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"Nous marchons sur des charbons ardents; l’Europe
et les Etats-Unis devraient se faire à l’idée d’un Iran nucléaire"
dit
Sirus Nasseri, responsable de l’équipe iranienne de négociation pour les
affaires nucléaires:
Par
Traduit
et édité par Memri N° 218 - Avril 11, 2005
A
l’issue des trois premiers mois de négociations prévus par l’Accord de Paris de
novembre 2004, accord signé par l’Iran et l’Europe des Trois (la France, la
Grande-Bretagne et l’Allemagne), un comité de pilotage composé des
représentants de toutes les parties s’est réuni pour dresser en commun un bilan
de la situation. Il a été convenu que les négociations se poursuivraient et que
l’Iran maintiendrait la suspension de ses activités d’enrichissement d’uranium.
Parallèlement, les commandants des Gardiens de la Révolution et des forces
armées ont annoncé qu’ils étaient prêts à une éventuelle attaque militaire.
Pour
consulter l’enquête intégrale de MEMRI en anglais, suivez le lien http://memri.org/bin/latestnews.cgi?ID=IA21805
Les
médias internationaux ont dernièrement rapporté un changement de politique des
Etats-Unis vis-à-vis de l’Iran : les Etats-Unis se sont déclarés prêts à lever
le veto sur la candidature de l’Iran à l’Organisation mondiale du commerce et à
permettre à l’Iran d’acquérir des pièces à l’usage d’avions civils, en échange
d’une coopération iranienne sur la question nucléaire, ceci afin d’obtenir la
cessation complète des activités iraniennes liées à l’enrichissement d’uranium.
Il convient toutefois de noter que le jour précédant ce « changement » de
politique, le président George W. Bush a décidé du maintien, pour une année
supplémentaire, des sanctions imposées à l’Iran.
L’Iran
a rejeté l’offre américaine, qualifiée de « ridicule ». Les porte-parole
iraniens ont estimé que l’Iran, en tant qu’Etat souverain, conservait le droit
d’enrichir de l’uranium et de développer de l’énergie nucléaire, soulignant que
ce droit n’était pas négociable.
Les
négociations en cours entre l’Iran et l’Europe des Trois se trouvent actuellement
dans une impasse. L’Europe des Trois a, selon les rapports, exigé que l’Iran
suspende définitivement ses activités d’enrichissement d’uranium, ce que l’Iran
refuse de faire, en tant qu’Etat souverain signataire du TNP. Pour les
responsables iraniens, l’exigence européenne constitue une flagrante infraction
de l’Accord de Paris (par lequel l’Europe reconnaît de droit de l’Iran à
développer de l’énergie nucléaire en pourcentage limité).
Sirus
Nasseri, responsable de l’équipe iranienne chargée des négociations au sein du
comité nucléaire, a déclaré qu'il n'était pas envisageable pour l’Iran de
renoncer à ses activités d’enrichissement, précisant que les Etats-Unis et
l’Europe « devraient se faire à l’idée d’un Iran nucléaire ».
L’ambassadeur
de France à Téhéran, François Nicoullaud, a fait comprendre que la décision qui
serait prise sur le dossier iranien servirait d’exemple aux autres pays du
monde.
Les
porte-parole iraniens rapportent que les négociations portent actuellement sur
les « garanties objectives » que l’Europe des Trois exige de l’Iran pour
prouver que l’uranium est enrichi à des fins strictement civiles.
Hossein
Mousavian, directeur du Comité des affaires étrangères du Conseil de sécurité,
a déclaré à l’IRNA, le 23 mars, qu’il était « possible que les négociations se
trouvent dans une impasse. » Il a estimé que l’Europe devait avancer des
propositions de garanties objectives, en tenant bien compte du fait qu’il n’est
pas question d’exiger une suspension permanente de l’enrichissement d’uranium.
Sirus
Nasseri a déclaré, dans une interview, que « l’Iran présentera bientôt sa
proposition finale (…) Nous marchons sur des charbons ardents. Rien ne garantit
que nous parviendrons à un accord. (…) L’Union européenne doit accepter le
programme d’enrichissement de l’Iran »
Il
a ainsi analysé la situation : « Pour les Européens, le succès de ces
pourparlers est vital – tout au moins à ce stade. Pour nous, il ne représente
qu’un avantage (…) Si ces pourparlers échouent (…), il sera difficile pour
l’Europe de jouer un rôle décisif sur les autres questions de politique
internationale. » Il a ajouté : « Il y a un danger à ce que leur offre
s’améliore et que nous la rejetions ; ils pourraient alors prétendre avoir fait
une excellente proposition à l’Iran, et le refus iranien serait interprété
comme la volonté d’obtenir l’arme nucléaire (…) Les pressions ont augmenté. »
Des
menaces ont aussi été formulées par de hauts responsables iraniens. Le
président iranien Mohammed Khatami a déclaré, lors d’une conférence de presse :
« Les Européens souffriront plus que l’Iran s’ils décident de capituler face
aux pressions américaines »
Lors
d’une conférence internationale dernièrement tenue à Téhéran sur le thème de la
technologie nucléaire dans le monde, Rowhani a renchéri : « Si les négociations
échouent en raison des pressions américaines et si le dossier nucléaire iranien
est transmis au Conseil de sécurité de l’ONU, la région devra faire face à de
graves problèmes, et la sécurité régionale s’en trouvera menacée. » Le Dr Ali
Salehi, ancien représentant à l’AIEA, a été encore plus clair : « l’Europe
devrait comprendre que sa sécurité dépend étroitement de la sécurité de l’Iran
».
Ces
derniers mois, les commandants des Gardiens de la révolution et les forces
armées ont annoncé se tenir entièrement prêts à une éventuelle attaque
militaire contre les installations nucléaires iraniennes et les autres sites
sensibles. Les porte-parole iraniens ont précisé que les représailles
iraniennes seraient terribles. Le quotidien Al-Hayat, édité en arabe à Londres,
a publié un rapport affirmant que l’Iran était prêt à une offensive américaine
ou israélienne, fournissant les détails suivants :
«
Le commandement militaire iranien a prévu la possibilité d’un arrêt des
communications entre les postes militaires et le commandement central (…) Le
commandement a ordonné à tous les secteurs de réagir rapidement – en moins
d’une heure et sans attendre les ordres – contre des cibles prédéfinies (…)
L’objectif est de commencer par assener un coup dur aux Etats-Unis et à leur
allié Israël puis (…) d’enflammer toute la région (…) »
L’article
précise que tous les pays qui abritent des forces militaires américaines,
nommant l’Irak, le Qatar et Bahreïn, seraient susceptibles de devenir des
cibles iraniennes, précisant que « le plus gros de tous les poissons est Israël
»
Selon
Al-Hayat, des sources militaires iraniennes ont rapporté que lors d’un meeting
avec un diplomate français, M. Rafsandjani, président du Conseil pour les
intérêts supérieurs du régime, avait fait comprendre à son interlocuteur que
quelles que soient les menaces encourues, l’Iran ne renoncerait pas à son
programme nucléaire mais réagirait par de terribles représailles à une
éventuelle attaque..