www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
L'IRAN, "GRAND
FRERE" DU HEZBOLLAH
Par Katherine
Shrader
Paru dans le Nouvel Observateur du 27 juillet 2006
Entraînement
militaire, armes, financement... dans son combat contre Israël, le Hezbollah
peut compter sur le soutien de la Syrie et plus encore de l'Iran, qui ne fait
pas mystère de son appui à la guérilla chiite libanaise, créée en 1982 avec son
aide.
Selon le député américain Mike Rogers, la Syrie entretient un réseau d'un
millier d'informateurs au Liban, qui aident le Hezbollah militairement. Pour un
pays de 10.000km2, "c'est énorme",
souligne le parlementaire, membre de la commission de la chambre des
représentants sur le renseignement.
De son côté, l'Iran fournirait des instructeurs militaires au Hezbollah en
coordination avec Damas, selon Anthony Cordesman, du Centre d'études
stratégiques et internationales (CSIS), basé à Washington.
"La relation entre le Hezbollah et l'Iran est comparable à celle qui
lie étroitement Israël et les Etats-Unis", explique Mashaallah
Shamsolvaezin, directeur d'un groupe d'études politiques à Téhéran. "L'Iran
est le grand frère du Hezbollah"
La guérilla chiite a pignon sur rue à Téhéran: elle possède un bureau sur le
principal boulevard de la ville. Son emblème au poing et au fusil évoque celui
des Gardiens de la Révolution en Iran.
Auparavant, on pouvait voir de nombreux Iraniens opérant dans des camps
d'entraînement de la plaine de la Bekaa (Est du Liban) avec la bénédiction de
Damas, selon M. Cordesman. Aujourd'hui, les troupes syriennes ont quitté le
Liban et "ces personnes sont moins visibles", ajoute-t-il.
Certains voient la main de l'Iran derrière la crise actuelle, bien que Téhéran
nie toute responsabilité. "Le Hezbollah n'aurait pas eu l'audace de
semer la mort et la destruction sans l'accord, sinon les instructions, de
Téhéran", affirme Larry Haas, de l'Institut de politique publique de
Georgetown, à Washington.
Des observateurs
se demandent si l'Iran ne tente pas de prendre la place de la Syrie au Liban et
s'il n'a pas utilisé le Parti de Dieu pour détourner l'attention de ses
activités nucléaires controversées lors du récent sommet du G-8 à
Saint-Pétersbourg. "Cette crise a fait oublier au monde, au moins pour
le moment, les activités nucléaires iraniennes", reconnaît Saïd
Leilaz, expert iranien basé à Téhéran.
Le régime islamique verserait chaque mois au Hezbollah entre 10 et 20 millions
de dollars et lui fournit également des armes et de l'aide. Selon son chef,
Cheikh Hassan Nasrallah, la guérilla posséderait 12.000 roquettes, mais les
experts avancent plutôt le chiffre de 10.000. D'après eux, l'arsenal de la
guérilla comprend des roquettes de fabrication iranienne dont la portée
pourrait atteindre
Israël accuse le Hezbollah, qui l'a combattu au Liban-Sud pendant 18 ans
jusqu'au retrait de 2000, de détenir des armes beaucoup plus performantes.
Selon des responsables israéliens, un navire de Tsahal a été touché vendredi
par un missile de croisière C-802, de conception iranienne, d'une portée
maximale de
Les experts occidentaux ont du mal à déterminer comment le Hezbollah obtient et
utilise ses fonds. On estime qu'il bénéficie d'un soutien financier important
de l'Iran et plus limité de la Syrie.
Selon un
responsable du renseignement américain, la guérilla chiite, qui compte onze
députés au Parlement et deux ministres au gouvernement libanais, a accès à
plusieurs centaines de millions de dollars chaque année, dont une grande partie
est reversée à ses oeuvres caritatives au Liban-Sud, où elle gère notamment des
écoles et des hôpitaux.
Mais ces fonds pourraient être facilement réorientés vers des opérations
terroristes ou militaires. Le Hezbollah a également été lié à toutes sortes
d'activités criminelles comme le trafic de drogue, la contrefaçon de
médicaments et même la revente d'aliments volés pour bébé.