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Echecs au Moyen Orient
Par Albert Soued, écrivain, pour www.nuitdorient.com
5/8/18
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Décidément, le Moyen Orient semble condamné à s’enfoncer dans la nuit de la médiocrité et de la barbarie. Toutes les velléités de renouveau se sont soldées par des échecs ou ont été étouffées. En dehors de quelques émirats qui ont une population limitée et d’énormes ressources naturelles, les pays du Moyen Orient stagnent sur le plan socio-économique, quand ils n’ont pas sombré dans le chaos.
En 1974 déjà,
j’écrivais que 22 pays au Proche et Moyen Orient pesaient à peine 4 % des
exportations mondiales, et affichaient un niveau de vie stagnant depuis 30 ans
! En l'espace de trois décennies dans le monde, des dizaines de pays sont
sortis du sous-développement et de la dictature, mais pas en Orient. Pas
l'Egypte, ni l'Iran, ni l’Irak. Bien au contraire, la moitié des jeunes adultes
de la région expriment leur désir d’émigrer. Sur cet échec, prospèrent le
découragement, l'extrémisme, le terrorisme…. Et les spécialistes accusaient à
l’époque 3 « plaies » locales: « le
manque de liberté, l'aliénation des femmes et la faiblesse du processus
d'acquisition et d'usage du savoir », sans
citer un facteur déterminant sous-jacent,
l’Islam, car « seuls les livres sur la religion font un
tabac ».
Le printemps « arabe » de 2011, qui semblait une occasion d’aller vers la modernité et éradiquer ces plaies, s’est soldé un peu partout par des échecs et un chaos encore plus grand. Depuis 2011, 4 pays vivent une guerre civile, la Libye, le Yémen, la Syrie et l’Irak. Dans ces 2 derniers pays, la situation semble se stabiliser sur le plan militaire, mais pas sur le plan socio-politique.
D’une part, les « peshmergas », guerriers des minorités kurdes, ont réussi à détruire l’Etat islamique qui occupait une bonne partie de ces 2 états, d’autre part l’intervention russe en Syrie et celle des milices iraniennes en Syrie comme en Irak a permis l’occupation du terrain par les armées régulières, ce qui a mis fin aux conflits armés, mais pas aux attentats sporadiques permanents.
L’histoire de l’Irak comme ses richesses en faisaient le pays du Moyen-Orient le plus doté d’atouts pour prospérer. Mais des décennies de violences, une succession de gouvernants sans scrupule, la corruption, le tribalisme, la dépendance extérieure et l’incompétence… l’ont transformé en un Etat défaillant, où les émeutes sont quotidiennes.
La volonté farouche de la minorité alaouite des Assad de garder le pouvoir en Syrie, à tout prix, a entraîné les coûts suivants : ½ million de morts, la moitié de la population déplacée, en grande partie vers les pays voisins, 30% du patrimoine immobilier détruit, 4 personnes sur 5 sans emploi, 230 milliards $ de pertes dues à la guerre civile…
Au Yémen, la
coalition sunnite venue au secours d'Abdel
Mansour Hadi, élu en 2012, à la suite de la révolution yéménite, et obligé par
une rébellion à se réfugier à Aden, ne parvient pas à le rétablir à Sanaa. La capitale a été occupée par la
minorité shiite houthie, aidée par l’Iran. Depuis fin
2014, celle-ci contrôle de vastes régions du nord et de l'ouest du Yémen. Par ailleurs, l'Iran voit dans ce conflit un moyen de
pousser l'Arabie saoudite à s'enliser dans une guerre qu'elle ne peut pas
gagner. Le pays étant
sous blocus saoudien, cette guerre civile entraîne une catastrophe humanitaire»
(famine, choléra…). Les 2/3 de la population du pays
souffrent d’insécurité alimentaire et de dénutrition.
En Libye, 2 pouvoirs se narguent mutuellement, l’un à
Tripoli, avec le 1er ministre Fayez al-Sarraj, l’autre à Benghazi, avec le maréchal Khalifa Haftar,
soutenu par l’Arabie et l’Egypte, et son Armée nationale
libyenne (ANL), autoproclamée.
A cela s’ajoutent une myriade de milices soutenues par des forces politiques
régionales, fragmentées et tribales, qui s’opposent les unes aux autres, dont
certaines islamistes sont soutenues par le Qatar et la Turquie. On ne voit
aucune initiative sérieuse et acceptée permettant d’aboutir à la réunification
du pays.
Sept ans après la révolution du 25 janvier 2011, la situation égyptienne apparaît très contrastée. L’enthousiasme suscité par l’arrivée au pouvoir du général Sissi en juillet 2013, chassant le régime islamiste des Frères Musulmans, a fait place à une sorte de désenchantement. La situation économique et sociale n’a jamais été aussi mauvaise, avec une démographie galopante et des ressources somme toute limitées. Les grands projets entrepris (port de Suez, 2ème voie d’eau sur le canal de Suez, nouvelle capitale, exploitation du bassin gazier…) ont surtout profité à l’armée et à la nouvelle classe d’affaires du régime. Au niveau sécuritaire, la menace des groupes jihadistes, au départ confinée au nord du Sinaï, s’est étendue à l’intérieur du pays. Le Maréchal Sissi a entrepris de supprimer toutes les formes de contre-pouvoir existant, la répression s’étendant aux milieux universitaires et aux cercles intellectuels.
En Turquie, en 16 ans de pouvoir, le président Erdogan et son parti ont réussi à accaparer tous les rouages de l’Etat et à neutraliser les acquits du laïc Aataturk. Toute opposition a été jugulée. Beaucoup de ressources sont utilisées pour contenir l’émancipation de la minorité kurde qui cherche à obtenir une certaine autonomie, au sein de cette nouvelle dictature. L’armée turque est même intervenue au nord-ouest du territoire syrien pour occuper la région kurde d’Afrin et l’empêcher de former une ligne continue avec la zone kurde en Syrie orientale. Après une certaine expansion, l’économie du pays et sa monnaie sont en chute libre.
En 39 ans, les ayatollahs ont transformé l’Iran en oligarchie religieuse protégée par nombre de milices comme les Gardiens de la Révolution ou les « basijis », qui ont accaparé la majeure partie de l’économie aux dépens des classes moyennes. Les sanctions américaines, la sécheresse endémique et les répressions ethniques contribuent aux soulèvements périodiques, qui n’ont pas encore abouti à un renversement de régime. Sur le plan économique, le pays est au bord de la faillite et la situation ne peut que se dégrader avec le renforcement des sanctions étrangères.
Violence
et Autoritarisme
Depuis la fin de la 2ème guerre mondiale, les conflits internes ou externes n’ont pas cessé. Le tableau ci-dessous donne la liste des conflits et les pertes humaines qui en découlent : on dépasse les 5 millions de morts !
Ainsi, depuis sa création en
1965, l’Autorité palestinienne a consacré la majeure partie de ses ressources,
provenant de dons internationaux, à fomenter des attentats contre ses voisins,
israélien comme égyptien, et à provoquer des conflits violents, au lieu de
construire un état viable.
Bien que ne représentant que 20%
de la population mondiale, les Musulmans interviennent pour 40% à 50% du coût
de la violence dans le monde, soit un supplément dû à la violence de cette
culture, allant de 3000 à 4500 milliards $/an (voir www.nuitdorient.com/n23111.htm )
Deux cinglés de l'autoritarisme
sont arrivés au sommet de leurs turpitudes.
- Turquie : en 16 ans, Erdogan a transformé son
pays en dictature islamo-fasciste. Son dernier exploit, se débarrasser de
celui qui l'a aidé à prendre le pouvoir, Fethulah
Gülen, par panaroïa, en éliminant
plusieurs milliers de partisans, après un coup d'état provoqué.
- Iran: en 39 ans, les Guides Suprêmes Khomeini
et Khamenei et leurs ayatollahs ont transformé le pays en cleptocracie
où une vingtaine de milliers de personnes contrôlent 80% du pays et des ressources.
Dernier exploit: jeter en prison un ancien président, Ahmedinejad, qui protestait contre ses pairs, parce qu'il
n'avait pas détourné autant d'argent qu'eux...!
Pertes dans les Conflits du Moyen Orient
Pays |
Conflit
|
Nb
Morts |
Voir
article www.nuitdorient.com |
Iran |
Répression émeutes 1978/79 Guerre Iran/Irak 1980/88 Répression kurde |
80000 1300000 35000 |
|
Turquie |
Répression kurde Répression Emeutes |
45000 5000 |
|
Arabie
|
|
|
|
Egypte
|
Attentats islamistes au Sinaï |
5000 |
|
Irak |
Répression minorités 1970/2003 Guerre civile 2011/17 |
300000 100000 |
|
Syrie |
Répression sunnite Hama 1982 Guerre civile 2011/18 |
20000 500000 |
|
Liban |
Guerre civile 1975/90 |
250000 |
|
Jordanie
|
|
|
|
Libye |
Guerre civile 2011/17 |
10000 |
|
Yémen |
Guerre Nord Yémen 1962/70 Guerre civile 2014/18 |
100000 60000 |
|
Eau |
|
|
|
Koweit |
Guerre du Golfe1990 |
230000 |
|
Bahrein |
|
|
|
Oman |
|
|
|
Soudan
|
Guerre civile 1955/72 Conflit Darfour Conflit Kordofan |
1600000 300000 10000 |
|
Qatar |
|
|
|
AP |
Conlit israélo-arabe 1948/2018 |
100000 |
|
Total |
|
5050000 |
|