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UN SILENCE TERRIBLE
Par David
Horovitz, rédacteur en chef du Jerusalem Post
Paru dans
l'International JP du 5/11 Janvier 2007
Traduit par
Albert Soued pour www.nuitdorient.com
"Quand
on fait le bilan, c'est une honte!" dit Irwin Cotler, ex-ministre de la Justice du Canada et
procureur général. Instruites par
l'échec innommable de la communauté internationale pour empêcher le massacre
massif des Juifs par Hitler, les Nations
Unies ont adopté la "Convention sur la
Prévention et la Punition du Crime de Génocide", en 1948. Cette convention impose aux signataires
la responsabilité de punir non seulement le crime de génocide mais aussi, "la conspiration pour commettre un génocide et
l'incitation directe et publique au génocide".
Si cette désignation
est quelque peu lourde, il y a un moyen plus aisé de se souvenir de cette loi,
tout simplement en l'appelant "plus jamais
cela!". Mais l'histoire des crimes de masse a montré que quel
que soit son nom, cette convention est traitée en permanence avec mépris.
Homme
généralement calme, Cotler élève la voix involontairement, devant les
manquements outrageants constatés: "En aucune circonstance l'Onu n'a
agi pour prévenir un génocide. Nous avons eu génocide après génocide, et à
chaque fois l'Onu n'a pas agi ou a agi tardivement".
Il explique en
s'insurgeant: "Un génocide est en cours au Darfour et les médias
donnent encore le nombre de morts de 2002, soir 200 000; or 450 000 êtres
humains ont été assassinés. De même les médias parlent de 2,5 millions
personnes déplacées; or selon le coordinateur des Nations Unies pour l'aide
humanitaire, on est plus près de 4 millions. Il y a des atrocités de masse, des
viols de masse, des expulsions forcées, le bombardement et l'incendie de villages.
En
Et Cotler répète
des phrases qu'il a depuis longtemps polies: "Quand on arrive à l'Iran,
cet Etat a signé la convention "plus jamais
cela!" en 1949 et l'a ratifiée en 1956. Les propos
d'Ahmedinejad sont clairement des appels au génocide et contreviennent à la
convention signée. C'est une plaidoirie pour le plus horrible des crimes, le
génocide, insérée dans la haine la plus virulente, l'antisémitisme. Cet appel
est propulsé par une intention déclarée publiquement, celle d'acquérir des
armes nucléaires dans ce but et magnifiée par des défilés dans les rues de
Téhéran de missiles Shihab-3 drapés dans le slogan "Effacez Israël de la
carte"
Or les
remèdes sont clairs. Devant une culpabilité flagrante, le prétendu engagement
universel aux valeurs humaines et la loi offrent de nombreuses possibilités de
prévenir un génocide annoncé et de punir ceux qui le préconisent". Cotler les cite avec lassitude:
- punition par
le biais de la convention que j'appelle "plus
jamais cela!" qui autorise l'ONU à
imposer toute sanction au régime Iranien
-
débat et action personnelle initiés par le Secrétaire Général qui a l'autorité
personnelle de référer tout sujet qui menace la paix et la sécurité dans le
monde au Conseil de Sécurité
-
porter les faits devant la Cour Internationale de Justice, à l'initiative de
l'Onu ou d'un état membre, comme cela a été fait contre Israël à propos de la
Barrière de Sécurité
-
poursuites criminelles contre Ahmedinejad à la Cour Criminelle Internationale
-
placer cet homme et d'autres suspects sur une liste noire leur interdisant l'entrée
dans certains pays.
"La
route de la prévention d'un génocide en formation est largement ouverte mais où
est la volonté de la suivre?"
Cotler
visite fréquemment Israël et il est la cheville ouvrière d'un groupe,
comprenant le Pr Alan Dershowitz, qui prépare des mesures légales contre les
plans génocidaires d'Ahmedinejad. Il dit clairement que le Canada a l'intention
de mener une action: "j'ai parlé au ministre des Affaires Etrangères et
au premier ministre. Ils envisagent un des "remèdes" cités et ils le
feront"
Cotler
est en pourparlers avec des membres du Comité juridique du Sénat américain,
avec le gouvernement hongrois qui examine cette question, avec l'Argentine, qui
a récemment expédié des mandats d'arrêt contre l'ex président Hashemi
Rafsanjani et d'autres officiels Iraniens, impliqués dans les attentats contre
des bâtiments de la communauté juive de Buenos Aires en 1994.
Il a
aussi de grands espoirs de voir l'Allemagne agir seule ou à la tête de l'Union
européenne depuis le 1/1/07. Cotler a écrit au nouveau secrétaire général de
l'Onu Ban Ki Moon qui a jugé inacceptables les propos d'Ahmedinejad, le jour de
son installation.
Mais
alors qu'en est-il d'Israël, le pays le plus explicitement visé? Cotler a
rencontré des membres du gouvernement en septembre. Il soupire "j'ignore
pourquoi Israël se tient dans l'ombre et n'agit pas à travers l'un des
"remèdes" puisqu'il est directement menacé"
On
peut présumer que l'expérience des instances internationales n'encourage en
rien Israël à faire appel à elles et ce pays ne souhaite pas être à la tête
d'une telle action… mais devrait intervenir pour pousser d'autres nations à assumer
leur responsabilité. Malheureusement les nations ne reconnaissent pas, ni ne
connaissent leurs obligations.
Quand
il était ministre de la justice du Canada en 2004, Cotler rappelle "Je
peux vous affirmer que 3 ministres de la Justice du G8 n'étaient vraiment pas
au courant du génocide en cours au Darfour. Les gens vivent dans des bulles. On
doit leur apporter les faits et sonner l'alarme!"
En
Juin dernier les Iraniens envoient une délégation à la première rencontre du Conseil
pour les droits humains de l'ONU à Genève qui incluait un procureur général de
Téhéran, Saïd Mortazavi. Ce dernier était impliqué dans l'arrestation illégale,
la torture et le meurtre d'une journaliste Canadienne Zahra Kazemi. Le Canada a
demandé son arrestation. N'attendant même pas la réaction de la Suisse,
Motazavi s'est enfui de Genève. Cotler commente "Ceci vous démontre ce
qu'on peut faire s'il y a la volonté de le faire"
Par
contre, 3 mois plus tard, un homme qui entraîne manifestement des terroristes
et qui menace d'éliminer un état appartenant aux Nations Unies, Ahmedinejad, se
présente au siège de l'Onu à New York. Aucune liste noire ne l'a arrêté. Aucune
poursuite judiciaire pour ses incitations génocidaires. Il était libre de
pontifier sur la manière de "parvenir à la paix, la tranquillité et au
bien être de tous, dans un monde en proie à la domination militaire et … à la
propagation du terrorisme" devant un auditoire extasié à l'Assemblée
Générale de l'Onu, organe ostensiblement dédié à empêcher la menace de l'usage
de la force par un état contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance
politique d'un autre état. Ses hôtes n'ont rien perçu de l'ironie de la
situation, mais Ahmedinejad lui l'a probablement perçue.
La
récente et bruyante négation de l'holocauste par l'Iran a provoqué des vagues
de protestations indignées. Cotler ne s'en plaint pas. Mais quand tant de gens
s'indignent devant la négation d'un génocide passé, il se demande pourquoi on
en trouve si peu qui cherchent à prévenir un autre.
Ni
le Conseil de Sécurité ni l'Assemblée Générale de l'Onu n'ont débattu des
intentions du président Iranien de détruire l'Etat d'Israël. Ahmedinejad s'est
moqué des sanctions tardives et anémiques de l'Onu qui devaient sanctionner et
arrêter son programme nucléaire et il a bien précisé que personne n'arrêterait
ce programme. Pourquoi penserait-il différemment de la convention "plus jamais cela!" ,
devenue
un slogan vide de sens.