de Paris sont censées se mêler dans
la recherche fraternelle de la paix dans le monde, ce que, bien entendu, ils ne
font pas.
D’où ces
résultats inévitables : si un sujet est suffisamment marginal, une
décision est prise, de l’argent est gaspillé pour le concrétiser, en général
provisoirement, et en termes de Relations Publiques, plutôt que dans la
réalité, et nous obtenons le Cambodge en 1993 (J’y étais – ceux qui avaient
perdu les élections, et leurs armes, sont restés au pouvoir), ou le Timor Oriental
plus tard.
Si le sujet est
d’importance régionale, et que les “solutions” de l’ONU ont échoué, on trouve une
issue en dehors du système – et nous avons les Kosovo et la Bosnie, où l’OTAN,
et non New York, siège de l'ONU, a imposé une sortie encore chaotique.
Et si le sujet
est vraiment sérieux et menace réellement la paix dans le monde, aucune
solution n’est trouvée – et nous avons l’Iran, la Corée du Nord, Saddam
Hussein, tous traités par d’innombrables résolutions dénuées de sens, des
déclarations présidentielles, et diverses expressions des opinions de « la
communauté internationale ».
Le problème,
c’est qu’au-delà des banalités rhétoriques et rituelles de bureaucrates
globaux, il n’y a pas de substance dans l'expression “la communauté
internationale” – et ainsi nous assistons au spectacle de condamnations
répétées du terrorisme par l’ONU qui n’ont d’égale que la constante incapacité de l’organisation à définir le terme.
Compte tenu de
ces réalités, connues de tous, c’est toujours un mystère que tant de personnes
soient toujours déçues des performances des Nations Unies, ou pire, en blâment
les Etats, Unis, George Bush ou les “néoconservateurs”. Pis encore, les mêmes
élites, et les régimes beaucoup moins bien intentionnés du Tiers Monde,
persistent à proclamer que l’ONU est la source du Droit International, ce qui a
amené inévitablement Kofi Annan à déclarer la guerre en Iraq “illégale” !
Tout comme
l’institution sur laquelle il fonde sa légitimité, le « droit
international » évolue – les
fondamentalistes des droits de l’homme à Amnesty
International adorent ce mot – de plus en plus loin de la réalité de la vie
et du sens commun. En conséquence, cela se termine par l’interdiction des mines
terrestres, des tentatives pour interdire les armes légères, un traité de
prolifération nucléaire ouvertement bafoué, etc…
Tout cela est
accentué par le fait très peu remarqué que les organisations non
gouvernementales, dites ONG, “progressistes” reconnues par l’ONU, et
particulièrement leurs versions “droits de l’homme” et environnement, non seulement
participent au processus de décision, mais grâce à leur puissance financière et
au soutien que leur apporte les gouvernements, ont plus d’influence que la
plupart des Etats Membres.
C’est vrai qu’il
y a une Organisation Mondiale de la Santé, une Union Postale Universelle, et
quelques rares autres organisations dans le système des Nations Unies qui, soit
font un travail respectable, soit ne peuvent pas réellement être remplacées par
quelque chose de mieux, et elles sont nécessaires et doivent être soutenues.
Mais sur toutes les questions de sécurité et les questions économiques, les
Nations Unies montrent chaque jour qu’elles ne sont que le reflet d’un système
international violent et désordonné, qui n’est pas différent de son
prédécesseur au destin tragique, la Société des Nations. S’attendre à ce que
« ça marche », c’est oublier la définition d’Albert Einstein de la
stupidité: faire et refaire la même chose, mais en
attendre des résultats différents.
Est-ce que cela
veut dire que les Etats Unis doivent laisser tomber l’ONU ? C’est une idée
tentante, bien que défendue beaucoup trop souvent par les mauvaises personnes
et pour les mauvaises raisons, comme des isolationnistes, comme Pat Buchanan, et,
probablement, par une majorité d’Américains. Cependant, le fait est que
l’Organisation des Nations Unies est depuis longtemps devenue une
« habitude culturelle » -et pas seulement dans l’East Side de
Manhattan ou, ce qui se comprend mieux, à Malabo, Port Vila et Antananarivo, mais
aussi, et même plus, à Bruxelles, Paris, Berlin et Londres, et, soyons
honnêtes, Washington, D.C. Donc, nous devons faire avec – pour le moment.
Quels parents Américains
accepteraient de telles conditions à propos de leurs enfants ? Accuser
Kofi Annan d’être un fidèle reflet de l’ONU est injuste pour lui et écarte
notre responsabilité d’avoir pris au sérieux les gens de l'United Nations
Plaza, New York. Nous devrions juste les considérer comme des visiteurs désagréables,
pour lesquels nous devons payer pour le moment, et rien de plus.