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L'IRAN POSE PROBLEME
Par David Ignatius- L'auteur est un chroniqueur du Washington Post et
co-anime l'émission en ligne PostGlobal.
Son adresse email est davidignatius@washpost.com
Paru dans
Washington Post du 9/04/08
Adapté par
Albert Soued, www.chez.com/soued pour www.nuitdorient.com
Voir aussi
www.nuitdorient.com/n26.htm
pour tout savoir sur l'Iran
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Lors du
compte rendu devant le Sénat américain du Gen. David Petraeus et de l'ambassadeur à Bagdad Ryan Crocker, ces derniers ont utilisé un langage crû et
révélateur, en parlant de l'Iran. Les activités de Téhéran sont désignées comme
"abominables", son influence est "nuisible" et elle
présente la plus grande menace pour la viabilité du gouvernement de Bagdad.
L'Iran était au centre du débat lors de ce témoignage sur la guerre d'Irak.
Avec al Qaeda en fuite, la menace Iranienne est devenue la raison de notre
mission, mais aussi l'explication de nos faiblesses. C'est à cause de l'Iran
que nous sommes enlisés en Irak, mais c'est aussi la raison pour laquelle nous
ne pouvons pas nous retirer. Le spectre des mollahs rôde sur le champ de
bataille comme un Catch22 géant. Et l'ordre de bataille ne changera sans doute
pas pour le reste de cette année.
C'était le
message implicite du général Petraeus, quand on lui a
demandé si les troupes allaient être réduites en Juillet, au niveau d'avant la
contre-insurrection. Il a parlé avec mystère d'une période de consolidation et
d'évaluation de 45j suivie d'une autre période non limitée d'appréciation. On
peut traduire ce langage en disant qu'il souhaitait garder sur place des forces
importantes, pour éviter une détérioration du niveau de la sécurité. Pour un
commandant, ceci est compréhensible; mais cela signifie aussi que cette affaire
atterrira sur le bureau du prochain président.
On ne peut
pas y échapper non plus, la question de l'intervention de l'Iran dans ce
conflit devra aussi être abordée et résolue par le prochain président. La
nouvelle administration pourra-t-elle attirer cet ennemi "nuisible" vers
un nouveau système de sécurité pour la région? L'Amérique pourra-t-elle réduire
ses forces armées en Irak, sans créer un vide qui sera vite rempli par les Gardes
Révolutionnaires Iraniennes et les milices shiites? Pourra-t-on se lancer dans
une mission dangereuse contre l'Iran?
Ce sont
les questions posées en filigrane lors de ce témoignage. Mais tous les
officiels américains parlent des troubles créés par l'Iran en Irak comme si
cela était une affaire toute récente. A un moment donné de son compte rendu, Petraeus a dit "il est clair que l'Iran est intervenu
en Irak ces dernières semaines". Mais pourtant cette intervention a une
longue histoire derrière elle.
L'action
subversive de l'Iran pour remodeler l'Irak à son image est déjà évidente depuis
mars 2003, quand les troupes américaines sont arrivées. Les services de
renseignement Iraniens avaient établi des listes de personnalités à assassiner
dans les mois qui ont suivi. Ils ont expédié des mollahs Irakiens, entraînés en
Iran, pour prendre le contrôle des mosquées shiites de l'Irak central et
méridional, celles qui étaient persécutées par Saddam Hussein. A l'approche des
élections de janvier 2005, ils ont financé leurs alliés shiites à concurrence
de 12 millions $/semaine, en argent occulte. Ils ont infiltré tous les
principaux partis politiques shiites, ainsi que certains partis sunnites.
Les
Iraniens tirent les ficelles du jeu politique et sont partout à la fois. Ils
ont des liens avec le 1er ministre Nouri
Al Maliki et son parti de la Daawa.
Ils financent l'organisation Badr du sheikh shiite
Abdel Aziz al Hakim, base du recrutement dans l'armée Irakienne. Ils
fournissent les armes, forment et entraînent toutes les factions extrêmes de
l'armée du Mahdi. Le chef de celle-ci, Moqtada al Sadr, vit actuellement dans la ville sainte de Qom,
souffrant semble-t-il d'une dépression nerveuse, selon les Renseignements. Un
bon stratagème serait de l'inviter à rentrer chez lui, pour vérifier sa
capacité à mener des négociations. Ce sont les Iraniens qui ont réussi à créer
les troubles récents à Basra et à Bagdad, par le biais de certains agents
locaux et négocient un cessez-le-feu par le biais d'autres agents, jouant de la
lyre Irakienne, en pinçant toutes les cordes.
Mener une
guerre contre l'Iran n'est pas une très bonne idée. Se battre contre ses agents
en Irak où tous nos alliés sont plus ou moins manipulés par les réseaux
d'influence Iraniens, est encore pire. Le seul et meilleur argument pour
maintenir des troupes sur place, c'est qu'il s'agit d'un moyen de pression
contre l'Iran. Mais c'est aussi le bon argument pour réduire ces troupes à un
niveau politiquement et militairement acceptable. Car alors, l'Amérique aura
les mains plus libres pour agir contre l'Iran s'il le faut.
Le
prochain président devra mêler l'action militaire à la diplomatie, pour discuter
avec l'Iran et lui fixer des limites à ne pas franchir Ce dialogue semble
nécessaire pour que le futur Moyen Orient soit stable. Mais attention, une Amérique faible
parvenant à un faux accord avec un Iran impudent qui l'aurait roulée, ce serait
un désastre. (1)
L'ambassadeur
Crocker a raison de dire
"Tout ce qui est lié à l'Irak, c'est vraiment dur!" Il en est de même
de l'Iran. Hier, Petraeus et Crocker
ont dû répondre à un flot de questions très dures; demain, ce sera le tour de
l'un des 3 candidats actuels à la présidence des Etats-Unis, ceux qui, hier
encore, posaient à juste titre des questions.
Note de
la Traduction
(1) Mr Ignatius semble jouer au naïf, car il doit savoir que lors
de toute négociation avec l'Iran l'interlocuteur américain sera roulé dans la
farine: il suffit d'observer toutes les négociations passées, quel qu'en soit
le partenaire. L'attaque ciblée des sites nucléaires Iraniens semble inéluctable.
La date reste à deviner.
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