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La Myopie des Analystes du Proche-Orient
Par David Bensoussan
18/2/19
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Comment les analystes, aveuglés par leurs
lunettes anti Trump, peuvent-ils ignorer les slogans
vociférés de «Mort à l’Amérique» qui se perpétuent en Iran?
Les Iraniens brûlent les drapeaux américains
lors d’une cérémonie marquant le 40e anniversaire de la révolution islamique à
Téhéran (Iran), le 11 février 2019.
L'avantage de la mondialisation est de pouvoir
faire rapidement le tour des médias internationaux. Depuis que le président
américain Trump a décidé de se retirer de l'accord
des grandes puissances (accord des 5+1) avec l'Iran au sujet du gel des
développements nucléaires iraniens pour une durée de 10 ans, les analystes
européens rivalisent d'acrobaties dans le but de trouver des moyens de
contourner l'embargo américain. Ce faisant, ils ne tiennent pas compte de
factualités essentielles.
À commencer par le fait que l'Iran n'a jamais
signé l'accord, voulant en faire un accord de principe seulement.
Par ailleurs, il est de bon ton de fustiger le
président américain et la puissance du dollar américain: le président Trump est provocateur et agit de façon contraire à toutes
les normes de la diplomatie. Sa personnalité déroutante en fait la cible de
choix des médias. Soit. Quant au dollar américain, il faut retenir que 85% des
transferts bancaires internationaux (SWIFT) se font en dollars US et qu'il ne
sera guère facile de passer outre cette réalité dans un avenir proche.
Le thème récurrent des analystes est le souhait
d'intégrer l'Iran au sein des nations et de lui donner la place qui lui revient
au Moyen-Orient; que l'on ne peut envisager un Moyen-Orient pacifié et coupé de
l'Iran. Ce disant, les analystes effacent d'un trait de plume les horreurs
commises par les milices chiites en Syrie et en Irak et que l'Iran cautionne.
Justement, l'objectif premier d'Obama était de ramener l'Iran dans le concert des nations.
Il a libéré 120 milliards de fonds iraniens et mis fin à une grande partie de
l'embargo décrété par les Nations Unies, l'Union européenne et les États-Unis
au cours des dernières décennies. Les industriels européens de tout bord ont
accouru pour prendre une partie du marché iranien.
En raison du rétablissement de l'embargo
américain contre l'Iran, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont mis sur
pied un marché de troc peu convaincant, l'INSTEX (Instrument in Support Of
Trade Exchange) pour contourner partiellement l'embargo américain sur le
commerce avec l'Iran. En même temps, l'Union européenne a rétabli d'autres sanctions
contre l'Iran en raison des attentats terroristes perpétrés en Hollande et
d'autres déjoués en dernière minute en France, tout en exigeant l'arrêt du
programme balistique iranien. En parallèle, une conférence regroupant des
représentants de 65 pays à Varsovie vise à augmenter la pression internationale
sur l'Iran.
L'Iran vit une situation difficile: en raison de
la sécheresse, près de 70% des terres arables risquent d'être abandonnées. Le
taux d'inflation a augmenté de 40% l'an passé. Le pétrole rapporte 80% des
entrées en devises. Mais 80% de l'économie est entre les mains du secteur
public et parapublic lesquels connaissent une corruption élevée qui enrichit un
segment infime de la population. C'est ainsi qu'une partie substantielle du
budget iranien échappe au gouvernement, accentuant la paupérisation de la
grande majorité de la population. Néanmoins, le gouvernement iranien a
multiplié par trois le financement des écoles théologiques et augmenté
considérablement son budget militaire.
Or, l'Iran continue ses politiques de faits
accomplis militaires et démographiques en Syrie, à déstabiliser le Yémen et à
développer des missiles balistiques (en 2015, le conseil de sécurité a invité
l'Iran à s'abstenir de poursuivre le développement de missiles susceptibles
d'être armés d'ogives nucléaires, mais ne l'a pas interdit explicitement). En
fournissant des armes et des missiles de longue portée aux Houtis
du Yémen, l'Iran savait pertinemment que ces missiles qui visent l'Arabie
allaient envenimer encore plus le conflit. Il n'en demeure pas moins que pour
la plupart des analystes, la situation désastreuse au Yémen est imputable à la
coalition formée par l'Arabie.
Gaza est armé par l'Iran de missiles et de
roquettes qui visent indistinctement les populations civiles israéliennes,
quitte à perpétuer un état de belligérance qui va à l'encontre du bien-être des
Gazaouis.
Les analystes taisent l'existence de plus de 120
000 missiles au Liban confiés non pas au gouvernement libanais, mais à la
milice chiite du Hezbollah. L'on sait que par le passé, des missiles ont été
tirés aveuglément sur des centres urbains israéliens par le Hezbollah. Nul
doute que si un prochain conflit venait à se déclencher, les pertes humaines et
matérielles seraient autrement plus graves que celles
qui ont prévalu par le passé et Israël n'aura le choix que d'une riposte encore
plus dévastatrice.
Que l'on ne se trompe pas: les missiles en
parade à Téhéran portent les inscriptions «Mort à Israël» et «Israël sera
effacé de la carte.» Cela n'est rien d'autre qu'un appel à une guerre
génocidaire.
Ce silence volontaire des analystes contraste
avec leur mise en valeur de l'Iran aux prises avec les sanctions américaines,
l'Iran en tant que puissance raisonnable et martyrisée du Moyen-Orient, l'Iran
héritière de l'illustre civilisation persane... omettant que ce pays est jugulé
par le pouvoir des mullahs et des Gardiens de la révolution.
Comment les analystes, aveuglés par leurs
lunettes anti Trump, peuvent-ils ignorer les slogans
vociférés de «Mort à l'Amérique» qui se perpétuent malgré la levée des
sanctions en 2015?
Faut-il voir dans le silence des analystes
qu'une manipulation pavlovisante de l'opinion?
Des silences volontaires qui n'attendent que le
prochain conflit pour déclencher une attaque médiatique en règle contre Israël?