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Washington et le Moyen
Orient
A quoi Jouent les
Américains dans le Monde ?
L'Amérique
se désengage du Moyen Orient, et apparemment elle y encourage les forces extrémistes.
Il est un fait bien connu que la nature a horreur du vide. Ce qui arrivera
après reste du domaine de la spéculation.
Par Zvi
Mazel, ex-ambassadeur israélien en Egypte
Traduit et
adapté par Albert Soued, écrivain http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
JPost du
25/3/14
Une source
non identifiée au Département d'Etat a récemment informé le quotidien koweitien
"Al Rai" que la Confrérie des Frères Musulmans ne constituaient
aps un danger pour les Etats-Unis, ajoutant que personne n'avait demandé de
la mettre sur la liste des organisations terroristes. Cette dernière affirmation
est probablement véridique, mais était-ce le moment propice pour une telle
déclaration publique, alors que cette organisation est engagée dans une guerre
terroriste contre l'Egypte -- Etat arabe, allié de Washington depuis fort
longtemps ? Alors que le Caire avait déclaré la Confrérie comme organisation
terroriste ? Cette déclaration ressemble plus à un geste politique qu'à une
information quelconque. Et les Frères Musulmans l'ont certainement interprétée
comme une marque de soutien à leur cause. Le fait est que depuis que les manifestations
contre Hosni Moubarak ont commencé en janvier 2011, Washington
a soutenu infailliblement la Confrérie, en allant aussi loin que de
suspendre toute assistance militaire à l'Egypte, après que Mohamed Morsi fut
évincé.
On peut se
demander où est la logique derrière cette politique ? Il n'y a pas si
longtemps, l'administration Obama s'était vantée d'avoir éliminé Osama Ben
Laden, ennemi de l'Amérique et fidèle adepte de Frères tels Abdalla Azzam ou
Mahmoud Qoutb. Palestinien membre de la Confrérie, le premier était le
professeur de Ben Laden et son mentor, et l'un des fondateurs d'al Qaeda. Frère
de Sayel Qoutb, le second a enseigné à Ben Laden à l'université du roi Abdel
Aziz, à Jeddah. L'enseignement de Sayed Qoutb est considéré comme la source de
l'idéologie de l'Islam radical du 20ème siècle, avec les
conséquences désastreuses pour le monde entier.
Il faut
savoir aussi que Omar Abdel Rahman, le sheikh aveugle qui a mené la première
attaque contre le World Trade Center à New York en 1993, en prison aujourd'hui,
était le chef de l'organisation "Jaméa' al Islamiya", issue de la
Confrérie et responsable de l'assassinat de Sadat en 1981. Cet homme était l'ami
de ben Laden, ayant lutté ensemble en Afghanistan. On peut continuer ainsi à
l'infini…
Tout au
long des 85 dernières années de la Confrérie et des groupes qui en sont issus,
la terreur et le meurtre se sont répandus à la fois contre l'Occident et les
autres Musulmans. Pourtant l'administration américaine n'hésite pas à affirmer
publiquement que la Confrérie n'était pas une menace. Il y a des rumeurs (et
des certitudes) sur le nombre d'Arabes américains liés à la Confrérie qui
conseilleraient la Maison Blanche, le Département d'Etat et le Bureau du Contre
Terrorisme. Des noms circulent partout, mais on préfèrerait croire que ce n'est
pas vrai.
L'Egypte
est la victime la plus visible de cette politique "bizarre". Sans sa
lutte contre les terroristes et les jihadistes, l'Egypte a un besoin urgent
d'un équipement militaire que l'administration américaine refuse de livrer –
comme les hélicoptères Apache et des dispositifs sophistiqués de contrôle – Le
Ministre des Affaires Etrangères Nabil Fahmi a dit récemment que les Etats-Unis
tardaient à livrer des hélicoptères égyptiens envoyés pour révision périodique.
De même
les douanes allemandes ont saisi récemment un chargement d'armes venant de
Pologne destiné à l'Egypte, suite à l'embargo imposé par l'union Européenne. En
d'autres termes, l'Egypte est ostracisée, aussi bien par l'Amérique que par
l'Europe. Or c'est le pays le plus important dans la lutte contre l'islam
radical. Sans autre option, l'Egypte s'est tournée vers la Russie pour une
coopération plus étroite et un important contrat d'armes est en cours. Sous la
pression de sa lutte contre le terrorisme l'Egypte demande aux Russes
d'accélérer les livraisons d'hélicoptères de combat.
La
politique américaine a aussi entraîné une fissure avec l'Arabie saoudite, et
les pays du Golfe qui sentent qu'ils ont été trahis déjà, en apprenant que Washington
avait négocié avec leur pire ennemi, l'Iran un compromis nucléaire dans leur
dos. Du coup, ces pays vont financer l'achat d'armes ruses par l'Egypte. Le
voyage d'Obama en Arabie pour essayer de recoller les morceaux a été retardé,
du fait des désaccords politiques avec les pays du Golfe.
Les
relations des Etats-Unis avecl4Arabie se sont détériorées depuis le 11/9, quand
on a découvert que 16 des 18 terroristes étaient saoudiens. Ryad a essayé de
calmer le jeu, en interdisant la Confrérie dans le royaume et les imams ont
lancé une fatwa interdisant la terreur, y compris les attaques contre n'importe
quel pays. Ceci explique que l'Arabie ait applaudi l'évincement de Morsi, mais
le Qatar reste un problème pour les autres pays du Golfe, car il reste un
indéfectible soutien de la Confrérie. Ryad, les Emirats et Bahrein ont rappelé
leur ambassadeur à Doha.
Le Moyen
Orient n'a jamais été une région stable. Depuis la 1ère guerre
mondiale, les conflits n'ont jamais cessé, guerres, coups d'état, massacres,
attentats. Et les pays de cette région n'ont pas réussi à développer leur
économie, malgré leurs vastes ressources. Ils se sont toujours appuyés sur les
grandes puissances. Après les mandats français et anglais, l'effondrement
l'union soviétique, les Etats-Unis sont restés seuls garants de ces états face
aux agissements de l'Iran et d'al Qaeda. Mais cette garantie disparaît à grande
allure. Avec l'échec des "Printemps arabes", la situation du Moyen
Orient est désastreuse. La Somalie, la Libye, la Syrie, l'Irak, le Yémen se
disloquent. Le Liban est en train de vaciller, de même que le Soudan et
l'Egypte est en pleine crise.
En dehors
de royaumes traditionnels (Jordanie, Maroc, pays du Golfe) resté à peu près
stables – pour combien de temps encore ? – le reste de la région se désintègre.
En Libye cela devient dangereux du fait de la dissémination d'armes
sophistiquées qui alimentent la terreur ailleurs. L'alliance qui mettait à distance
l'Iran est morte, les alliés traditionnels de l'Amérique ne lui faisant plus
confiance. L'extrémisme et le fanatisme sont en expansion et tout le Moyen
Orient est une véritable bombe à retardement.
Il est difficile
de comprendre la politique américaine au Moyen Orient. Ce qui est certain
c'est que l'Amérique se désengage du Moyen Orient, et apparemment elle y encourage
les forces extrémistes. . Il est un fait bien connu que la nature a horreur
du vide. Ce qui arrivera après reste du domaine de la spéculation.