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L'AYATOLLAH DE LA GUERRE
Par Patrick Poole, auteur et chercheur dans le
domaine politique, expose ses idées dans un blog "Existential Space"
Paru dans www.FrontPageMagazine.com le 11 décembre 2006
Traduit par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com
L'affrontement entre factions iraniennes pour le
contrôle de la République Islamique se durcit au fur et à mesure qu'on se
rapproche du 15 décembre, date à laquelle sera élue l'Assemblée des Experts,
l'organe politique suprême. Cette élection est un sujet de discorde en Iran,
car "les traditionnalistes" ont déjà invalidé de nombreux candidats,
issus à la fois d'un parti relativement modéré, mené par l'ex-président Hashemi Rafsanjani et d'un parti extrémiste en plein essor mené par le mentor
spirituel de l'actuel président Ahmedinejad, l'Ayatollah Mohammad Taghi
Mesbah-Yazdi.
Mais selon un rapport de Michael Ledeen, la
prochaine élection prend une tournure importante du fait que le Guide Suprême
l'Ayatollah Ali
Khamenei est gravement malade, proche de la mort. Dans
ces circonstances, l'Assemblée des Experts doit choisir un nouveau Guide pour
la République Islamique. Ces dernières semaines, Meszbah-Yazdi et Ahmedinejad
ont travaillé d'arrache-pied pour s'assurer des alliances avec des candidats
indépendants à l'Assemblée des Experts et amener Yazdi au poste suprême.
Si
Yazdi réussit à devenir le Guide Suprême de l'Iran, cela signifiera une
orientation radicale aussi bien dans les affaires intérieures qu'extérieures du
pays, notamment dans l'attitude à l'égard de l'Occident et dans le soutien et
le renforcement de la politique nucléaire de l'actuel président Ahmedinejad.
Timothy Furnish, professeur d'histoire du Moyen Orient au Collège Perimeter
de Géorgie, auteur de Holiest Wars: Islamic Mahdis, their Jihads
and Osama bin Laden
et éditeur du site www.Mahdiwatch.org m'a confié hier
que les conséquences d'un tel scénario pourraient être encore plus
catastrophiques, car il annoncerait une guerre inévitable avec l'Iran. La prise
du pouvoir total en Iran par le duo Yazdi-Ahmedinejad
entraînerait
un conflit avec Israël et/ou les Etats-Unis pour deux raisons.
Le
point de vue géopolitique du duo Yazdi-Ahmedinejad prévoit "une première
frappe nucléaire" et fait de lui le meilleur combattant du jihad en Islam.
Ensuite sa ferveur religieuse rappelle les exemples de mouvements mahdistes qui
on baigné dans le sang, celui de Ibn Tumart, au 12ème s au Maroc et
Mohamed Ahmad au 19ème s au Soudan (1).
Comme
je l'ai déjà dit dans un article du mois d'août, Ahmadinejad’s
Apocalyptic Faith, la base de l'enseignement des
centres Yazdi-Ahmedinejad à travers le monde est la croyance dans un imminent retour
du 12ème Imam de la Shiah, principal credo de la secte Hojjatieh. Il
faudrait que les dirigeants occidentaux s'en inquiètent et en tiennent grand
compte dans leur stratégie.
Ancrée dans l'idéologie Shiite du martyr et de
la violence, la secte Hojjatieh allie les éléments messianiques et apocalyptiques à une
théologie déjà explosive. Ils croient que le chaos et le bain de sang doivent
précéder le retour du 12ème Imam, appelé le mahdi. Mais à la
différence de l'apocalypse évangélique où le retour de Jésus est précédé par
une vague de désastres naturels annoncés par Dieu, la réapparition du Mahdi se
fait dans un chaos créé par l'homme. La foi Hojjatieh crée une tension
énorme dans l'être humain qui se substitue à Dieu pour créer des événements
supranaturels, pour inciter le Mahdi à réapparaître, pour fonder un
gouvernement mondial musulman et détruire les autres religions existantes.
Dans
l'éventualité où le duo Yazdi-Ahmedinejad peut recueillir assez de voix pour
assurer le choix de Yazdi comme Guide Suprême, le pouvoir des mollahs va se
renforcer et se durcir plus que jamais sur le plan intérieur. Sous Ali
Khamenei, un certain pouvoir avait été cédé à des niveaux inférieurs, mais le
duo Yazdi-Ahmedinejad a clairement fait savoir qu'il détestait la démocratie et
qu'il fallait revenir sur les libertés accordées précédemment.
Il
est évident qu'une lutte intestine est en cours entre les 3 factions, les
traditionnalistes radicaux de la tendance Khamenei, la faction réformiste de
Rafsanjani et la faction "mahdiste" du duo Yazdi-Ahmedinejad.
Le
mois dernier, les traditionnalistes ont essayé de tourner à leur avantage
l'élection du 15 décembre, en décrétant invalides 350 candidatures, laissant
seulement 144 candidats pour 86 sièges dans l'Assemblée. La majorité des
invalidés appartiennent aux 2 factions adverses, y compris Ali-Mesbah le fils
de Yazdi. Mais l'organisation politique créée en octobre pour promouvoir les
candidats mahdistes (élite des séminaires et des universités) a mis le paquet
pour convaincre les candidats indépendants acceptés de soutenir Yazid à la mort
de Khamenei.
Les 3
factions en lice en Iran sont en conflit dans d'autres domaines également.
L'Assemblée Nationale a réussi à réduire le mandat d'Ahmedinejad de 1 an,
victoire de la faction "réformiste" de Rafsanjani. De même, gênés par
l'attitude va-t-en guerre d'Ahmedinejad contre les Etats-Unis et Israël, les
traditionnalistes de Khamenei ont vivement critiqué la présence d'Ahmedinejad à
une séance de danse du ventre, lors des jeux asiatiques de Qatar. La montée en
puissance des mahdistes au sein du gouvernement iranien inquiète les 2 autres
factions politiques. Rappelons que l'élection comme président du maire de
Téhéran l'an dernier a été précédée d'une "fatwa" en sa faveur par Yazid,
ce qui a surpris l'élite dirigeante; comme les surprend la popularité
croissante des mahdistes.
Et
si Yazid est choisi comme Guide Suprême, nous nous dirigeons vers un régime
totalitaire encore plus néfaste. Attention à l'élection du 15 décembre.
Note
de la traduction
(1) voir le
livre d'Albert Soued, "la Révolution des Messies" paru chez
l'Harmattan.
et www.chez.com/soued/messie3.html
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