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L'Iran peut-il fermer le détroit d'Ormuz ?
Par Dore Gold
IsraelHayom - Lundi 30 janvier 2012
Traduction française - Galila pour Israël-chronique-en-ligne
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Le détroit d'Ormuz large de
Pourtant, le 28 décembre 2011, le commandant de la marine iranienne, l'amiral Habibolah Sayyari, a déclaré que la fermeture du détroit d'Ormuz serait plus facile "que de boire un verre d'eau." L'Iran a voulu intimider l'Occident, montrant qu'il avait des options pour répondre à de nouvelles sanctions contre l'industrie pétrolière iranienne qui avaient été envisagées par l'UE, et qui avaient été promulguées par le président américain Barack Obama. La seule rumeur selon laquelle l'Iran projetait une telle démarche pouvait faire grimper le prix du pétrole, qui a en effet augmenté de 4% dans les jours qui ont suivi la menace de Sayyari. Étant donné la faiblesse des économies européennes à l'heure actuelle, Téhéran espérait détenir un véritable levier qu'il aurait pu utiliser contre l'Occident.
D'où l'Iran détient-il une telle fermeté? La dernière fois que l'Iran s'était heurté à la Marine américaine dans le Golfe persique, il avait subi une sévère défaite. L'Iran a adopté une politique de minage des couloirs de navigation dans le golfe Persique dans le milieu des années 1980 pendant la guerre Iran-Irak. Une frégate américaine, l'USS Samuel Roberts, fut gravement endommagée par une mine iranienne et presque soufflée en deux. Elle a presque coulé. L'administration Reagan ordonna un raid de représailles et la destruction des plates-formes pétrolières iraniennes qui étaient utilisés par la Garde révolutionnaire iranienne et de quatre navires, dont une frégate. Dans leur rédaction au Journal Wall Street de ce mois-ci, Bradley Russell, un ancien de la cinquième flotte américaine au Bahreïn, et Max Boot du Conseil des Relations étrangères ont rappelé l'attaque iranienne de la frégate USS Roberts et ses implications sur la crise actuelle: "Les Iraniens doivent se rendre compte que l'équilibre des forces ne se trouve pas en leur faveur ". L'article de manière optimiste s'intitulait "l'Iran ne fermera pas le détroit d'Ormuz."
Les Iraniens considèrent leur affrontement naval avec les Etats-Unis de façon très différente, tirant une certaine fierté dans leur capacité à causer des dommages considérables à un navire de guerre américain. L'amiral Ali Fadavi, commandant de la branche navale des Gardiens de la Révolution s'est exprimé sur l'incident avec l'USS Roberts et en a tiré des leçons différentes de celles de nombreux Américains. Par exemple, parlant en 2007, il notait: "Même de petites opérations (militaires) peuvent produire des effets énormes dans le détroit stratégique d'Ormuz à l'entrée du Golfe Persique." Par "de petites opérations," il se réfère au rôle de petites vedettes rapides armées de missiles mer-mer et de torpilles, des mini-sous-marins, aussi bien que des mines de mer dans le blocage du Détroit d'Ormuz. Pour Fadavi, un "effet énorme" est sans aucun doute la capacité de l'Iran à couler des navires de guerre américains, même si pour conséquence l'Iran avait des pertes considérables dans sa flotte de petits bateaux.
Les commandants des forces navales iraniennes ont presque toujours eu l'obsession de vaincre les grands navires avec des petits bateaux de combat équipés de missiles mer-mer. Mais aujourd'hui, ils ne se concentrent pas sur la vulnérabilité d'un navire de guerre de la taille d'une frégate seulement, mais ont l'espoir qu'ils peuvent paralyser un porte-avion.
Ainsi, en Janvier, un haut responsable militaire iranien a lancé un avertissement au porte-avions américain USS John C. Stennis qui a traversé le détroit d'Ormuz et qui se trouve en mer d'Oman de ne pas retourner dans le golfe Persique: "L'Iran n'a pas l'intention de répéter son avertissement. " Pour accentuer leur menace, les Iraniens ont publié un extrait de film concernant l'USS Stennis John S. photographié à partir d'un avion de surveillance iranien. Quelques mois plus tôt, en Juillet 2011, un haut responsable militaire de l'aérospatiale de la Garde révolutionnaire en Iran a déclaré explicitement à la télévision iranienne qu'un porte-avion américain "est une cible pour nous."
Qu'est-ce que les Iraniens espèrent pouvoir accomplir? Leur stratégie est basée sur la guerre asymétrique en mer, qui viserait à empêcher le déploiement des forces américaines dans le Golfe Persique ,pour aussi longtemps que possible, en utilisant des centaines de missiles de croisière anti-navire, qu'ils ont dispersés sur les îles et les plates-formes pétrolières, tout comme le long de leur littoral. Une étude publiée l'année dernière à Washington et écrite par un ancien responsable du Pentagone, Mark Gunziger, souligne que les États-Unis auraient d'abord à supprimer et endommager la menace des missiles anti-navires dans le golfe Persique, avant de pouvoir envoyer des navires pour éliminer les mines iraniennes dans le détroit d'Ormuz. Cela pourrait prendre du temps. Les Iraniens chercheront clairement à faire monter le prix du pétrole autant que possible, affaiblir les économies occidentales, endommager les navires américains, pour enfin briser la volonté de l'Occident.
Le général Martin Dempsey, chef d'état-major interarmées a pris au sérieux les menaces iraniennes de ce mois. S'exprimant à l'émission de CBS News, Face the Nation, le 8 janvier, il a admis: "Ils ont investi dans des moyens qui pourraient leur permettre de bloquer pour un temps le détroit d'Ormuz". Mais il a aussi ajouté: "De notre côté, nous avons investi dans des moyens pour nous assurer que, si c'est le cas, nous l'emportions - ainsi la réponse simple est oui, ils peuvent le bloquer." Mais sur ce point, Téhéran n'est pas prêt pour une confrontation dans le Golfe Persique.
Le week-end dernier, le commandant adjoint de la Garde révolutionnaire a retiré la menace iranienne aux navires de guerre américains dans le Golfe et les Etats-Unis ont envoyé un porte-avions, l'USS Abraham Lincoln, à travers le détroit d'Ormuz cette semaine. La crise actuelle semble être passée. Mais les deux parties vont renforcer leurs capacités d'action dans l'avenir au cas où un conflit naval éclaterait.