Le 29 Novembre 1947
Par Jean-Patrick Grumberg
Dreuz.info. le 29/11/18
Le 29 novembre 1947, les Arabes ont refusé la recommandation du
Comité spécial sur la Palestine des Nations Unies, qui par un vote majoritaire,
a approuvé la résolution 181 :
« Création d’un Etat arabe indépendant (l’ONU n’a pas employé
le terme « Etat palestinien », car le peuple palestinien
n’existait pas encore, et personne, même les pays arabes, ne demandait la
création d’un tel Etat), et d’un Etat juif indépendant, à l’ouest du fleuve
Jourdain », sur une terre conquise sur l’Empire ottoman effondré, et
administrée par la Grande-Bretagne.
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33 pays contre 13 et 10 abstentions votèrent en faveur de la
division de cette terre.
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Selon le droit international, à cette date, cette terre
n’appartenait ni à des « palestiniens », ni à des Arabes, ni aux
Juifs, contrairement à la propagande.
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Beaucoup gardent cette décision en travers de la gorge et
n’arrivent pas à la digérer. Comme ils ne peuvent pas nier sa réalité, ils
tentent de la disqualifier, et affirment que le vote majoritaire fut extirpé
grâce aux pressions des Etats-Unis. Le simple examen des pays qui ont voté leur
donne tort : beaucoup étaient
des ennemis des Etats-Unis, à commencer par l’URSS et les pays sous son
influence.
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Les pays qui ont voté pour la création d’un Etat arabe et d’un
Etat juif : Australie,
Belgique, Bolivie, Brésil, Biélorusse S.S.R., Canada, Costa Rica,
Tchécoslovaquie, Danemark, République dominicaine, Equateur, France,
Guatemala, Haïti, Islande, Liberia, Luxembourg, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande,
Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Pérou, Philippines, Pologne, Suède,
Ukraine S.S.R., Union d’Afrique du Sud, USA, URSS, Uruguay, et Vénézuéla.
Et pour achever la destruction du fallacieux argument liminaire,
se sont abstenus des alliés des Etats-Unis comme la Grande-Bretagne. Se
sont encore abstenus l’Argentine, Chili, Chine, Colombie, El Salvador,
Ethiopie, Honduras, Mexique, et la Yougoslavie. Les pays qui ont voté contre : Afghanistan, Cuba, Egypte, Grèce,
Inde, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Arabie Saoudite, Syrie,
Turquie et Yémen, sont tous des « amis éternels » d’Israël.
Les Nations arabes rejetèrent catégoriquement la résolution, car
elles refusaient d’admettre les liens entre les juifs et leur terre, niant
plusieurs millénaires d’histoire. Au lieu de cela, les Etats arabes décidèrent
d’entrer en guerre contre le nouvel Etat juif. Et ils échouèrent.
Plusieurs constats :
1. Les Arabes ont fait un choix,
celui de la confrontation et non du compromis, et ils ont perdu. Ils en paient
le prix, le même que tous les agresseurs qui ont perdu une guerre :
l’humiliation et la défaite que la propagande médiatique ne remplace pas.
2. Se dire victime d’une guerre
qu’ils ont déclenchée et perdue a solidifié au cours du temps la résilience
israélienne lors des négociations de paix.
3. Puisque c’est aujourd’hui leur
désir affirmé d’avoir un Etat, les Arabes auraient pu, à l’époque, accepter ce
partage, même s’il n’était pas alors question d’Etat palestinien mais arabe.
L’erreur de leur refus est attestée par leur demande 68 ans plus tard. On
ne le rappelle jamais assez. Ils ont perdu 68 ans de paix, et ne peuvent s’en
prendre qu’à eux-mêmes. Même s’ils accusent Israël d’en être la cause.
4. Les Juifs, à l’époque, ont accepté ce partage, ils ont accepté
la création d’un Etat arabe à côté d’eux. Le monde arabe a refusé. Les ennemis
de l’humanité ne sont pas ceux qui sont montrés du doigt.
5. Le pragmatisme juif l’a emporté sur le radicalisme musulman.
Israël a progressé, les musulmans ont stagné dans la misère.
6. L’ONU, ce jour-là, a validé la création d’un « Etat
juif ». Rappelons l’histoire : ce n’était pas un « Etat pour les juifs », un
« Etat démocratique et laïque pour les juifs », mais un
« Etat juif ». Son nom, Israël, n’existait pas encore, personne
ne savait comment cet Etat s’appellerait. Ce n’est que
le 14 mai 1948, jour de l’indépendance d’Israël que le nom
Israël a été officiellement choisi. Jusque là, il s’agissait, pour le monde,
d’un « Etat juif ». Et le monde s’offusque aujourd’hui que l’Etat
juif l’ait rappelé.
7. Ce 29 novembre, l’Assemblée générale des Nations Unies déclara
que « le peuple juif [notez : peuple juif]mérite un foyer national
et souverain sur son ancienne terre [notez : ancienne terre], et il a tous les
droits de disposer de son propre destin ». Que ceux qui
discutent de la légitimité de l’Etat juif, sans questionner la légitimité des
Etats arabes créés à la même époque, qu’ils s’éduquent et lisent les archives
de 1947.
8. Pendant l’invasion manquée, des Arabes ont fui la région.
Un corps spécial, avec des règles spéciales qui ne sont pas offertes aux autres
réfugiés a été créé pour maintenir ces réfugiés en l’état, l’UNRWA. Notons que
l’objectif de l’agence de l’ONU pour les réfugiés est de leur permettre de
retourner chez eux le plus vite possible et qu’en 65 ans, l’UNRWA n’a pas
réintégré ou recasé un seul d’entre eux, raison pour laquelle les réfugiés
palestiniens sont considérés par beaucoup comme la fabrication d’un
abcès contre Israël.
9. Les arabes qui n’ont pas choisi de fuir, et leurs descendants,
représentent les 20% de la population arabe israélienne. Ils jouissent de
droits qu’on n’offre pas aux êtres humains dans les pays arabes. Les mêmes
droits, à quelques exceptions près concernant la terre et l’immigration, que
ceux dont disposent les juifs israéliens.
10. A la même période, un autre groupe de réfugiés est apparu : ce sont les juifs chassés de leurs
terres, de leurs maisons, de leurs biens dans les pays arabes. Certains
vivaient là bien avant l’invasion arabe. On parle peu de ces 700 à 800 000
juifs : contrairement aux
réfugiés arabes parqués dans des camps dans les pays arabes voisins, ces
réfugiés juifs ont tous été accueillis à bras ouverts en Israël et
ailleurs.
11. Pendant toutes les années qui ont suivi, quand l’Egypte
contrôlait Gaza et que la Jordanie régnait sur Jérusalem Est et la Judée
Samarie, aucune nation arabe n’a envisagé de créer un Etat arabe en
Palestine, encore moins un Etat palestinien, et aucun de ceux qui se disent
aujourd’hui palestiniens ne l’ont réclamé. Ils avaient la capitale qu’ils
réclament aujourd’hui, ils avaient la terre qu’ils réclament aujourd’hui, et
pourtant aucun Etat n’a été créé.
12. C’est même l’inverse qui se produit : la Jordanie annexa la Judée Samarie
à sa terre, et l’appela Cisjordanie.
13. L’emploi du mot Cisjordanie – qui a eu une existence
légale pendant 19 ans, de 1948 date de l’invasion par la Jordanie, à 1967
date de son expulsion lors de la guerre des 6 jours, est la
preuve que cette terre a été confisquée au « peuple
palestinien » tel qu’inventé dans les années 60.
L’histoire de ces 68 années aurait pu être bien différente,
si les Arabes avaient accepté alors ce qu’ils réclament aujourd’hui.
Les nations arabes ont créé 68 années très amères pour les Arabes
de Palestine : ils sont
maintenant les occupants illégaux d’une terre qu’ils ont refusée en 1947.