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LES JETS ISRAELIENS PEUVENT-ILS DETRUIRE LES INSTALLATIONS NUCLEAIRES IRANIENNES?
Par Daniel Pipes
http://www.danielpipes.org/article/4634
Traduction française : Alain Jean-Mairet
Pour
prévenir une «évolution catastrophique», indique Middle East Newsline, George Bush a décidé de ne pas
attaquer l'Iran. Une source de l'administration explique que pour Washington,
une coopération avec l'Iran est «nécessaire au retrait [des forces américaines]
en Irak».
Si
l'information est exacte, elle implique que l'État juif est maintenant seul
contre un régime qui menace de «rayer Israël de la carte» et qui
construit les armes nucléaires pour le faire. Les leaders israéliens signalent
que leur patience est à bout; le vice-Premier ministre Shaul Mofaz
avertissait ainsi récemment que «les efforts diplomatiques doivent donner des
résultats d'ici la fin de 2007».
Les
Forces de défense israéliennes (FDI) sont-elles capables de stopper le
programme nucléaire iranien?
La
réponse à de telles questions est en principe fournie par les analyses top
secrètes des agences de renseignement. Mais des outsiders de talent peuvent
aussi s'y essayer en recourant à des sources publiques. Whitney Raas et Austin
Long ont étudié cette problématique au Massachusetts Institute of Technology
(MIT) et ont publié leur impressionnante analyse, « Osirak Redux?
Assessing Israeli Capabilities to Destroy Iranian Nuclear Facilities»
(Réédition d'Osirak? Évaluation des capacités d'Israël de détruire les
équipements nucléaires iraniens), dans le journal International Security.
Raas
& Long se concentrent exclusivement sur la faisabilité et n'abordent pas
les questions d'opportunité politique ou d'incidences stratégiques: si le
commandement central israélien décidait d'endommager les infrastructures
iraniennes, ses forces armées seraient-elles en mesure de remplir cette
mission? Les auteurs examinent les cinq éléments suivants d'un raid réussi:
Renseignements. Entraver la production de matériel
fissile implique la mise hors d'état de trois installations seulement de
l'infrastructure nucléaire iranienne. Ce sont, dans l'ordre d'importance
croissant, l'usine de production d'eau lourde et les réacteurs de production de
plutonium en construction à Arak, une usine de conversion d'uranium à Ispahan
et une usine d'enrichissement d'uranium à Natanz. Les auteurs relèvent que
la destruction des installations de Natanz «est cruciale pour empêcher l'Iran
de progresser vers la nucléarisation».
Armement. Pour avoir de bonnes chances d'endommager
suffisamment les trois installations, il faut – compte tenu de leur taille, du
fait qu'elles sont enterrées, des armes à disposition des forces israéliennes
et de différents autres facteurs – 24 bombes de
Plateforme. Observant l'«étrange amalgame de technologies»
dont disposent les Iraniens et les limitations de leur aviation de chasse et de
leur défense au sol face aux équipements high-tech de l'armée de l'air
israélienne, Raas & Long estiment que les FDI doivent engager une force
relativement modeste de 25 F-15I et 25 F-16I.
Itinéraires. Les jets israéliens peuvent atteindre leurs
cibles par trois itinéraires:
Forces de défense. Plutôt que de prédire
l'issue d'une confrontation entre Israël et l'Iran, les auteurs calculent le
nombre d'avions, sur les 50 engagés, qui devraient atteindre leurs cibles pour
que l'opération réussisse. Ils estiment ainsi qu'au moins 24 avions doivent
atteindre Natanz, six Ispahan et cinq Arak ou les 35 ensemble. En d'autres
termes, la défense iranienne doit stopper au moins 16 des 50 avions, soit un
tiers de l'escadre aérienne. Les auteurs considèrent qu'un tel résultat serait
«considérable» pour Natanz et «pratiquement inimaginable» pour les deux autres
cibles.
Dans
l'ensemble, Raas & Long estiment que la modernisation constante des forces
aériennes israéliennes leur donne «la capacité de détruire des cibles
iraniennes même bien protégées avec des chances raisonnables de succès». Au
terme d'une comparaison entre une opération en Iran et l'attaque par Israël du
réacteur irakien d'Osirak en 1981, laquelle s'est soldée par une réussite
complète, ils concluent que le projet iranien «ne semble pas présenter plus de
risques» que le raid de 1981.
Le
grand point d'interrogation planant sur l'opération et au sujet
duquel les auteurs renoncent à émettre des spéculations, est de savoir si
les gouvernements turc, jordanien, américain ou saoudien permettraient aux
Israéliens de pénétrer leur espace aérien (l'espace irakien étant sous contrôle
américain). À moins que les Israéliens n'obtiennent d'avance la permission de
traverser ces territoires, leurs jets pourraient avoir à mener des combats en
cours de route. Ce facteur est le plus périlleux de l'ensemble du projet (les
FDI pourraient atténuer ce problème en volant le long des frontières, par
exemple celle séparant
Raas
& Long laissent entendre mais ne mentionnent pas que les FDI pourraient
aussi atteindre l'île de Kharg, par laquelle est exporté plus de 90% du
pétrole iranien, ce qui porterait un coup sévère à l'économie iranienne.
Le
fait que les forces israéliennes aient «une chance raisonnable de réussir» à
détruire unilatéralement les principales installations nucléaires iraniennes
pourrait contribuer à décourager Téhéran de poursuivre son programme
d'armement. L'étude de Raas & Long favorise donc une issue diplomatique. Ses résultats méritent une diffusion aussi large que
possible