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LA 3ÈME
OPTION POUR L'IRAN
Par David Johnson,
cofondateur de l'Alliance Américaine pour un Iran démocratique et directeur
des opérations
Article paru le 6 mai 2005 dans www.FrontPageMagazine.com
Traduction par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm
La question de l'Iran devient de plus
en plus ardue pour Washington. Lors du dernier week-end, Hassan Rohani, le
négociateur iranien pour le nucléaire, a averti que son pays pourrait reprendre
l'enrichissement de son uranium dans la semaine. Un jour plus tard, le Guide
suprême Ali Khamenei a précisé que le prochain président Iranien ne renoncerait
pas au programme nucléaire du pays. Il est clair à ce niveau qu'un Iran
nucléaire constitue une menace sérieuse à la sécurité des Etats-Unis.
Mais que peut faire Washington? Jusqu'à
présent les deux possibilités envisagées pour contrecarrer les ambitions nucléaires
iraniennes sont d'apaiser le régime par des incitations économiques, ou
d'entreprendre une action militaire ciblée (1).
Le 14 avril 2005, les orateurs de la
Convention Nationale pour une République Iranienne démocratique et séculière
ont insisté sur une 3ème option qui pourrait emporter l'adhésion de
tous les Iraniens et de tous les Américains.
Des centaines de délégués
Iraniens-Américains ont assisté à la Convention qui s'est tenue à Washington,
et, parmi eux, des responsables de toutes les religions, encourageant la
tolérance religieuse et exprimant leur soutien à tous les Iraniens de
l'intérieur qui se battent pour les droits de l'homme et la tolérance.
Assistaient également les familles endeuillées dont un membre a été exécuté par
le gouvernement actuel, des intellectuels, des scientifiques, des
universitaires et des chefs d'entreprises. Des membres du Congrès américain Tom
Tancredo (Rép-Colorado), Bob Filner (Dém-Calif), Ted Poe (Rép-Texas), Dennis
Moor (Dém-Kansas) sont intervenus à la tribune. Dans une ambiance rappelant les
conventions des campagnes américaines, une foule animée déployait des affiches
revendiquant des aspirations à un Iran démocratique et séculier et insistant
sur le nom des organisations capables de les mener à cet Iran. Une image
populaire est celle de la présidente élue du Conseil National de la Résistance
Iranienne (CNRI), la plus importante organisation d'opposition.
Il faut rappeler ici qu'en 1999, cette
organisation a été considérée par le Département d'Etat comme impliquée dans la
terreur et désignée comme "organisation terroriste étrangère" (OTE),
alias du MEK, ou "Mojahedine el Khalq" qui a essayé de renverser le
gouvernement actuel par la terreur. Quand en 1997 Mohamed Khatami a été élu,
l'administration Clinton l'a considéré comme un modéré pouvant transformer
pacifiquement le régime des ayatollahs; et le MEK a été mis à l'index des
terroristes, comme concession à Khatami.
Le mandat de Khatami se termine en août
2005 et il laissera un héritage d'amertume et de déception. Malheureusement, on
ne peut pas être optimiste quant au prochain président qui servira les intérêts
de l'oligarchie théocratique régnante au grand plaisir du Guide Suprême.
Washington doit prendre une décision
quant à la solution de la crise iranienne et la Présidente Rajavi et son CNRI
ont saisi cette occasion en or pour avancer leurs idées.
Mme Rajavi s'est adressée à la
convention par satellite depuis son domicile à Auvers sur Oise (France). Étant
dans l'incapacité d'y être présente physiquement du fait du statut de son
organisation aux Etats-unis, elle a profité des facilités virtuelles pour
demander à l'administration Bush de réhabiliter le CNRI comme organisation non
terroriste.
Elle a précisé que le CNRI demande
officiellement un référendum pour le changement pacifique de régime en Iran,
qu'il rejette la violence, la terreur et le port d'armes illégales et qu'il
respecte pleinement la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, citant à
la fois G Bush et Th Jefferson, pour illustrer sa vision de l'avenir.
Il est vrai qu'en dévoilant que Téhéran
poursuivait un programme d'armes nucléaires et en désignant nommément le
gouvernement iranien comme responsable des attentats terroristes en Europe et
au Moyen Orient, le CNRI a contribué à un monde plus sûr. Les Etats-Unis ne
peuvent plus se permettre de laisser le CNRI dans la liste des OTE, car ils se
priveraient du principal partenaire d'opposition en Iran. À la convention, il y
eut des témoignages dans ce sens de deux officiers de l'armée américaine ayant
servi en Irak et connaissant des membres du MEK résidant à Ashraf.
Malgré la position américaine, les
projets du CNRI pour l'Iran restent ambitieux. Après la chute du régime actuel,
il est prévu que Mme Rajavi soit présidente par intérim pendant 6 mois, le
temps de préparer des élections libres et transparentes.
Ainsi, Mme Rajavi et le CNRI se sont
lancés dans cette 3ème voie, impliquant que le changement en Iran
parte du peuple Iranien et qu'il soit soutenu de l'intérieur. Lassé par la
guerre d'Irak, le public américain applaudirait, selon toute évidence.
Deux récents sondages Gallup montrent
que les Américains pensent que l'actuel gouvernement iranien est une menace
pour leur pays, mais en même temps ils ne souhaitent pas de solution militaire.
Par conséquent cette 3ème voie vient bien à propos, mais la plupart
ne savent pas que CNRI est considéré encore par leur administration comme une
groupe terroriste, ce qui les choquerait. Les Iraniens-Américains présents à la
Convention Nationale étaient enthousiasmés par cette troisième option et
n'accordait pas d'importance au classement du CNRI par l'administration
américaine….ils sont prêts à se consacrer à un activisme politique pacifique
aux Etas-Unis.
Il est temps que les politiciens de
Washington aient la sagesse de reconnaître le rôle de ces Iraniens-Américains
dans l'avenir de l'Iran et de la démocratie au Moyen Orient….
Il est temps de les utiliser pour
s'opposer la menace que fait peser sur le monde un régime autocratique
religieux et dangereux. La 3ème voie offerte est sans doute la
meilleure option que ces politiciens ont aujourd'hui pour prendre leur
décision.
Note de la traduction.
(1)Cette 3ème voie peut
paraître un vœu pieux en effet; mais l'option des concessions commerciales a
été rejetée avec ironie par les ayatollahs et les frappes même ciblées sur les
350 sites nucléaires ne viendront pas à bout d'un régime fortement implanté et
immensément enrichi par les revenus pétroliers. Reste un soulèvement intérieur
fort hypothétique, avec l'aide de ce CNRI qui n'était localement crédible que
lorsqu'il déstabilisait le régime par des attentats sanglants, via le MEK.
La décision que doit prendre
l'administration américaine eu égard à la menace nucléaire iranienne est pour
le moins malaisée. Si malaisée que d'aucuns dans l'administration US s'alignent
sur la position européenne, laisser faire et il y aura un membre de plus dans
le Club atomique. Et alors ? disent-ils. En Israël on ne l'entend pas de cette
oreille.