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LE NOUVEAU PRÉSIDENT FANTOCHE D'IRAN
Par Banafsheh Zand-Bonazzi, journaliste iranien
Paru dans www.FrontPageMagazine.com
du 27 juin 2005
Traduit par Artus pour www.nuitdorient.com
Un fondamentaliste dur, Mahmoud Ahmadinejad, a déferlé vers
le pouvoir en Iran, écrasant son adversaire le soit-disant modéré Akhbar
Hashemi Rafsanjani, lors du 2ème tour des élections présidentielles.
Le régime iranien a admis que moins de 7 millions de
votants se sont présentés aux urnes lors de ce 2ème vote. Ce n'est
pas une surprise vu que le régime des mollahs ne bénéficie pas du support
populaire. En fait il survit par des méthodes barbares et il continue à
trafiquer les chiffres pour se maintenir. Alors que les Iraniens ont compris
cela depuis belle lurette, les médias occidentaux continuent d'accepter les
mensonges concoctés par les mollahs en Iran.
Les détails de ces élections offrent une image déprimante
de la situation, des despotes régnant sur le peuple iranien et le menant on ne
sait où. Des photos prises à travers le pays et envoyées sur le net dans divers
sites et blogs montrent que la plupart des bureaux de vote étaient vides et que
30%des gens qui se sont présentés pour voter, généralement obligés de le faire
parce qu'ayant subi un chantage, ont voté "blanc", pour protester
contre le régime. Les méthodes d'intimidation étaient générales. La Gestapo
iranienne a menacé de sévir quant à la situation des fonctionnaires, aux retraites
des vieux et à la possibilité de s'inscrire à l'université des étudiants.
Intimidés à la pointe du fusil, les gens pauvres et les paysans ont été amenés
vers les bureaux de vote de force. On a même fait voter les morts.
Les journalistes indépendants n'étaient pas autorisés à
prendre des photos de bureaux de vote vides tels que Hosseiniyeh Ershad, au
nord de Téhéran, et la presse internationale --toujours prompte à déformer la
réalité pour plaire au régime -- a été
dirigée vers les bureaux de poste où on a réussi à traîner des votants par
force.
Ce qui est sûr c'est qu'au moins 90% de la population
urbaine du pays (environ 43 millions sur 72) est restée à la maison et n'a même
pas essayé de s'aventurer dans la rue, encore moins pour voter. La plupart des
votes viennent des zones rurales où Ahmadinejad s'était attardé, trompant des
gens innocents par les mêmes promesses vides que celles de Khomeini, aux
premiers jours de la révolution.
Le groupe terroriste Ansar-el H'izbollah qui a soutenu Ahmadinejad
de tout son cœur a clamé que la victoire était celle de la "sensibilité
Basiji", les basijis étant des cadets dévoués, "Gardiens de la révolution",
qui travaillent comme des "vigiles" dans la rue, cherchant tout
contrevenant, notamment vestimentaire, à la loi islamique. En fait, Gardien
de la Révolution, Ahmadinejad est un assassin réputé de nombreux dissidents
iraniens qui vivaient en Europe et il a un casier judiciaire ouvert en Autriche
pour avoir personnellement tué le 13 juillet 1989, à Vienne un responsable
de l'opposition kurde, Dr Abdul-Rahman Ghassemlou et deux de ses collègues.
Il a aussi dirigé l'escouade directement responsable de l'exécution de la
"fatwa" sur la personne de Salman Roushdi. Et enfin il s'est surtout
distingué comme preneur d'otages à l'ambassade américaine et il est connu
aussi pour avoir poussé avec véhémence à envahir l'ambassade soviétique à
Téhéran.
Devenus célèbres dans le monde pour abuser des SMS, les
jeunes Iraniens ont commencé à appeler Ahmadinejad "le chimpanzé du Chef
Suprême" (rappelons que le régime a banni les SMS pendant la période des
élections).
Ce qui ressort avec clarté de cette élection est la crise
intérieure du régime lui-même. Humilié, Rafsanjani est sorti de cette élection
comme un perdant sur la scène politique, concédant sa défaite avec amertume et
promettant une "vengeance divine" contre ceux qui ont truqué cette
élection. Aujourd'hui le Guide Suprême Ayatollah Seyed Ali Khamenei est
totalement en charge, dirigeant le pays avec un pouvoir absolu. Il avait décidé
qu'il ne pouvait tolérer aucune forme de compromis vis à vis de ceux qui
étaient considérés comme des modérés ou des "pragmatiques".
Ainsi l'Iran se dirige vers un choc avec l'Occident. Aussi
bien Khamenei que son porte parole Ahmadinejad ont tous les deux répétés qu'ils
allaient reprendre l'enrichissement de l'uranium, quelle que soit la réaction
de l'Europe. Cette élection envoie deux messages forts au monde. Le premier
vient du peuple iranien dont l'abstention flagrante au second tour montre une
profonde animosité à l'égard de ce régime. Le second message vient du Guide
Suprême Khamenei qui appelle clairement à une confrontation fatidique avec
l'Occident, une espèce de "OK Corral" qui pourrait advenir dans les
prochains mois (1).
En dernier ressort, cette élection du président Iranien
représente finalement une défaite honteuse de l'Europe et de ses épouvantables
tentatives de ce qu'elle appelle "diplomatie". Les "3"
(Allemagne, France et Grande Bretagne) espéraient trouver un interlocuteur
pragmatique avec qui poursuivre une négociation sans fin. Dans ce but, ils ont
demandé à Mme Condoleeza Rice de différer une attitude plus musclée à l'égard
des mollahs (2). La marge de manoeuvre diplomatique a totalement disparu avec
la victoire de Ahmadinejad. Les mollahs ont fait échec aux désirs européens,
comme l'a déclaré samedi Ahmadinejad, en se moquant.
Le peuple d'Iran pourrait avoir maintenant l'occasion d'en
finir avec les mollahs et leur chimpanzé, de la manière qui sied bien aux
Saddam Hussein ou aux Milosevic de ce monde.
Notes de la traduction
(1) Voilà ce qu'a déclaré déjà Ahmadinejad à propos
d'Israël: "l'existence d'Israël est illégale et source de l'instabilité au Moyen
Orient''
(2) Les premières sanctions concernent le boycott de toute
entreprise ou banque qui traiterait d'une manière ou une autre avec un certain
nombre de sociétés nommément désignées(on parle de 8 sociétés d'Iran, Syrie et
Corée du Nord), engagées dans les armes de destruction massive. On connaîtra
les limites de la patience américaine vis à vis de la nucléarisation de l'Iran
à la rentrée.