www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
LA ROUTE DES EXPERTS
Editorial
du Jerusalem Post du 26 mars 2009.
Traduit
par Albert Soued pour www.nuitdorient.com
Si vous
suivez le chemin des armes venant d'Iran, traversant la Somalie, le Soudan et
l'Egypte, vers la Bande Gaza, vous arrivez à une fourche. Une branche vous mène
à la conclusion que la contrebande d'armes de Téhéran vers le Hamas dans sa
lutte contre Israël n'est qu'une facette de la grande confrontation
Islam/civilisation occidentale. L'autre branche vous conduit à la conclusion
inverse qu'il n'y a pas de conflit de civilisation et que l'Iran et le Hamas
sont mûrs pour être inclus parmi la Communauté des Nations.
Hier, CBS
News a rapporté qu'en Janvier l'aviation israélienne a bombardé un convoi
d'armes iraniennes en route vers le Hamas, durant l'opération "Plomb
durci". L'attaque eut lieu au nord-ouest de Port Soudan, tous les camions
ayant été détruits et tout le personnel tué, des Soudanais, des Erythréens et des
Ethiopiens. Ils étaient supposés transporter des missiles qui auraient accru la
portée du Hamas vers Tel Aviv, la mission valant ainsi le risque pris.
- Les
armes sont expédiées d'Iran en guerre contre Israël sur tous les continents,
l'Iran utilisant tous les moyens et tous les pions possibles dans ce but.
Rappelons que Téhéran avait orchestré le bombardement de l'Ambassade d'Israël
en Argentine en 1992, ainsi que le Centre Communautaire Juif de Buenos Aires en
1994. Les instructeurs iraniens ont enseigné au Hezbollah l'art de fabriquer
des camions piégés qui ont coûté la vie à des dizaines de soldats au Liban. Les
mollahs ont commencé à courtiser le Hamas dès 1990, une fois qu'ils ont compris
que la destruction d'Israël primait sur toute différence théologique entre le
jihadistes sunnites et les va-t-en guerre shiites. Aujourd'hui, l'Iran est
lourdement impliqué dans le Hamas, sur le plan financier, diplomatique,
militaire et politique
- Les
armes passent par la Somalie, un état en faillite et une situation humanitaire
désastreuse contrôlée par des chefs de guerre qui cherchent à surmonter les
inimitiés de clan à travers l'Islam radical. Les jeunes extrémistes du
mouvement Shabab sont les troupes de choc. Le but est un califat mondial, mais
pour le moment il faut qu'ils parviennent à installer un contrôle wahabi sur le
pays. Assis à Mogadiscio, un président islamiste modéré est trop faible pour
exercer ce pouvoir, les pirates musulmans contrôlant les zones côtières.
- Le
prochain arrêt est le Soudan. Dans le passé, c'était le quartier général
d'Osama ben Laden, aujourd'hui, ce pays est célèbre pour son génocide au
Darfour contre des Musulmans non arabes. Le pays a des liens étroits avec
l'Iran dont les Gardiens de la Révolution forment et reconstituent l'armée
soudanaise. Le 4/3/09, la Cour Criminelle Internationale de la Haye a émis un
mandat d'arrêt contre le président du Soudan Omar Hassan al Bashir. Depuis, cet
homme est passé 2 fois au Caire pour consultation avec Hosni Moubarak. Et il a
l'intention d'assister à la réunion du sommet de la Ligue Arabe au Qatar, la
semaine prochaine. En plus du soutien qu'il a auprès de la Conférence Islamique
et de l'Union Africaine, Bashir est appuyé par l'Iran, le Hamas, le Hezbollah,
la Syrie et le Jihad Islamique. Le président de l'assemblée iranienne Ali
Larijani a qualifié le mandat d'arrêt d'"insulte contre les Musulmans".
- L'arrêt
suivant est l'Egypte. Toute arme envoyée à Gaza par l'Iran traverse l'Egypte,
par voie de terre, ou par le port de Damiette, en un voyage coordonné par le
Hamas à Damas et par les Gardiens de la Révolution. Dès que les armes
parviennent aux tunnels de contrebande au Sinaï, de nombreuses mains facilitent
le transfert, alors que de nombreux regards se détournent.
Les
experts de la politique américaine qui passent leur temps à chercher des
arguments que l'Iran et le Hamas sont mûrs pour être inclus dans la Communauté
Internationale, trouvent qu'aller dans cette voie est une issue "pragmatique".
Quant aux sujets liés au terrorisme, aux engagements précédents des Palestiniens
et au droit d'Israël d'exister, personne n'en parle. Le Hamas serait d'accord
pour un long cessez-le-feu, et il laisserait même Mahmoud Abbas le représenter.
De plus, disent les experts, avec le Hamas derrière lui – qui sait, peut-être
qu'Abbas serait prêt à négocier la paix. Il y aurait un référendum et le Hamas
accepterait les résultats. Mais attention! Avertissent les experts, si
l'Occident prête trop attention à ce que dit le Hamas dans son projet d'éliminer
Israël, alors rien ne se fera!...
De même quand
les Etats-Unis vont s'asseoir mardi à la Haye avec l'Iran pour discuter de
l'Afghanistan, les experts diront certainement que la présence de Téhéran est
un signe de pragmatisme --- et ce pragmatisme serait torpillé, si on continue à
être obsédé par les menaces iraniennes de détruire Israël.
Si
l'administration Obama prend la route aisée conseillée par ces experts,
ignorant délibérément la nature implacable de l'extrémisme islamiste, elle
s'embarquera dans un voyage désastreux, celui de l'auto-illusion.