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Erdogan, Echec mais pas Mat
Par André Nahum
10 Juin 2015
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Turquie ainsi que les 50 derniers articles sur le
Moyen Orient
Les résultats des élections
législatives du 7 juin en Turquie, constituent
un sérieux revers pour l’AKP,
le Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur, qui, pour
la première fois depuis 2002, perd la majorité absolue au Parlement.
C’est une grave
défaite personnelle pour M. Erdogan, chef de l’état, qui s’était fortement investi
dans la campagne et se voyait déjà en sultan omnipotent.
En mettant son
projet au centre des législatives, il en a fait pratiquement un rferendum sur
sa personne pour modifier la Constitution, renforcer son pouvoir et islamiser
davantage le pays.
La
réponse
de l’électorat est un non sans appel
dont il sort fortement diminué.
"C’est le
triomphe de la paix sur la guerre, de la modestie sur l’arrogance,
de la responsabilité sur l’irresponsabilité", a déclaré
Sirri Süreyya Önder, député du HDP,
Depuis son élection,
Erdogan s’était installé dans un immense palais à Ankara, pratiquait un
autoritarisme sans limites, plaçait sous son étroit contrôle la presse, la
justice et la police et n’hésitait pas à reconnaitre que pour lui, "la démocratie est un train que vous quittez quand vous
êtes arrivés à destination"
On ne peut pas être
plus clair !
Et lui, se croyait
presque arrivé à destination et remarque
Michael Rubin, cité par le Jérusalem post, il a quitté le train de la
démocratie depuis plusieurs années et Daniel Pipes rajoute: "il l’a
quitté à une station proche de la dictature.
Il a gouté au
pouvoir absolu, il l’aime et le voilà maintenant obligé, humiliation suprême
pour un homme à l’ego surdimensionné, de
le partager avec d’autres , de former un gouvernement de coalition, peut-être
avec des Kurdes qui sont 20% de la population du pays, hier rebelles
en armes avec le PKK, qui se présentent maintenant comme défenseurs de la
démocratie et des minorités, la leur, celle des Alévis et d’autres encore, dont
la petite communauté juive qui compte près de 25.000 âmes et vit
actuellement dans la crainte face à la montée de l’antisémitisme dans
le pays, consécutif à la politique violemment anti-israélienne d’Erdogan qui en
quelques années a mis un terme à la solide alliance qui liait la Turquie à
Israél, dont bénéficiaient les deux pays et a fait preuve d’une agressivité et
d’une hostilité croissantes.
Que va-t-il faire maintenant ?
Son premier ministre
lui a remis sa démission et sera probablement chargé de former le nouveau
gouvernement.
L’AKP n’ayant
obtenu que 258 sièges sur les 550 que
compte le parlement, ne peut gouverner qu’avec
l’appui de l’un des trois autres partis, soit le parti nationaliste MHP avec ses 80 sièges,
soit le pro-kurde HDP (parti démocratique du peuple) qui obtient 8O ,soit, mais
c’est peu probable, les sociaux-démocrates du CHP qui en disposent de 132.
Si au bout de 45
jours, un gouvernement n’a
pu être constitué, il faudra voter de
nouveau.
Erdogan le
souhaite-t-il ?
Va-t-il tenter de
reprendre la main, ou sommes-nous en train d’assister au commencement de sa fin
et à la victoire de la démocratie ?