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LA TRAGI COMEDIE
DE L'ONU
Après la bombe Shiite, une
bombe pour l'Egypte Sunnite?
Editorial
d'Opinion Journal, émanation du Wall Street Journal pour le Net
Le
22/09/06
Traduit
par Artus pour www.nuitdorient.com
Hugo
Chavez et Mahmoud Ahmedinejad se sont produits cette semaine à la tribune de
l'Onu et il serait tentant de dire que ce n'était que de la grandiloquence.
Sauf que leur assurance ne peut être séparée de l'histoire récente de cette
institution, un échec continu devant le défi criant de l'Iran à la demande du
Conseil de Sécurité
de
suspendre ses activités d'enrichissement de l'uranium.
L'enjeu
est de savoir si l'Onu peut avoir un rôle quelconque pour imposer une sécurité
collective, et de comprendre pourquoi les pays qui ont appuyé cette résolution
sont ceux qui font tout pour la saboter. Observez donc le comportement de la
Russie, de la France, de la Chine, tous membres du Conseil de Sécurité, avec un
pouvoir de veto, face à la menace Iranienne.
En
Juillet, le Conseil a adopté la résolution 1696 qui note "…
sérieusement préoccupés que l'Iran n'ait pas réalisé les étapes demandées par
le Conseil des Gouverneurs de l'AEIA (agence internationale pour l'énergie
atomique)"; et le Conseil est allé plus loin en exprimant son
intention d'adopter les mesures appropriées selon l'article 41 du chapitre 7 de
la Charte des Nations Unies afin de persuader l'Iran de se plier à cette
résolution. L'article 41se réfère à toutes les mesures légales auxquelles on
doit se plier sous peine de sanctions ou de coercition militaire. Ici la
résolution disait que l'Iran devait cesser tout enrichissement de l'uranium au
31 août 2006, date limite dont l'Iran s'est moqué ouvertement.
Alors
y aura-t-il des conséquences sérieuses? Pas le moins du monde. L'envoyé chinois
Sun Bigan a rejeté toute sanction "qui serait non seulement nuisible à
la région mais à notre pays", en référence aux importations de pétrole
d'Iran, soit 56% des besoins de la Chine. Le ministre de la Défense russe
Sergei Ivanov, qui fournit l'Iran pour 0,7 milliard $ de matériel de défense
aérienne, dit aussi que les sanctions n'auraient aucun effet. Ce sentiment a
trouvé un écho cette semaine auprès de J Chirac que l'administration Bush a pourtant
qualifié d'allié loyal pour stopper l'Iran. Le président français a dit "Je
ne suis jamais favorable à des sanctions, et, si elles sont inévitables, elles
devraient être modérées et adaptées". En d'autres termes, il a fallu
moins d'un mois pour prouver que la date limite fixée par la résolution 1696
était dépourvue de sens, événement prédit par Ahmedinejad en avril.
Alors
pourquoi les 5 membres permanents du Conseil ont-il risqué leur crédibilité en
fixant d'abord une date limite? Pourquoi alors menacer l'Iran de sanctions,
s'ils n'ont aucune intention de les imposer? La réponse est que la diplomatie
onusienne est devenue un outil de dissuasion non contre l'Iran, mais contre
tout effort américain dans sa volonté d'empêcher l'Iran d'acquérir la bombe.
Sous couvert de négociations diplomatiques, le programme nucléaire iranien
s'accélère, comme le montre l'inauguration récente d'une usine de fabrication
d'eau lourde. Les réacteurs d'eau lourde
sont ceux qui sont le plus susceptibles de fournir un combustible pour arme
nucléaire. Le journal iranien Syassat-al-ruz a souligné que cette performance
était le signe que la résolution américaine n'avait aucun sens. Pendant ce
temps le "cowboy" américain apparaît de plus en plus comme celui qui
a été pris au lasso par l'Onu et non l'inverse. En 2003, les Etats-Unis ont
accepté de rejeter l'idée que l'Iran trichait quant au traité de non
prolifération signé par ce pays et à ses engagements, afin de donner une chance
à la diplomatie européenne. Et les Etats-Unis ont continué dans cette voie en 2004,
malgré l'évidence que l'Iran continuait à tricher. Ils ont même accepté d'autres
négociations qui ont échoué six mois plus tard. Et cette année le président
Bush a accepté le principe de négocier directement avec Téhéran, pourvu que ce
pays suspende son enrichissement. Il a même souligné récemment à l'Onu qu'il ne
s'opposait pas à un programme nucléaire à des fins civiles.
Pendant
toute cette période, l'administration américaine a fait confiance à l'Europe, à
la Russie et à l'AEIA, dans les délais et la tactique. Et maintenant elle se
fie au Conseil de Sécurité. La seule insistance était que la communauté
internationale montre sa bonne foi pour empêcher l'Iran de développer une arme
nucléaire. Mais cette bonne foi a été manifestement absente et on peut se poser
la question de savoir qui est vraiment désireux de donner à l'Onu une chance
d'être fiable.
On
tire la conclusion que l'Onu cherche en fait à persuader l'Amérique qu'elle
peut vivre avec une bombe iranienne, comme elle le fait avec la bombe pakistanaise,
car le prix de sanctions économiques ou de frappes militaires serait
exorbitant. Mais on peut aussi déjà avoir une idée d'un monde où l'Iran est
autorisé à avoir une bombe, rien qu'en écoutant Gamal, le fils du président
égyptien Moubarak, et aussi son éventuel héritier, qui revendique lui aussi le
droit de développer un programme nucléaire. Et ceci afin d'empêcher l'Iran
shiite de dominer le Moyen Orient. Et là où l'Egypte ira, la Turquie et
l'Arabie saoudite ne sont pas loin derrière. Est-ce que la communauté
internationale est préparée à vivre avec 5 ou 6 puissances nucléaires au Moyen
Orient?
On a
qualifié les discours récents à la tribune de l'Onu de feuilleton avec acteurs
M Bush et ses adversaires. Mais là ce n'est pas seulement le Moyen Orient qui
est en danger, mais l'Onu. Et MM Chavez et Ahmedinejad se sont sentis libres de
railler son évidente faillite.