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Fillon, Israël et le
Moyen Orient
Par Albert Soued, écrivain, http://symbole.chez.com
06/12/16
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François Fillon sera sans doute le prochain président de la France, porté par une vague populaire
qui souhaite un mieux être sur le plan des ressources et de l'identité. La politique étrangère n'intéresse ses électeurs que dans la mesure où le candidat parvient à mieux contrôler la vague migratoire et la dangereuse évolution de l'islamisme dans le pays.
C'est dire qu'Israël et le Moyen Orient ne seront pas forcément des sujets prioritaires pour le nouveau président. Néanmoins il peut influer sur le cours des évènements dans les relations internationales, par des prises de position, et par l'envoi de moyens militaires pour combattre l'Etat islamique, présent dans une vingtaine de pays, notamment en Syrie, en Irak et en Libye.
Grand sportif come lui, il s'entend bien avec Vladimir Poutine, pour le maintien de Bashar el Assad au pouvoir, pour l'implication de l'Iran et du Hezbollah dans le combat contre l'Etat islamique et pour le sauvetage de ce qui reste comme Chrétiens d'Orient dans la région.
L'attitude de François Fillon à l'égard des Juifs et d'Israël est ambigüe. Ainsi on note dans le passé des propos contradictoires, mais l'auteur annonce toujours qu'il a été mal compris, ménageant la chèvre et le chou. Ses déclarations, parfois blessantes, ne peuvent s'expliquer que par une méconnaissance du judaïsme et de la situation réelle sur le terrain du Moyen Orient.
Ainsi quand il parle de l'abattage rituel comme une pratique rétrograde, il ignore le processus et sa symbolique. Quand il dit que les résidents juifs de Judée-Samarie ont "mité" la Cisjordanie, il emploie une terminologie "nazie" qui sans doute dépasse sa pensée.
D'autres interventions dans ses discours ont choqué comme celle-ci: « Les intégristes sont en train de prendre en otage la communauté musulmane, il faut combattre cet intégrisme. Comme d’ailleurs dans le passé on a combattu une forme d’intégrisme catholique ou comme on a combattu la volonté des Juifs de vivre dans une communauté qui ne respectait pas toutes les règles de la République française »- Or la communauté juive ne s'est refermée sur elle-même que lorsqu'on l'y a obligé.
En ce qui concerne Israël et la volonté de Fillon d'inclure un groupe terroriste, le Hezbollah, dans la coalition qui lutte contre l'Etat Islamique, le député UDI Meyer Habib définit bien la situation: "François Fillon a une très solide expérience et un programme ambitieux en matière économique et sociale. S’agissant d’un sujet qui m’est cher, la politique extérieure et la sécurité d’Israël, il y a eu des prises de position contrastées. Pour être parfaitement transparent, si François Fillon a donné des gages d’amitié à Israël au cours des dernières semaines, notamment en s’opposant au BDS et en dénonçant le vote à l’UNESCO, je reste préoccupé par ses projets d’alliance avec l’Iran, le régime syrien d’el-Assad et le Hezbollah contre l’État islamique."
Je me suis toujours demandé pourquoi le Hezbollah braquait sur Israël un arsenal de 150 000 missiles -- très peu de pays possèdent un arsenal aussi important -- mettant en danger le Liban, alors que ni Israël, ni aucun autre pays ne le menaçait. Peut-être que François Fillon aura l'opportunité d'apporter une réponse.
D'un autre côté, François Fillon a beaucoup d'admiration pour les réalisations de l'état juif. Durant son discours au Campus francophone de Netanya en 2014, il avait adopté une posture très pro-israélienne: « Je veux dire tout l’honneur que je ressens à être votre hôte et toute mon émotion de m’exprimer devant la jeunesse israélienne qui est l’âme de votre étonnante nation, avait-il déclaré. J’ai toujours été passionné par le destin d’Israël et intéressé par les enjeux que recouvre cette région qui a vu s’écrire les pages les plus anciennes et les plus intenses de l’humanité. Pendant la guerre du Kippour, j’ai tremblé pour Israël. Chacune de nos nations a dû surmonter des épreuves pour exister et s’unir, mais Israël n’est pas tout à fait une nation comme les autres. »
Evoquant la Shoah, il a expliqué que « la République française est et sera toujours intraitable à l’égard de l’antisémitisme, comme elle l’a été récemment à l’égard d’un humoriste [Dieudonné] aux propos abjects. En France, l’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit ! Pour moi, les choses sont claires : la liberté d’expression ne peut être instrumentalisée par les adversaires de l’unité française et les violeurs de mémoire ! .... Ce qui vous touche nous touche, ce qui vous tourmente nous tourmente, car il existe entre Israël et la France, entre Israël et l’Europe, un lien moral et historique, avait-il poursuivi. L’existence d’Israël n’est pas discutable, et sa sécurité n’est donc pas négociable. Israël est notre ami et notre allié et quiconque menacerait son existence s’exposerait à notre réaction la plus rude. […] Pour votre sécurité, pour faire advenir cette paix, sachez que la France restera toujours à vos côtés. Israël, c’est la porte de notre propre Histoire ; c’est l’amie et la confidente de la vieille Europe »
Sur le plan du conflit israélo-arabe, il semble méconnaître ou sous-estimer le refus catégorique des Arabes de reconnaître en leur sein un état juif. Il annonce ainsi: « Je dis aux Israéliens que s’ils n’acceptent pas, s’ils ne comprennent pas que la création de cet État palestinien est la condition sine qua non de la paix dans cette région, non seulement ils prennent des risques pour l’avenir à long terme, mais ils font prendre des risques au monde entier. Parce que je pense qu’aujourd’hui, la situation au Proche Orient est une menace pour la sécurité intérieure de nos propres pays » (1)
François Fillon considère qu'Israël, un état fort, peut se permettre d'avoir en son sein un 23ème état arabe, voué à sa destruction, comme le Hamas dans la bande de Gaza. Mais il va trop loin quand en octobre 2015, il appelle la communauté internationale à faire pression sur Israël pour une paix avec les Palestiniens: « [Israël] ne [va] pas rester à l’abri du chaos qui est en train de s’emparer du Proche Orient ... Cette idée qu’Israël pouvait rester une sorte d’îlot pacifique et prospère au milieu de cette guerre est une idée folle, qui surtout aujourd’hui se révèle être une idée fausse. Il faut faire pression sur Israël pour qu’il accepte de rentrer dans un processus de négociation et en particulier qu’il libère les territoires sans lesquels il n’y aura jamais de paix en Palestine. Un certain nombre de colonies sont créées en contradiction totale avec les engagements qui avaient été pris dans le cadre des accords précédents »
Ainsi François Fillon diverge sur de nombreux points avec Israël. Il sous-estime le danger que présente la volonté d'hégémonie des ayatollahs d'Iran dans la région, et la création d'un dangereux axe shiite reliant la Méditerranée au Golfe persique. Il sous-estime les groupes terroristes comme le Hezbollah et les cellules dormantes à travers le monde, affiliés à l'Iran.
Il sous-estime le refus catégorique des Palestiniens endoctrinés de vivre pacifiquement auprès de leur voisin juif.(voir www.nuitdorient.com/n28151.htm ) (2)
Mais on ne peut spéculer déjà sur l'évolution de la situation en 2017/8 et sur l'ampleur des interventions américaines sous Donald Trump, par rapport à celles de l'administration Obama. Mais les nominations déjà effectuées à certains postes laissent présager une attitude beaucoup plus ferme à l'égard de l'Iran et une meilleure compréhension des menaces qui guettent l'état juif.
François Fillon devra en tenir compte malgré sa solide amitié avec Poutine.
Notes
(1) Le ministre de l'infrastructure nationale appartenant au Likoud Youval Steinitz déclare dans une interview à la radio israélienne: "Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne sont voués à la destruction d'Israël....Ils ne reconnaîtront jamais un état juif indépendant... Abbas est pire qu'Arafat, il est l'ennemi numéro un de l'existence de l'état d'Israël. Tzipi Hotovely ministre-adjointe des Affaires Étrangères, quant à elle, a demandé à son homologue d'Uruguay, membre du Conseil de Sécurité de l'ONU, de transmettre un message à Abbas, afin qu'il cesse son "terrorisme diplomatique" dans les instances internationales.
(2) Mus par un relent d'antisémitisme et un besoin de compassion, certains, mal informés par les medias, ont trouvé sur leur chemin un exutoire, le pauvre Palestinien, sans vérifier s'il s'agit d'une méprise, d'une fiction ou d'un "hoax"!
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