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LES ERREMENTS DE L’HOMME A L’ONU
Par Anne Bayefski, professeur adjoint
à la faculté de droit de l’Université de Columbia et professeur de science
politique à l’Université York de Toronto, membre de l’organe directeur de
surveillance de l’ONU « UN Watch »
Paru le 6 mai 2003 au Wall Street
Journal
Traduit de l’anglais par Albert
Soued, écrivain – www.chez.com/soued
Les relations entre les Etats-Unis et
l’ONU semblent très complexes après la débâcle du Conseil de Sécurité, aussi
bien avant qu’après la guerre d’Irak. Elles peuvent être néanmoins résumées en
un sujet central, les valeurs qu’on partage en commun.
La charte de l’ONU est ancrée dans
des principes essentiels d’égalité entre les hommes et entre les nations. La
Déclaration Universelle des Droits de l’homme énonce des normes universelles de
ces droits. Comme membre fondateur, les Etats-Unis avaient cru comprendre que
ces principes des Droits de l’Homme étaient cohérents avec les valeurs
américaines.
Le fiasco de l’ONU en Irak exige une
réponse à la question peu ambiguë « comment les organes de l’ONU ont-ils
agi contre ces principes immuables et indispensables ? » Est-il
encore vrai que les Américains puissent espérer un programme central commun ?
Avec la fin de la Commission des Droits de l’Homme, la semaine dernière, le
résultat parle de lui-même.
La Commission est le premier organe
de l’ONU responsable de la protection de ces Droits de l’Homme. La présidence
actuelle est assurée par la Libye ! Oui, la Libye ! De plus, trois
des membres sont sur la liste du Département d’Etat comme états parrainant le
terrorisme, Cuba, le Soudan et la Syrie.
Or, le 15 Avril 2003, la Commission a
adopté une résolution autorisant l’usage de tous les moyens disponibles, y
compris la lutte armée (et ceci inclut les bombes humaines homicides), comme
tactique légitime contre les Israéliens. Seuls 5 pays ont voté contre, y
compris les Etats-Unis ; la Grande Bretagne et la France se sont abstenues
et la Russie a voté pour . Depuis 30 ans, plus d’un quart des résolutions
de la Commission condamnant des violations des Droits de l’Homme concernaient
Israël. Aucune résolution n’a condamné la Chine, la Syrie ou l’Arabie Saoudite.
La session actuelle s’est terminée par le rejet d’une résolution critiquant la
situation au Zimbabwe, et par la suppression du poste de rapporteur sur les
Droits de l’Homme au Soudan, poste occupé depuis 10 ans. Et ceci en dépit un
rapport de l’ONU dénonçant la torture pratiquée au Soudan appelée
« amputation croisée » et qui consiste à amputer la main droite et le
pied gauche de toute personne ayant commis un vol à main armée ; le
rapporteur y dénonçait également de nombreux cas de femmes lapidées à mort pour
un supposé adultère.
Les réunions de la Commission sont
elles-mêmes le théâtre d’incitations à la haine et à la violence ! Lors de
la session de cette année, le ministre adjoint des Affaires étrangères dénonça
ce qu’il appelait un cercle vicieux de la violence et de l’extrémisme résultant
d’une guerre en Irak. Le représentant cubain demanda une action contre
« le cas très critique de…violations flagrantes et massives des Droits de
l’Homme et du racisme systématique dans les institutions des…Etats-Unis ».
Le délégué Algérien dit « la machine de guerre israélienne a essayé
pendant 5 décennies de parvenir à la solution finale » Le représentant
Palestinien a appelé à l’élimination du « nazisme sioniste ». Plus
généralement, l’ONU n’a pas de définition du terrorisme. Même après les
événements du 11 Septembre 2001, l’Assemblée Générale n’a pas été capable
d’adopter une convention globale contre la terreur. Les membres de
l’Organisation de la Conférence Islamique et la Ligue Arabe ont bloqué tout
consensus sur toute définition commune du terrorisme. Dans l’opinion de pays comme
l’Arabie Saoudite, exprimée lors de la même réunion de la Commission,
« nous devrions distinguer entre le phénomène du terrorisme et le droit
des peuples à l’autodétermination ». Le membre syrien au Conseil de
Sécurité a aussi empêché l’application de la résolution 1373, celle qui définit
en détail les responsabilités des états pour lutter contre la terreur.
Les Conférences Mondiales de l’ONU sont un terrain de culture de
l’intolérance. Celle de Vienne en 1993 a été un tournant, espoir déçu d’une après-guerre
froide où enfin les normes sur les Droits de l’Homme pouvaient se généraliser.
Pour la première fois l’universalité de l’ONU a été amendée par des
particularismes « nationaux et régionaux » et par des éléments historiques, culturels et religieux
particuliers. Cette situation empira avec les conférences suivantes des années
90. L’universalité pure n’est plus le cri de ralliement de l’ONU. La
dégradation des normes a atteint son sommet à la conférence mondiale de Durban
en 2001. Cette conférence qui était le rendez-vous de
l’« antiracisme » est devenue la scène de l’antisémitisme et du
dénigrement de l’Holocauste. Elle a entraîné une déclaration qui était le
reflet de ces pressions. Depuis, l’ONU a fait de Durban le modèle central de
son programme antiraciste.
Dans les programmes des Droits de
l’Homme, beaucoup ont placé leur espoir d’une ONU intègre, en des experts
indépendants et sur des organes issus de traités. Mais le système onusien a
torpillé leur indépendance. L’an dernier, la Commission elle-même a insisté
pour nommer un rapporteur spécial sur le racisme, de manière à s’assurer que
ses rapports se préoccupent en particulier de la discrimination contre les
Arabes et les Musulmans, sans tenir compte de la diffusion à travers le monde
de l’intolérance religieuse et du racisme ! En février 2003, le Comité sur
les droits de l’enfant a élu la candidate de l’Egypte, avec le plus grand
nombre de votes. Ceci malgré les appréciations suivantes de l’ONG la plus
importante en matière des droits de l’enfant : « Les ONG n’ont
pas le sentiment que cette candidate soit la plus fiable, ni la mieux informée
sur ces questions…son élection n’est due qu’à ses liens étroits et anciens avec
le gouvernement égyptien ».
Lorsqu’on en vient à la guerre contre
le terrorisme, Israël est de nouveau le canari dans les charbonnages de l’ONU
(1). Ce pays a été démonisé par l’ONU pendant des décennies sur des allégations de violation des lois humanitaires,
alors qu’il faisait face à 5 guerres successives et à d’impitoyables campagnes
de terreur. Lors de la récente guerre d’Irak, Kofi Annan, secrétaire-général de
l’ONU et Sergio Vieira de Mello, Haut Commissaire des Droits de l’Homme ont
essayé d’appliquer les mêmes méthodes de distorsion des normes internationales
aux Etats-Unis. Mr de Mello dit à la Commission : « Les intervenants
(dans un conflit) ne doivent jamais diriger leurs attaques contre des
civils…même si le but visé est militaire. Et cela est vrai même si l’ennemi
utilise des boucliers humains… La précision des armes modernes… n’est pas
fiable dans les zones urbaines de grande densité…N’attaquez pas cette cible en
particulier ».
Cette interprétation distordue de la
loi est un signe inquiétant pour le programme futur de l’ONU. Les conventions
de Genève ne disent rien de tout cela. Elles n’accordent pas l’immunité à des
cibles militaires ou à des terroristes utilisant des civils comme boucliers
humains. Elles condamnent l’usage disproportionné de la force, c’est à dire
« une attaque contre une cible militaire, qui pourrait causer des pertes
civiles incidentes excessives ». La convention est claire sur le fait que
« la présence de civils ne doit pas être utilisée pour immuniser des zones
sur le plan militaire…pour essayer de protéger d’une attaque des objectifs
militaires ».
Il est triste de constater que l’ONU
n’est pas seulement un leader incapable de promouvoir les Droits de l’Homme
mais elle est aussi une organisation xénophobe et agressive. Les Etats-Unis
contribuent à 22% du budget régulier de l’ONU. Cependant aujourd’hui l’ONU
fonctionne selon des valeurs fondamentalement opposées à celles des Etats-Unis
et à celles qui ont constitué les bases.