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Voilà qu'Obama adopte
les Méthodes des Mollahs
Par Amir
Taheri, journaliste iranien
Adapté par
Albert Soued écrivain, http://soued.chez.com
pour www.nuitdorient.com
16/08/15
Ceux qui
sont entrainés dans de graves événements contraires de l'histoire sont devant
nombre de risques. Le plus grand de ces risques est de se retrouver en train
de voir, de raisonner et d'agir comme ses adversaires. Même s'il gagne des
batailles, celui qui subit ces événements est sûr de perdre la guerre. Avec
un peu de chance, on peut ressembler à un adversaire meilleur que soi-même.
On a
constaté dans l'histoire, à mainte reprise, l'influence que l'autre peut
exercer sur soi, même au niveau des grands empires. Quand Rome et la Perse
étaient des adversaires, chacun de ces empires a appris de l'autre. Là une
République était opposée à une monarchie. Quand le plus grand général romain Marcus
Licinius Crassus a été tué par les perses dans la bataille de Harran en –
Plus
récemment, deux puissances engagées dans la guerre froide, l'Union soviétique
et les Etats-Unis se copièrent mutuellement. La défense soviétique s'appuyait
sur un déploiement massif militaire, une terre brûlée et une guerre terrestre
prolongée, qui ont fait leurs preuves lors de l'invasion napoléonienne. La
doctrine américaine était basée sur le devise "vite entrer, tuer l'ennemi, vite
sortir"-
Cette doctrine a trouvé sa véritable application dans l'attaque nucléaire du
Japon. Or 6 années après, les Soviétiques avaient leur propre bombe.
De même,
les Soviets avaient un système de Renseignement vaste et brutal, bâti autour du
KGB, lui-même héritier de l'"Okhrana" tsariste et de la
"Tcheka" léniniste. Ayant fermé l'OSS, leurs Renseignements lors de
la guerre 39/45, les Etats-Unis s'empressèrent de créer le CUA, pour imiter le
KGB, dans toute la mesure où une société démocratique et ouverte puisse se le
permettre.
Les Soviets utilisaient les sciences occultes en Europe Centrale et de l'Est. Les Etats-Unis les imitèrent en Amérique latine. Les ennuis ont commencé pour les élites Soviétiques quand elles ont imité les Américains dans le langage. En 1989, ensemble avec 4 publications européennes, nous avons tenu un certain nombre de réunions à Moscou avec les dirigeants russes, y compris Mikhail Gorbachev, Alexander Yakovlev et Yevgeny Primakov. Quelle fut notre surprise quand nous les entendîmes parler comme des socio-démocrates occidentaux, surtout quand ils se référaient à des "valeurs universelles"!
J'avais écrit, à l'époque, "ils ont été contaminés
par le virus occidental !", puis "Voyons s'ils vont appliquer
ce qu'ils préconisent…!" On
connait la suite.
Tout cela
me vient à l'esprit après avoir lu le discours du président Barack Obama à
Washington, défendant ses accords de Vienne sur le nucléaire iranien. Ce qui
m'a frappé d'emblée, c'était la ressemblance du langage présidentiel, avec
celui des mollahs iraniens.
Obama
commence par construire une dualité métaphysique paradis/enfer à propos de cette affaire, mettant
en garde quand il s'agit de choisir entre "accepter les Accords"=Paradis et "la
guerre"=enfer.
Ce qu'il y a de beau dans la vie, c'est qu'elle offre de nombreuses
éventualités, par exemple "ne rien faire" est parfois moins nuisible
que "faire à tout prix".
Puis,
Obama imite les mollahs par la pratique de ce qu'on appelle en Iran la
"taqyah", la dissimulation. Il s'empresse d'éviter d'entrer dans les
détails du fameux "accord", chaque paragraphe pouvant être une
tromperie. Il a aussi tu le fait que cet accord "obtenu haut la main"
n'a pas été accepté officiellement par l'état iranien.
Il a
largement pratiqué aussi une autre combine iranienne, connue sous le nom de
"mohajah" ou "entraîner son ennemi dans un simulacre de bataille, afin de lui
accorder, s'il gagne, une fausse victoire". Explication: sa "victoire" en
faisant voter positivement le Conseil de Sécurité de l'Onu sur cet Accord, peut
faire croire que sa bataille avec le Congrès américain a un sens, alors que
c'est une fausse bataille.
Une autre
tactique des mollahs, appelé "takhrib" consiste à attaquer personnellement celui qui
remet en question une chose, plutôt que lui répondre. Obama ne cesse d'appeler
"va-t-en-guerre" ceux qui remettent en question cet Accord, sans donner
la moindre explication cohérente. L'avis de ces "mauvais sujets",
opposés à l'Accord, ne compte donc pas.
En somme
"N'analysez
pas ce qu'on vous dit, regardez plutôt celui qui le dit"- Et ce dicton populaire a
engendré 2 grandes branches du savoir. "I'lm al rijal" ou étude des
hommes, et "I'lm al Ansab" ou l'étude du contenu ascendant ou
pedigree. Si on peut prouver qu'un homme a de bons antécédents (pedigree), on
peut adopter son narratif, sur n'importe quel sujet. A l'inverse, si l'homme
est réputé ou prouvé mauvais, on doit l'éconduire avec dédain, même si ce qu'il
dit est sensé.
Sauf que
Barack OIbama a oublié que parmi les va-t-en-guerre qui ont poussé pour une
guerre en Irak, il y avait 2 de ses intimes collaborateurs, son vice-président
Joe Biden et son secrétaire d'Etat, John Kerry, avec tout le contingent
démocrate au Congrès !
Du côté
iranien, il a oublié que le président Hassan Rouhany et son prédécesseur
l'ex-président Hashemi Rafsanjani, ont construit toute leur carrière sur le
slogan "Mort à l'Amérique". Rouhany et ses ministres
"modérés" piétinent tous les jours le drapeau américain quand ils
entrent dans leur bureau.
Le
quotidien iranien "Iran daily" a présenté un éditorial pour soutenir
la campagne de Mr Obama pour les Accords de Vienne, où il est dit qu'"Obama
est le cauchemar des Républicains, parce qu'il cherche à détruire l'Amérique
qu'ils aiment… Son succès est celui des gens qui veulent la paix". En
résumé, cet éditorial est l'écho de l'entourloupe manichéenne d'Obama.
Désigner du
doigt et accuser ceux qui critiquent de cacher de noirs desseins est une autre
tactique des mollahs, appelée "siakhari" ou noircir l'adversaire.
Je suis
gêné de parler de moi, mais j'ai plus navigué dans la lignée "Vive
l'Amérique" que dans celle de "Mort à l'Amérique", mais je pense
fermement que les Accords de Vienne sont mauvais pour l'Iran, mauvais pour les Etats-Unis,
mauvais pour le monde entier. Et je pense qu'il est possible d'établir des Accords qui sont bons
pour tout le monde.
Je n'ai
jamais préconisé qu'on envahisse l'Iran ou tout autre pays. Je n'ai jamais été
Républicain, n'étant pas un citoyen américain, n'ayant jamais étudié, travaillé
ou résidé aux Etats-Unis.
Dans la
mesure où je peux doser l'opinion publique, je peux assurer le président Obama
que la majorité
des Iraniens ont une bonne opinion de l'Amérique et une mauvaise opinion des
Accords de Vienne.
Ceci
explique pourquoi en Iran, le clan Rafsanjani auquel appartient Rouhany évite
de donner des détails au parlement, refusant même d'en débattre, à l'image
d'Obama. Les journaux critiquant les Accords sont soit fermés, soit menacés de
fermeture.
Plutôt que
d'écouter le lobby pro-Khomeni à Washington, Obama ferait mieux de faire sa
propre enquête auprès de l'opinion iranienne. Il s'apercevait alors qu'il a
fait un accord avec une faction ne représentant pas la majorité en Iran. Ses
Accords déçoivent, quand ils ne mettent pas en colère la majorité des Iraniens,
qui est fermement pro-Américaine par ailleurs.
Le Cabinet
de Rouhany est plein d'individus qui, dans le passé, ont tenu en otage des
Américains pendant 444 jours à Téhéran. Pourtant ils soutiennent Obama ! Ceux
qui s'opposent aux Accords de Vienne sont des gens qui souhaitent des liens
plus étendus avec l'Amérique.
Et voici
un autre concept des Mollahs, utilisé aussi par Obama "Fasl al Khitab"
ou fin de la
discussion, une
fois que le grand chef a parlé. Cela peut marcher dans la dictature "khomeiniste",
mais une démocratie mûre comme les Etats-Unis ne mérite vraiment pas cela
!