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L'IRAN ET LA DIPLOMATIE
Résultats de la stratégie de négociation
Éditorial de l'Opinion Journal (issu du Wall Street Journal) du 22 août 2005
Traduit par Artus pour www.nuitdorient.com
Voilà deux années déjà que l'administration Bush s'est mise en retrait volontairement pour laisser à la diplomatie européenne les chances d'inciter l'Iran à abandonner son programme d'armement nucléaire. Lors de ces dernières semaines, tout le monde a vu les résultats de cet effacement qui n'a rien d'une attitude de cow-boy.
Le nouveau président Iranien a lancé un appel à "une vague de révolution islamique".
Il faut rappeler ici que ce nouveau chef d'Etat dirigeait il y a quelques années des bandes de voyous qui harcelaient ceux qui manifestaient contre le gouvernement. Son ascension fulgurante n'est due qu'au Suprême Guide l'Ayatollah Khamenei qui a empêché un millier de candidats réformateurs de se présenter aux récentes élections au parlement.
La semaine dernière, la police iranienne a ouvert le feu sur une manifestation pacifique de kurdes iraniens dans la ville de Mahabad, tuant 4 manifestants. Pendant ce temps le journaliste dissident Akhbar Ganji entamait son 75ème jour de grève de la faim en prison; aujourd'hui ses procureurs menacent sa famille.
Sur le plan nucléaire, Téhéran a repris le processus
d'enrichissement de l'uranium commencé plus tôt au site d'Ispahan. L'Iran a
aussi dénoncé l'offre inacceptable de l'Europe de lui fournir la sécurité et
des avantages économiques contre l'abandon du programme nucléaire pouvant mener
à la bombe. Memri (1) a traduit les propos à la télévision du principal
négociateur Iranien, Hosein Mousavian: "Grâce
aux négociations avec l'Europe, nous avons gagné une autre année, pendant
laquelle nous avons terminé le site d'Ispahan: l'Iran a suspendu son programme
d'enrichissement à Ispahan en octobre 2004, bien qu'on nous ait demandé de le
faire en octobre 2003… aujourd'hui nous sommes en position de force. Nous avons
un stock de produits, car pendant ce laps de temps d'un an nous avons réussi à
convertir 36 tonnes de matière fissile
en gaz et nous les avons stockés"
Et puis il y a l'aide apportée aux terroristes d'Irak. Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a publiquement accusé l'Iran d'autoriser le transfert d'armes sur sa frontière occidentale et l'armée américaine a saisi des explosifs destinés aux actes de terrorisme et fabriqués par les Iraniens. Bien qu'il ne soit pas un grand ami de l'intervention en Irak, Times Magazine a récemment publié un rapport intitulé "À l'intérieur de la guerre secrète de l'Iran en Irak". Ce rapport est important car ceux qui ont tendance à courtiser les mollahs prétendent qu'une ligne plus dure à l'égard de l'Iran pourrait entraîner l'Iran à se mêler de l'Irak. Or l'Iran est déjà en Irak et y tue nos soldats.
Les Iraniens eux-mêmes admettent aujourd'hui que tout cela n'est pas le fruit du hasard mais un effort calculé pour exploiter ce que les mollahs appellent "la faiblesse Américaine et le manque de volonté de l'Europe". L'opposition Iranienne a réussi à obtenir un document officiel interne qui dit que "le processus de négociation a permis de mettre fin à la pression économique sur notre pays qui sévissait avant l'accord d'octobre 2003…. Avec les Américains profondément enlisés dans le bourbier Irakien, les Européens savent qu'ils ne peuvent que se soumettre à nos justes revendications!"
Et pourquoi les mollahs ne devraient-ils pas croire cela, puisque la réaction de l'Europe à la déclaration du Président G W Bush "Toutes les options sont sur la table" à propos des ambitions nucléaires iraniennes, est résumée par la réponse du Chancelier Gerhard Schröder "Nous avons vu que l'usage de la force ne menait nulle part", se référant à l'intervention en Irak (2).
Personne ne peut dire qu'une attitude dure à l'égard de l'Iran serait inspirée par les va-t-en-guerre, car l'Iran fait partie depuis 2002 de l'"axe du Mal". Mais GW Bush a adouci sa rhétorique au point qu'on n'entend plus maintenant qu'un chuchotement. L'Administration américaine a accepté la médiation de l'Europe en Octobre 2003, et encore en 2004 après que l'Iran eut trompé tout le monde en enrichissant secrètement son uranium. Et les Etats-Unis ont encore accepté une autre tentative au début de cette année, offrant même à l'Iran d'adhérer à l'Organisation Mondiale du Commerce.
La réponse de Téhéran à ces avances sont maintenant connues.
Peut-être qu'il est temps de changer de stratégie. Nous ne parlons pas ici de sanctions économiques via le Conseil de sécurité de l'Onu, car la Chine et la Russie n'accepteraient pas de voter des sanctions, et même si elles le faisaient, l'Iran n'en aurait cure au prix du baril de pétrole de 67 $.
Laissant de côté l'option militaire, sans toutefois l'écarter, il faut savoir que le régime Iranien est vulnérable non seulement aux pressions diplomatiques extérieures, mais aussi aux pressions démocratiques de l'intérieur. L'administration Bush n'a pas assez prêté attention aux groupes Iraniens favorables à la démocratie et n'a fait aucun effort pour interdire aux délégations iraniennes de participer aux forums prestigieux internationaux et aux événements culturels ou sportifs. Patrick Clawson de l'Institut politique au Moyen Orient (Washington) suggère ainsi pour commencer d'interdire à l'équipe iranienne de football de participer à la Coupe Mondiale.
Peut-être que pour le Chancelier Schröder c'est exagéré, mais cela serait le début d'une attitude politique sérieuse à l'égard de l'Iran.
(1) Memri est un organisme Israélien qui traduit les médias du Moyen Orient dans diverses langues, www.memri.org
(2) Saddam Hussein pourrait de sa cellule dire le contraire.
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