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L'Hostilité de l'Europe vis-à-vis d'Israël
va Augmenter
sous l'Influence de l'État islamique
Par Evelyne Gordon,
Commentary, 30 mars 2016
http://fim13.blogspot.fr/2016/03/lhostilite-de-leurope-vis-vis-disrael.html
Titre original : ISIS Makes the EU More Anti-Israel
L'Europe achète depuis des décennies la paix intérieure
en focalisant le djihad contre Israël. Mais l'État islamique vient de révoquer
la priorité de la "Palestine" sur les autres territoires de guerre
sainte, l'Europe par exemple... (NdT)
Lors des grands attentats terroristes en Europe, comme ceux
de Bruxelles la semaine dernière, de nombreux Israéliens se mettent à espérer
que les Européens vont finir par comprendre à quoi Israël est confronté.
Malheureusement ces attentats vont plus probablement intensifier l'activisme
anti-israélien de l'Europe. Pour en comprendre les raisons, il est intéressant
de lire un article du magazine de l'État islamique, Al-Naba
(1), qui avance une thèse surprenante : le djihad contre Israël ne doit pas
prévaloir sur le djihad ailleurs.
Cet article, traduit par MEMRI, (2) défend l'idée que le
slogan "Palestine d'abord" qui a régné en maître depuis presque sept
décennies, a conduit les bons musulmans à négliger d'autres endroits où le
djihad n'est pas moins nécessaire, où il est même parfois plus indispensable.
En réalité affirme le document, la première priorité des musulmans doit être de
purifier les terres qui sont déjà sous contrôle islamique, pour des raisons à
la fois religieuses et pratiques. Du point de vue religieux, "les apostats [tyrans
infidèles] qui règnent sur les terres islamiques sont des infidèles
encore plus néfastes que [les Juifs]." Et, du point de vue
pratique, il n'est pas possible de vaincre Israël sans détruire d'abord les
régimes arabes qui sont ses "premières lignes de défense." En
conséquence, "entreprendre le djihad dans le seul but de remplacer la
domination des Juifs par un régime semblable à ceux qui règnent actuellement à
Gaza et sur la rive ouest du Jourdain, est un djihad nul et non avenu,"
parce que l'on remplacerait des infidèles juifs par des infidèles musulmans.
Mais l'article souligne aussi que le combat contre les Juifs
ne doit pas non plus avoir la priorité sur "le combat contre les
Croisés et tous les polythéistes du monde." En réalité, "partout,
les musulmans ont le devoir de combattre les infidèles qui sont les plus
proches d'eux," dans la mesure où c'est dans leur environnement qu'ils
ont les meilleures chances de succès.
Cette dernière phrase explique à elle seule pourquoi la
vision de l'État islamique est le pire cauchemar de l'Europe. Depuis des
décennies, l'Europe vit sous un régime confortable pour elle. Tous les djihadistes du monde étaient focalisés sur Israël. Au point
qu'ils préféraient mettre entre parenthèses leur haine de l'Europe
"croisée," pourvu qu'elle poursuive l'aide qu'elle leur consent dans
leur guerre contre Israël. Comme Manfred Gerstenfeld
l'a souligné cette semaine, de nombreux pays européens, dont la Suisse,
l'Allemagne, la France et l'Italie, bénéficiaient de cet arrangement. Ils ont
trouvé des accords amiables qui permettaient aux terroristes palestiniens
d'agir en toute liberté dans leur pays. Généralement ces derniers ne craignent
pas d'être arrêtés, mais si la pression américaine exige des arrestations,
l'élargissement est rapide. En échange, les terroristes doivent s'abstenir de
lancer des attaques dans ces pays.
Ces transactions amiables n'ont pas seulement protégé
largement l'Europe du terrorisme djihadiste. Elles
semblent aussi leur avoir évité le premier piège inhérent aux accords fondés
sur l'apaisement. Le problème habituel, c'est qu'après avoir avalé la proie qui
lui est tendue, l'agresseur essaie d'en obtenir plus. Il part alors d'une
position plus forte, puisqu'en avalant la première proie il s'est déjà débarrassé
d'un premier ennemi. C'est ce qui est arrivé par exemple à l'Europe elle-même.
Ayant concédé les Sudètes à Hitler, elle dut ensuite lui donner le reste de la
Tchécoslovaquie en 1938 39, pour le voir repartir à la charge et avaler le
reste du continent un an plus tard.
Cependant, déjouant tous les pronostics, Israël n'a montré
aucun signe d'affaissement. Il s'est renforcé en dépit de plusieurs décennies
d'attaques incessantes. Pour l'Europe, c'était la solution parfaite. Si le
crocodile pouvait continuer à s'en prendre à Israël à tout jamais, les
Européens seraient assurés d'une tranquillité perpétuelle. Tout ce qu'ils
avaient à faire pour être sûrs que la bête reste bien fixée sur Israël, c'était
d'affirmer à grand fracas leur indignation permanente à l'encontre de ce pays.
Et voilà qu'à présent, de façon soudaine, cette tactique ne
marche plus. Comme une demi-portion ordinaire face à une brute, l'Europe essaye
de focaliser désespérément l'attention de la brute sur sa précédente victime.
C'est précisément pour cela que la montée de l'État
islamique ces dernières années a coïncidé avec un regain d'activité anti
israélienne des gouvernements européens. En témoignent, la décision
discriminatoire de l'Union européenne d'étiqueter les productions des
implantations, les votes de plusieurs Parlements an faveur de la reconnaissance
d'un État palestinien, ainsi que la récente initiative de la France pour
obtenir une résolution anti israélienne du Conseil de Sécurité et une
Conférence internationale. Cette dernière est placée sous la menace de la
reconnaissance de la "Palestine" si Israël ne capitule pas
complètement.
Il s'agit dans tous les cas d'efforts frénétiques pour
revenir au statu quo ante avec les djihadistes.
En substance, il s'agit de focaliser à nouveau la réprobation du monde (en
particulier du monde musulman) sur Israël, et d'affaiblir suffisamment ce
dernier pour qu'il redevienne une cible tentante pour les djihadistes.
Il ne doit pas être trop fort pour qu'on ose se coltiner à lui sans avoir à
faire tomber au préalable plusieurs pays.
Il est possible qu'un jour une nouvelle génération de
dirigeants politiques européens comprenne que cela ne marchera pas. Même si
l'État islamique est bientôt éliminé de Syrie d'Irak, ces idées sont désormais
diffusées dans l'univers djihadiste, et on ne peut
pas revenir en arrière. L'Europe ferait donc mieux de faire équipe avec Israël
contre la menace commune plutôt qu'aider les djihadistes
à jouer le jeu de la division et de la conquête. Mais pour les anciens
dirigeants politiques, les vétérans de plusieurs décennies de manipulations, la
focalisation du crocodile sur Israël à fonctionné efficacement. Pour eux, un
changement de paradigme s'avérera vraisemblablement impossible. Il est beaucoup
plus probable qu'ils choisissent l'escalade contre Israël dans un effort
désespéré pour obtenir le retour des jours heureux où les djihadistes
croyaient comme l'indiquait Al-Naba, "qu'il
ne fallait pas soulever un autre problème tant que la Palestine ne serait pas
libérée."
Cela nous amène à parler de la recette universelle de la
gauche pour améliorer les relations avec l'Europe: l'évacuation de la rive
ouest du Jourdain. Comme je l'ai souligné antérieurement, tous les faits
disponibles prouvent l'échec la théorie assurant que les concessions
territoriales sont susceptibles d'apporter l'amour de l'Europe. Cet échec est
doublement inéluctable à présent, dans la mesure où l'Europe cherche à
concentrer l'agressivité des djihadistes sur Israël.
Elle ne s'en tiendrait pas à leur donner en pâture la rive ouest du Jourdain.
Elle devrait ensuite les encourager à attaquer Israël dans le périmètre
antérieur à 1967, que ceux-ci considèrent aussi comme "des territoires
occupés."
C'est l'effet d'un mécanisme identique qui à celui qui a
conduit l'Europe à donner à Hitler le reste de la Tchécoslovaquie six mois
après lui avoir donné les Sudètes. L'apaisement exige de nourrir
continuellement le crocodile. Dès qu'il a avalé une gâterie croustillante, on
doit lui en jeter une autre.
En résumé, les relations entre Israël et l'Europe vont
probablement se détériorer avant de s'améliorer si cela arrive jamais. La seule
chose que l'on puisse faire, c'est de se protéger au mieux des effets de ces
relations détériorées en continuant de renforcer les liens économiques et
diplomatiques avec le reste du monde.
Notes du traducteur
1 - https://halummu.wordpress.com/
2 - http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/9089.htm