www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
La Révolte du Renseignement
U.S. Contre la Méthode Obama
Par Jean Tsadik
Metula News Agency - 11/09/15
Voir
aussi les 50
derniers articles
et toutes les informations de politique
générale au Moyen Orient
Il ne s’agit plus d’une rumeur, plus de cinquante
analystes, spécialistes du renseignement, travaillant pour le Commandement
Central de l’Armée américaine, le Central Command ou CENTCOM,
ont adressé une plainte officielle à l’Inspecteur Général du Pentagone, exigeant
de sa part qu’il ouvre une enquête concernant des manipulations systématiques
des rapports soumis par les analystes.
Ceux-ci affirment que les comptes-rendus qu’ils transmettent au
sujet de l'Etat islamique (EI) et d’al Qaeda à leurs supérieurs sont
régulièrement modifiés par ces derniers afin de correspondre au narratif choisi
par la Maison Blanche.
En juillet dernier, deux des analystes
principaux ont envoyé un message d’alerte au directeur général du Département
de la Défense, pour l’informer de ce que leurs rapports "revisités",
dont certains sont adressés au Président Obama,
présentent ces deux organisations plus affaiblies qu’elles ne le sont
réellement.
Les analystes accusent notamment le directeur
du renseignement du CENTCOM et son adjoint, ainsi que d’autres chefs de
services, au plus haut niveau de l’institution, de bidouiller les notes qu’ils
envoient pour qu’elles soient en adéquation avec la ligne suivie par Barack Obama, selon laquelle le
combat contre ISIS et al Qaeda ferait des progrès.
Ce que ces spécialistes dénoncent ne constitue
pas une crise passagère, mais, comme l’affirme un officiel de la défense
américaine, "un cancer qui ronge les échelons supérieurs du commandement du
renseignement".
Dans certains cas, des éléments clés permettant
seuls d’effectuer une estimation adéquate de la situation sont simplement
effacés des rapports, ce qui les transforme en documents ne contenant plus les
conclusions authentiques de ceux qui les ont rédigés.
Les "révoltés" reprochent aux chefs
du CENTCOM d’avoir créé un environnement de travail qui n’est plus
professionnel. L’un des signataires de la plainte qualifie de
"stalinisme" l’atmosphère imposée par les manipulations desdits chefs.
Un porte-parole du CENTCOM, le Colonel
d’aviation Patrick Rider, s’est exprimé publiquement pour dire que "les
rapports et les analyses" concernés, "présentés par les analystes
sont absolument vitaux pour nos efforts, particulièrement en considération de
la nature incroyablement complexe du front multiple des combats en cours en
Syrie et en Irak". Le Colonel Rider ajoute que le haut commandement
s’appuie sur ces évaluations dans l’établissement de ses plans et pour prendre
ses décisions stratégiques.
C’est en octobre 2014 que les analystes ont
commencé à émettre leurs critiques en interne ; ils ne se sont adressés à
l’Inspecteur Général que lorsqu’ils ont constaté que leurs remarques n’avaient pas
été prises en considération. Des pressions ont alors été exercées contre ceux
qui se plaignaient afin qu’ils démissionnent et certains d’entre eux ont
accepté de se retirer.
Les rapports bidouillés permettent au
Secrétaire d’Etat John Kerry d’exprimer des opinions telle : "J’ai
confiance que, sur la durée, nous allons battre, nous allons effectivement
dégrader et finalement détruire ISIS". Ils autorisent également le
Président Obama à déclarer : "Non, je ne
pense pas que nous sommes en train de perdre".
Les révoltés se gardent soigneusement de donner
des exemples spécifiques sur la teneur des renseignements qu’ils ont
communiqués suivant la voie hiérarchique et qui auraient subi des
manipulations.
Nous pouvons pour notre part, par des recoupements précis,
affirmer que c’est toute une méthode musclée qui a été instaurée par la
présidence des Etats-Unis pour subordonner les préoccupations de l’Armée et du
renseignement aux objectifs politiques désignés par M. Obama.
Des années d’un difficile travail de
reconstruction seront nécessaires lorsqu’il s’agira de rendre l’efficacité et
la confiance au Renseignement U.S. Les spécialistes des conflits en Syrie et en
Irak ont le courage de s’exprimer ouvertement, dans l’intérêt suprême de leur
pays et au risque de perdre leur job ; mais nous savons de sources sûres
que c’est l’entièreté du Renseignement américain qui est touché, et notamment
lorsque l’Administration a bémolisé ses interrogations concernant le traité
avec l’Iran.
A ce sujet, nous sommes en mesure de rapporter
que la majorité des officiers supérieurs de l’Armée sont outrés par
la manière dont les négociations entre Kerry et Zarif
se sont déroulées, et par la nature et l’étendue des concessions faites par
leur exécutif.
Parlant de cette "méthode", nous
devons relever que les sénateurs qui viennent de s’exprimer sur la nécessité
d’un vote au Congrès pour entériner l’accord n’étaient pas au courant du
contenu de ses documents annexes, qui modifient fondamentalement la partie du
traité qui a été rendue publique.
Non seulement l’Administration n’avait pas
annoncé que de telles annexes existaient, et on en ignore toujours le nombre
exact et la nature, mais John Kerry avait déclaré publiquement qu’il n’avait
pas l’intention de "divulguer les détails de l’accord". Pas même aux
sénateurs et aux représentants, qui se sont ainsi déterminés à l’aveugle.
Dans le cas de la Turquie, les analystes du
Central Command ont assurément informé Washington que l’Armée d’Erdogan n’était absolument pas en train de chasser les
islamistes de la zone d’exclusion qu’elle a proclamée sur une centaine de
kilomètres le long de la frontière syrienne, en territoire syrien. On peut
légitimement douter que les informations concernant la poursuite de
l’approvisionnement de l'EI, en armes, munitions et renforts, qui se poursuit de plus belle, atteignent les preneurs de
décisions.
Concernant "la nature incroyablement
complexe du front multiple des combats" qu’évoquait le Colonel Rider, on
craint, à Métula, que la Maison Blanche préfère ne
pas être précisément informée sur la manœuvre démoniaque opérée actuellement
par le meilleur allié d’Obama dans la région, Recep Tayyip Erdogan,
pour récupérer la majorité absolue au parlement à l’occasion de la reconvocation des élections générales dans son pays,
prévues pour novembre.
Le nouveau sultan ottoman, au prétexte ubuesque
de vouloir combattre ISIS à sa porte, a, en réalité, déclenché une guerre
quasi-totale contre le Parti [turc] des Travailleurs du Kurdistan, PKK, alors qu’un
accord de paix satisfaisant régissait les relations entre cette organisation et
Ankara.
Erdogan n’hésite pas à lancer des raids aériens meurtriers sur le mont Qandil en Irak – 50 morts cette semaine -, et même deux
brigades d’infanterie, pour traquer les combattants du PKK. Ceux-ci réagissant
en s’en prenant à des soldats et des policiers sur le territoire turc.
Il a aussi envoyé ses hordes de partisans
incultes saccager des dizaines de permanences du parti
légal des Kurdes de Turquie, le HDP, représenté au parlement.
Le 6 septembre dernier, avec l’appui des forces
spéciales de police présentes sur place, ses porte-flingues ont donné l’assaut,
quatre heures durant, aux locaux du quotidien indépendant Hürryet
(Liberté), le plus important tirage du pays, aux cris de "Toi le chien Dogan [le patron du journal], ne teste pas notre
patience !", "Re-cep Tayyip Er-do-gan", et "Allahu
akbar !".
Le commentaire d’Erdogan
à chaud sur Tweeter : "Ces choses ne se seraient pas déroulées si
nous avions reçu 400 députés".
Hürryet est un journal centriste et laïc n’ayant aucun
lien avec le PKK ni avec le HDP, mais se posant parfois les mêmes questions que
la Ména quant aux objectifs du sultan. Depuis
dimanche dernier, Hürryet a été attaqué
à une deuxième reprise.
Les intellectuels laïcs turcs attendent
désormais la "Nuit
de Cristal".
L’allié de Barack Obama, Erdogan, que la Maison
Blanche soutient ouvertement (l’UE aussi) dans sa campagne actuelle, coopérant notamment militairement avec lui dans
l’offensive visant à l’instauration de
la zone d’exclusion en Syrie, est à deux doigts de déclencher une guerre civile
dans sa région kurde, au sud-est de la Turquie.
Des lois d’exception ont été promulguées dans des
dizaines d’agglomérations kurdes, où un laisser-passer
est devenu nécessaire pour entrer et sortir, et où les arrestations arbitraires
se déroulent par milliers.
Erdogan menace plusieurs fois par jour le HDP de le rendre anticonstitutionnel
s’il répercute les doléances de la population qu’il représente.
Nous pensons qu’il va mettre ses menaces à
exécution, ce qui libérera 80 sièges sur 550 au Meclis,
faisant de la place pour son parti. En créant un conflit de toutes pièces avec
le PKK et en risquant la guerre civile, au prétexte hilarant que la nation
serait en danger, le sultan entend également raviver les sentiments
patriotiques d’une populace ignorante et facilement manipulable. Les libéraux
comparent le président à Néron.
Qui connaît ce qui précède aux
Etats-Unis ? La question est d’autant plus pertinente, urgente et
effrayante quand l’on sait que les analystes qui connaissent cette situation
voient le sens de leurs rapports, détourné et vidé de sa substance.
En Iran, en Syrie, en Irak, en Egypte et dans l’ensemble du
Moyen-Orient, Barack Obama
a muselé ses contempteurs, par la dissuasion ou la menace directe, pour faire
passer "sa politique". Il a, pour y
parvenir, porté atteinte aux forces militaires et au renseignement de son pays,
et aux hommes d’élite qui les composent. Le pire, est que personne ne connaît
la finalité politique du président, y compris le principal intéressé, j’en suis
maintenant personnellement convaincu.
Cette politique d’enfumage généralisé a déjà
chassé l’Amérique de cette région, où elle était solidement implantée avant
l’avènement d’Obama. Elle a déjà causé des milliers
de morts et ce n’est qu’un
commencement.
"Mort à l’Amérique, mort au grand Satan.
L’Iran ne parlera avec elle que des questions relatives au nucléaire à
l’exception de toute autre", vient de déclarer le guide suprême Khamenei,
tandis que les graffitis "Mort à l’Amérique ! Mort à
Israël !" apparaissaient sur tous les murs de Téhéran. A quoi Obama a répondu, parlant de sa défaite au Sénat 58-42, qui lui
permet toutefois d’entériner le traité avec Téhéran : "Ce vote est
une victoire pour la diplomatie, pour la sécurité nationale des Etats-Unis et
pour la sécurité du monde". Pendant qu’il nous chloroformait, quelqu’un a
sans doute changé la signification du mot victoire.
Voir
aussi
www.nuitdorient.com/n28101.htm