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UE-ONU,
Psychanalyse d’un Déni de Réalité
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
10/02/2020
Le 28 janvier 2020, le Président américain, Donald Trump, a présenté son « Deal du siècle » visant
à régler, ce qui est couramment appelé, « le conflit israélo palestinien ».
Celui-ci préconise, notamment, l’annexion, par Israël, de la très grande majorité
des implantations juives de Cisjordanie, ainsi que celle de la vallée du Jourdain.
Ce projet a, immédiatement, provoqué l’ire internationale : rejeté par Mahmoud
Abbas, il l’a également été par l’Union Européenne qui a mis en garde Israël
de n’avoir pas « l’audace d’annexer des parties de la zone C de Cisjordanie ». En effet, pour l’UE comme
pour l’Onu, la zone C est un « territoire occupé par Israël » qui
doit être restitué aux palestiniens. Il
convient donc de s’interroger sur ce déni onusien et européen de la réalité
géopolitique, et, partant, s’il n’a pas une portée quasi psychanalytique.
La Cisjordanie a été annexée par le Royaume Hachémite,
le 24 avril 1950. Cette annexion n’a jamais été contestée. Mieux, l’Onu a
intégré la Jordanie en son sein (en 1955) avec ses nouvelles frontières
résultant de l’annexion. En septembre 1970, la Jordanie a massacré les
terroristes palestiniens (par milliers), lorsqu’ils envisageaient de renverser
le roi Hussein et de s’emparer de son trône. Pour mettre un terme à leur
capacité de nuisance, elle a même, dans l’exercice de sa souveraineté, chassé
les Fédayins et Yasser Arafat au Liban (en juillet 1971). Plus tard, lorsque la
Jordanie a renoncé à sa souveraineté sur la Cisjordanie (le 31 juillet 1988),
elle a juste conservé le contrôle de l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem
(Israël ayant marqué son accord, par crainte d’une tentative de reconstruction
du Temple par des juifs religieux, ère messianique obligeant).
Par la suite, les accords de paix d’Oslo ont divisé la
Cisjordanie en 3 zones, réservant à Israël, le contrôle sur 60% de sa surface.
Il résulte de ces
mutations géopolitiques que la Cisjordanie n’a jamais été un « territoire
palestinien », et encore moins un « territoire palestinien occupé
depuis 1967 ». La question se
pose donc de comprendre la raison pour laquelle, l’UE et l’Onu refusent
d’admettre la réalité géopolitique et comment elles sont parvenues à lui substituer une thèse
faisant d’Israël « un occupant de l’Etat de Palestine ».
Le déni de l’UE et de l’Onu (et leur enfermement
idéologique) trouve, sa source dans la période qui a suivi le désengagement
jordanien de la Cisjordanie, en juillet
1988. Compte tenu de la nature de « biens sans maître »
qu’étaient devenues les terres non annexées par Israël, Yasser Arafat s’est
empressé, le 15 novembre 1988, de
déclarer « l’indépendance de la Palestine » sur la Cisjordanie en
fixant la capitale palestinienne dans la partie orientale de la vieille ville
de Jérusalem.
Théoriquement, Il ne s’agissait que d’une déclaration
symbolique, pour plusieurs raisons : elle a été faite depuis Alger, Yasser
Arafat se trouvait en Tunisie depuis 12 ans, les palestiniens ne contrôlaient
pas le territoire (en partie désertique), bon nombre de Juifs y vivaient depuis
1967 et Jérusalem Est avait été annexée (en 1967).
Étrangement, et contre toute attente, l’Onu a, le 15 décembre 1988, adopté la
résolution 43/177 qui a « pris acte de la proclamation de l’Etat palestinien »
(par le Conseil national palestinien le 15 novembre 1988) et décidé que le terme « Palestine » devait se
substituer à celui d’Organisation de Libération de la Palestine » (sic).
C’est pourtant tardivement, en l’occurrence le 6 mai 2004, que l’Assemblée générale de l’Onu a adopté la
résolution 59/292 sur le statut « du territoire palestinien occupé depuis 1967
» y compris Jérusalem Est (c’est-à-dire le Mont du Temple). Grâce à ce texte, l’Onu s’est arrogée le droit d’invoquer ce concept (absurde) «
d’occupation israélienne de terres palestiniennes ».
Ce
positionnement onusien (en 2004) était, néanmoins, d’autant plus étrange qu’à
cette époque, Israël était sous le feu des attentats suicides commis par des
terroristes palestiniens. Le Conseil de sécurité de l’Onu avait d’ailleurs,
adopté des résolutions (1397 le 12 mars 2002, 1402 le 30 mars 2002, et 1403 le
4 avril 2002) marquant sa vive préoccupation, quant au terrorisme palestinien.
Il aura donc suffi à l’Onu, de détourner la portée de la résolution 242 (de
1967 qui concernait « l’occupation partielle de la Jordanie » en juin 1967)
pour construire sa nouvelle doxa internationale de « l’occupation israélienne
».
Ainsi, et avec sa résolution 59/292 du 6 mai 2004,
l’Assemblée générale de l’Onu a, tout bonnement, solutionné ses incapacités et
carences passées résultant :
– du refus, par les pays arabes et des arabes de
Palestine, de se conformer à la résolution
181 portant partage de la Palestine
– de son
absence de protection d’Israël (dans les années 60-70), alors que certains
de ses membres (Liban, Syrie, Egypte, Irak, Jordanie) aspiraient à sa
destruction
– de son
absence de protection des palestiniens lorsqu’ils se faisaient massacrer
par l’armée Jordanienne (en septembre 1970), suite à leur tentative avortée de
coup d’Etat.
– de la
reconnaissance de l’Olp comme représentant unique du peuple palestinien
avec les résolutions, 3210 du 14 octobre 1974, et 3226 du 22 novembre1974 (sur
la reconnaissance des « droits inaliénables des palestiniens », en l’occurrence
le droit à l’autodétermination et la possibilité d’avoir un Etat), alors que ce
mouvement s’était fixé pour objectif de détruire Israël (en violation des
principes de la Charte de l’Onu)
– du refus de
conférer aux accords d’Oslo leur portée juridique, alors qu’ils ont posé
les bases d’une organisation nouvelle de la Cisjordanie, prélude à la création
d’un Etat palestinien (jamais intervenue, compte tenu de la reprise des
attentats terroristes palestiniens). Sur ce point, la présence de Tsahal au
cheik points résulte des accords de paix israélo palestiniens, et non d’une
prétendue occupation.
– de la
reconnaissance de l’Etat de Palestine, intervenue le 29 novembre 2012, sans
affectation de territoires spécifiques
En tout état de cause, et grâce à la résolution 59/292
du 6 mai 2004, l’Onu et l’UE peuvent marteler, dès qu’elles le peuvent,
qu’Israël occupe les territoires palestiniens depuis 1967. De même, dans son
avis de juillet 2004, la CPI (née en 2002) a repris cette terminologie
(impropre), concernant la construction de la clôture de sécurité.
Ainsi, ce stratagème a permis à l’Onu de substituer au
conflit anciennement « israélo arabe », un conflit « israélo
palestinien » en invoquant la revendication par deux peuples, d’un
territoire donné, en inversant les responsabilités et en occultant les
modifications géopolitiques.
Comble de l’injustice, Israël est présenté comme une
puissance régionale, odieuse, qui opprime les pauvres palestiniens (alors que
ceux-ci ne font que poursuivre le projet arabe visant à la destruction
d’Israël, d’abord avec l’Olp, puis, désormais, avec le Hamas, le jihad
islamique… et toutes les mouvances terroristes palestiniennes…)
Si donc le plan de Trump a
peu de chance d’aboutir, il n’en est pas moins réaliste, en ce qu’il respecte
les étapes géopolitiques successives. Pour
leur part, l’UE et l’Onu sont, psychanalytiquement, dans un déni de réalité qui
les empêchera définitivement de grandir, si elles restent enfermées dans leur
projection fantasmée.