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La Doctrine Trump
ou Comment y Voir Clair
par Hélios d’Alexandrie
21/10/19
pour Dreuz.info.
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générale au Moyen Orientle sens des événements.
Les raisons qui ont conduit l’administration Trump
à retirer le contingent de mille soldats déployés dans le Kurdistan syrien,
ont été occultées. À la place, on a choisi délibérément de parler de mauvais
jugement, de coup de tête irréfléchi ou pire encore de trahison.
La cécité volontaire des experts
L’élimination à toutes fins pratiques du califat islamique (DAESH)
n’a pas été portée au crédit de Donald Trump. Détail
« négligeable » et consciencieusement oublié, nul parmi les
pourvoyeurs de nouvelles ne s’est donné la peine de rapporter, qu’en écrasant
ledit califat Trump avait encore une fois tenu
promesse. Dire que Trump est mal aimé des salles de
nouvelles est un euphémisme, exécré ou haï serait plus juste, et cette
exécration ou cette haine brouille la vue des journalistes, des analystes et
des supposés experts. Il est tout de même triste de constater que ceux dont le
code d’éthique impose la neutralité et l’objectivité, n’ont d’autre souci que
nous inciter à partager leur haine.
Ceux parmi les « experts » qui ne se laissent pas happer
par le courant dominant, mais qui choisissent de critiquer les orientations
stratégiques du président américain, sont certes plus crédibles. Sans remettre
en question leurs préférences, ils laissent la porte ouverte à la discussion;
c’est à tout à leur honneur, cependant leur vision dans le champ de la
géopolitique ne tient pas compte des nouvelles réalités. À l’exemple de
certains généraux, ils s’acharnent à livrer les batailles du passé.
Le monde n’est plus ce qu’il était
Le monde a changé et le changement se poursuit, tantôt au ralenti
et tantôt en accéléré. La chute de l’URSS a produit un monde unipolaire avec,
comme unique superpuissance, tant économique que militaire, les États Unis
d’Amérique. Mais cette situation n’a pas duré longtemps et il faut porter au
crédit de l’Amérique le fait qu’elle ait permis l’émergence de concurrents et
le retour de la Russie sur la scène internationale. La mondialisation a été le
facteur déterminant dans à peu près tous les changements, dont le plus
important est l’émergence de la Chine et la croissance à marche forcée de son
économie.
D’autres changements déterminants ont eu lieu, dont la création de
l’Union Européenne, l’émergence de nouvelles puissances économiques telles que
l’Inde et le Brésil, l’irruption de l’islam en tant qu’idéologie subversive
conquérante et sanguinaire, la mutation du marxisme et son incursion dans les
champs de la culture et de l’environnement, l’apparition d’une nouvelle
idéologie, le mondialisme, hostile aux nations, à leurs frontières, à leur
identité, et dont l’alliance avec le marxisme et l’islam vise à saper les
fondements des sociétés occidentales.
Les peuples occidentaux ont payé un lourd tribut à la
mondialisation: délocalisations, désindustrialisation, baisse des salaires et
des pensions, chômage structurel, précarité, marasme des petites villes au
profit des grands centres urbains, immigration incontrôlée, choc des cultures,
insécurité, terrorisme etc. De plus le marxisme culturel s’est activé à travers
le système éducatif et les médias à subvertir la culture et les valeurs
traditionnelles, réduisant d’autant la capacité de résistance des sociétés
occidentales.
l’Amérique n’a échappé ni aux
méfaits de la mondialisation, ni à la nuisance du marxisme culturel. Les
attentats islamiques du 11 septembre 2001 l’ont amenée à lutter contre le
terrorisme ce qu’elle s’est évertué à faire sans toutefois s’attaquer à
l’idéologie islamique qui en est la cause. Il en a résulté une dépense
inconsidérée de ressources dans des guerres asymétriques et interminables. L’épuisement
qui en a découlé a mis en évidence les limites de la puissance américaine,
ainsi que les carences de la stratégie mise en avant durant le quart de siècle
qui a suivi la chute de l’URSS.
Une stratégie adaptée aux nouvelles réalités
Bien avant d’être élu, Donald Trump
était au fait des difficultés et des défis qu’en tant que prochain président il
allait affronter. Remettre en question voire dénoncer
les délocalisations, l’immigration illégale et l’interventionnisme armé de ses
prédécesseurs, lui a valu l’antipathie voire l’animosité de l’establishment
politique et médiatique. Tout en levant le voile sur les erreurs du passé et
leurs effets délétères sur la nation, il ne manqua pas de proposer des réformes
profondes et des mesures drastiques pour corriger la situation. En politique
étrangère une nouvelle stratégie s’imposait, laquelle devait forcément tenir
compte des nouvelles réalités. Celles-ci peuvent se résumer comme suit:
1. L’adversaire principal de l’Occident n’est pas la Russie de
Poutine, mais la Chine et ses ambitions hégémoniques.
2. Les États-Unis sont à présent le plus grand producteur de
pétrole et de gaz naturel au monde. Leur part du marché mondial continuera de
progresser, dépassant en termes de croissance celles de tous les autres producteurs
réunis. Les prévisions de l’AIE (Agence internationale de l’énergie basée à
Paris) concernant la production américaine en 2030 sont de 32 millions de
barils de pétrole par jour. Grâce à Trump les
États-Unis domineront le marché de l’énergie au cours des prochaines décennies.
Nul ne peut ignorer l’impact stratégique de cet état de domination.
3. Les États-Unis sont le principal acteur stratégique dans la
région du golfe Persique, où 30% du pétrole mondial est produit et expédié. À
partir de leurs bases navales et de leurs porte-avions, ils contrôlent une
grande partie de l’approvisionnement en pétrole de la Chine.
4. L’Europe est un géant économique mais un nain stratégique. Elle
n’a pas la volonté de se doter d’une puissance militaire proportionnelle à sa
taille ni de réduire sa dépendance à l’égard des forces armées américaines.
5. Sur la base des mauvaises expériences du passé, les citoyens
américains sont plus que réticents à l’idée d’intervenir militairement dans des
pays étrangers.
6. Les changements de régime et les tentatives de démocratisation
des pays islamiques ont tourné court; les printemps arabes se sont mués en
hivers islamiques avec, dans bien des cas, un retour à la dictature. L’islam
est maintenant reconnu comme un obstacle majeur à la démocratie, aux droits de
l’homme et à la primauté du droit, et cet état de choses ne fera que
s’aggraver.
7. La mondialisation se poursuivra mais l’idéologie mondialiste
s’essouffle. Le nationalisme gagne du terrain un peu partout: l’Europe de
l’Est, la Grèce, l’Italie, l’Autriche, le Royaume-Uni, les États-Unis, la
Russie, le Brésil, l’Inde, les Philippines, le Vietnam, etc.
8. La Russie est un nain économique et un géant nucléaire, mais
elle n’a pas l’envergure d’une superpuissance (un seul porte-avions presque en
ruine, peu de bases militaires à l’étranger, un nombre limité d’avions modernes
et un budget de défense relativement petit). La Russie peut jouer un rôle
important en Europe de l’Est, au Moyen-Orient et en Asie centrale, mais pas à
l’échelle mondiale. La Russie est aussi un pays chrétien et sa culture n’est
pas étrangère à celle de l’Occident.
9. L’Inde est un géant démographique et elle est sur le point de
l’être sur le plan économique. Elle devra tôt ou tard faire face au défi d’une
Chine hégémonique.
La stratégie américaine est conçue en fonction des réalités
nouvelles et émergentes. Les implications sont les suivantes:
1. La priorité pour les États-Unis est de s’attaquer
économiquement et stratégiquement au plus grand défi: la Chine.
2. Auto-suffisants et même exportateurs net de pétrole et de gaz,
les États-Unis n’ont plus d’intérêts vitaux au Moyen-Orient; mais en tant que
superpuissance ils ont un intérêt stratégique majeur dans la protection des
flux de pétrole et de gaz naturel liquéfié; qui contrôle le golfe Persique a la
haute main sur les affaires mondiales. C’est pourquoi ils se doivent de mettre
fin aux ambitions hégémoniques de l’Iran.
3. Les États-Unis doivent se tenir à bonne distance des conflits
régionaux qui présentent peu ou pas d’importance stratégique à long terme. Les
conflits régionaux dans les pays islamiques sont nombreux, complexes,
particulièrement sanglants et interminables, ils doivent donc être évités sauf
s’ils menacent directement les intérêts stratégiques des États-Unis.
4. L’Amérique n’a aucun intérêt à maintenir des relations tendues
avec la Russie. Concrètement elle partage avec la Russie des objectifs communs,
soit la défaite du djihad mondial et l’affaiblissement du mondialisme.
5. La Russie, en tant qu’ancienne superpuissance hégémonique
constitue une menace pour l’Europe de l’Est, en particulier les États baltes,
la Pologne et l’Ukraine. Le risque de conflit peut être réduit ou éliminé par
la dissuasion (bases militaires en Pologne, vente d’armes défensives à l’Ukraine),
par les sanctions économiques et par la diplomatie.
6. Poutine comprend que les États-Unis ne constituent pas une
menace pour la Russie et Trump sait également que la
Russie n’est pas une menace pour les États-Unis. Mais une Chine hégémonique est
une menace à long terme, et pour la Russie et pour les États-Unis. Américains
et Russes n’ont aucun intérêt à entretenir leurs différends, il est plus
logique et profitable pour eux de coopérer, ils doivent par conséquent mettre
fin à leur rivalité. Les négociations et la confiance mutuelle entre les
dirigeants sont primordiales.
7. L’établissement de bonnes relations et l’intensification de la
coopération avec l’Inde contribuent également à faire contrepoids à la Chine.
8. Dans la poursuite de ses intérêts nationaux, les États-Unis
doivent prendre en compte les intérêts nationaux d’autres pays, alliés et
adversaires. Pour l’Amérique l’objectif n’est pas d’imposer sa volonté, mais de
trouver des bases communes et des compromis afin de renforcer la coopération
avec ses alliés et prévenir les conflits à long terme avec les adversaires.
9. L’effet de levier qu’accorde la puissance économique constitue
l’arme privilégiée en cas de conflit. La force des armes ne doit être utilisée
qu’en dernier recours et en cas de légitime défense.
10. La puissance militaire et le pouvoir économique, sont des
auxiliaires indispensables à la diplomatie: parlez doucement et tenez un gros
bâton.
11. Les États-Unis ne doivent jamais s’engager dans une guerre si
la victoire militaire ne peut se traduire par un gain politique décisif.
Tout ce qui précède constitue ce que l’on peut appeler la doctrine
Trump laquelle vise à contenir la Chine et à mettre
fin à l’expansionnisme de l’Iran. Comme on peut le constater Trump n’est pas isolationniste, il est plutôt réaliste et
pragmatique, contrairement à d’autres personnalités politiques américaines, il
rejette la logique obsolète de la guerre froide.
Le maître du jeu
Trump résiste avec succès
aux pressions; la guerre au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique ne lui dit
rien qui vaille. Les pressions exercées sur lui proviennent autant de la classe
politique à Washington que d’Israël, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes
Unis. Il n’est pas tombé dans le piège turco-kurde et s’est abstenu de
bombarder l’Iran en représailles pour son raid sur les installations
pétrolières saoudiennes. Il a fait preuve d’astuce, car en retirant les soldats
américains de la Syrie, il a forcé les Kurdes à se tourner vers Assad et la Russie. Du coup, le conflit change de visage,
il n’oppose plus la Turquie aux seuls Kurdes, mais oppose la Turquie à la Syrie
et aux kurdes, soutenus ensemble par la Russie. La tension monte entre la
Turquie et la Russie et même entre la Turquie et l’Iran, ce dernier n’est pas
heureux de voir les Turcs menacer la Syrie qui à leurs yeux est un satellite.
C’est ainsi que l’agression turque contre la Syrie (et pas seulement contre les
Kurdes) transforme d’anciens «alliés» (Russie, Turquie et Iran) en rivaux. Les
gagnants à ce jeu sont Trump, Poutine et Assad. Trump parce qu’il est
parvenu, sans tirer un coup de feu, à disloquer l’alliance Russie-Turquie-Iran,
Poutine parce qu’il devient de facto le protecteur de la Syrie et Assad parce qu’il récupère tout le territoire syrien.
L’Iran est aux prises avec des sanctions économiques
incapacitantes, un Iran affaibli est une bonne nouvelle pour Poutine. Avec le
temps, l’Iran continuera à perdre de la force et Trump
et Poutine libéreront la Syrie de l’emprise iranienne.
Erdogan apparaît comme le
grand perdant de la partie. Ses troupes de choc composées de supplétifs djihadistes se sont heurtées à des combattants kurdes
aguerris et bien préparés. La promenade militaire qu’il espérait n’a pas eu
lieu, la résistance héroïque des kurdes a arrêté l’avance de l’ennemi et lui a
fait même subir des revers. À cette humiliation s’est ajoutée une autre, en
décrétant des sanctions économiques contre la Turquie, le président américain
l’a contraint à cesser les hostilités et à s’asseoir à la table de négociation.
Trump reste le maître du jeu.
L’Iran dans la mire
L’argent est le nerf de la guerre et les mollahs iraniens qui en
manquent terriblement poursuivent quand même leur fuite en avant. Ce faisant
ils ne parviennent plus à cacher leurs intentions et donnent pleinement raison
à Trump et Netanyahu. Il y a cinq ans Obama, dans un marché de dupe monumental, a accordé aux
mollahs tout ce dont ils avaient besoin pour réaliser leur projet hégémonique,
lequel comprend la satellisation du croissant fertile (Irak et Syrie), la
destruction d’Israël, la déstabilisation du Yémen et le contrôle effectif de
toute la production pétrolière des pays riverains du Golfe persique.
Mais l’Iran n’a pas que des ambitions régionales et son
impérialisme n’est pas que territorial et politique, la dimension religieuse y
tient une place de choix. Les mollahs chiites se positionnent comme champions
toutes catégories de l’islam; aux musulmans essaimés un peu partout ils veulent
prouver qu’eux seuls, animés par une conviction et une volonté inébranlables,
sont à même de faire triompher l’islam. Le jihadisme
sunnite use de pétards, tandis qu’eux s’emparent de territoires, lancent des
missiles et fabriquent l’arme nucléaire. La guerre ne se déroule pas uniquement
sur le terrain, mais davantage dans l’esprit et le cœur des musulmans; la
dimension prosélyte est indissociable de l’impérialisme iranien.
En se retirant de l’accord sur le nucléaire et en imposant des
sanctions étouffantes, Trump a cherché à briser
l’élan des mollahs. Mais ces derniers ne l’entendaient pas de cette oreille,
plutôt que d’ajuster leur effort de guerre au peu de ressources disponibles,
ils ont choisi de brûler la chandelle par les deux bouts, espérant par là
frapper un grand coup et tourner la situation à leur avantage. Mais tout ce
qu’ils ont entrepris contre Israël a échoué lamentablement, leurs dépôts
d’armes et leurs bases de missiles en Syrie et en Irak ont été systématiquement
détruits, dans certains cas juste avant le lancement des engins, des centaines de
militaires et de techniciens iraniens ont été tués ou blessés lors de ces
opérations. À l’entêtement suicidaire des mollahs, les israéliens ont opposé le
sang froid du tireur d’élite.
Cherchant à pousser Trump à répliquer
par les armes, les mollahs ont multiplié les provocations: sabotage de
pétroliers, tirs de missile contre un drone américain et bombardement
d’installations pétrolières en Arabie Saoudite. Trump
est resté de marbre et n’a pas dévié de son plan initial, celui de laisser les
mollahs s’agiter et gaspiller toutes leurs cartouches. La levée des sanctions
est conditionnelle à ce qu’ils abandonnent leurs ambitions nucléaires, arrêtent
la production de missiles de moyenne et longue portée, retirent leur appui au
Hamas et au Hezbollah et renoncent pour de bon à leur projet impérialiste.
L’attitude attentiste adoptée par Trump
lui a valu des critiques acerbes: ne pas réagir constitue un encouragement à
l’Iran, laisser l’initiative aux mollahs leur permet de poursuivre sans
obstacle leur plan. Trump n’a pas bronché sachant que
ceux qui le somment d’attaquer l’Iran, seront les premiers à déplorer les
victimes de la guerre et à exiger qu’on mette fin aux hostilités. Aux saoudiens
qui lui demandaient de réagir, Trump leur a suggéré
de le faire eux-mêmes. Aux politiciens américains qui exigeait une réplique
militaire, Trump leur a rappelé qu’il est de loin
plus facile de déclarer la guerre que d’y mettre fin.
Cependant Trump avait toutes les raisons
d’être satisfait de la suite des évènements: le raid destructeur contre les
installations pétrolières saoudiennes a apporté la preuve qu’il est possible
d’amputer de 50% la production de l’Arabie Saoudite sans provoquer une hausse
significative du prix du pétrole. Le fait est qu’il existe à présent une surabondance
de pétrole grâce entre autres à l’augmentation continue de la production
américaine. Les iraniens croyaient frapper un grand coup et ils y ont largement
réussi, mais le résultat final est à leur désavantage. Ils ont apporté la
preuve que le pétrole du Golfe Persique, dont le leur fait partie, a perdu de son importance, qu’il est possible d’amputer toute
la production de l’Iran et la moitié de celle de l’Arabie sans provoquer de
secousses dans l’économie mondiale.
Cet incident conforte Trump dans sa stratégie.
L’Angleterre, la France et l’Allemagne ont fini par admettre la responsabilité
de l’Iran dans le raid et sa volonté de nuire à l’économie mondiale. Le
jusqu’auboutisme des mollahs a été contreproductif, dans la mesure où il a
contribué à rapprocher les européens des positions adoptées par les États Unis.
Mais l’agression iranienne a du même coup attiré l’attention sur les risques
d’une trop grande dépendance au pétrole islamique, les pays industrialisés se
trouvent à présent dans l’obligation de diversifier leurs sources
d’approvisionnement.
Trump attend patiemment
que le fruit mûr tombe de l’arbre. L’étranglement de l’économie iranienne
affaiblit la capacité des mollahs de poursuivre la guerre sur plusieurs fronts.
Les miliciens du Hezbollah, ceux d’Irak, les combattants houthis
et les djihadistes palestiniens, ne risquent pas leur
vie uniquement pour la cause d’Allah et les beaux yeux du guide suprême. On
constate déjà les effets du manque d’argent, les libanais sont dans la rue et
manifestent violemment contre leurs dirigeants, leur économie mise à la disette
par les monarchies pétrolières, ne peut plus compter sur la générosité des
mollahs, les miliciens du Hezbollah ont de la difficulté à nourrir leur
famille, le moral est au plus bas et nul dans les circonstances n’est prêt à se
sacrifier pour une cause perdue.
La Syrie réunifiée
En Syrie Assad est hors de danger, il
doit son salut principalement à Poutine, mais sans l’Iran et le Hezbollah il
n’aurait jamais tenu aussi longtemps. Sa bonne fortune ne l’a pas abandonné et
il doit s’estimer heureux que Trump ne soit pas en
faveur d’un changement de régime. Dictateur sans scrupules, il doit suivre d’un
œil inquiet les évènements au Liban, car il ne sera probablement plus en mesure
de compter sur le Hezbollah. Qu’à cela ne tienne, Trump
lui tend une perche, les kurdes n’ont d’autre choix que de se joindre à lui et
grâce à eux il réalise l’unité territoriale de la Syrie. Mais il lui reste à
rebâtir son pays, l’Iran ruiné n’a rien à lui donner, la Russie très peu, les
monarchies pétrolières, elles, l’aideraient volontiers s’il laissait tomber
l’Iran. Assad est un nationaliste ombrageux, il a une
dette de reconnaissance envers les perses, mais pas au point de jouer les
satrapes; il sait reconnaître un vaisseau en perdition et n’a aucune envie de
sombrer avec lui.
En rendant possible la réunification de la Syrie, Trump a suscité des grincements de dents jusque dans son
propre camp. Sa décision est pourtant conforme à la stratégie et à la ligne de
conduite qu’il s’est fixées bien avant d’être élu. Dès lors que la création
d’un État kurde sur l’ensemble du Kurdistan est exclue, il n’est pas opportun
de séparer le territoire kurde syrien de la Syrie. Trump
juge que la guerre civile a assez duré et qu’il est temps de mettre fin aux
destructions et à l’effusion de sang. Contrairement à la Russie les États Unis
n’ont qu’un intérêt stratégique marginal dans le conflit syrien. Après
l’annihilation du califat islamique, la présence de soldats américains en Syrie
ne présente aucun intérêt.
En conclusion
Ceux qui, par réflexe quasi pavlovien, critiquent Trump à tort et à travers, se condamnent à ne rien
comprendre à sa politique extérieure. Tel que mentionné plus haut le président
américain est un réaliste pragmatique, l’idéologie et les préjugés ne tiennent
aucune place dans ses orientations stratégiques, la réalité seule a droit de
cité. Trump joue toujours pour gagner, et dans ce but
il met à contribution toute la puissance des États Unis. Cependant, et c’est
tout à son honneur, il fait preuve d’une grande retenue quand il s’agit de
recourir aux armes.
Fin stratège, il ne cherche jamais à humilier l’adversaire, car
pour lui toute confrontation doit se terminer par une entente. S’il a tout fait
pour anéantir le califat islamique c’est qu’il a compris que celui-ci
représentait le mal absolu.
Le mieux étant l’ennemi du bien, il a écarté l’idée de renverser
le régime d’Assad, peut-être a-t-il reconnu dans ce
dernier un nationaliste combatif qui aime et protège son pays, un leader qui
malgré tout inspire le respect.
Les mollahs d’Iran n’ont pas fini de goûter à la médecine de Trump, leur fanatisme, leur cruauté, et leur désir de
domination les condamnent d’avance. Contrairement à Assad,
ils n’aiment pas leur pays et encore moins les iraniens, ces derniers ont le
droit d’espérer que Trump sorte vainqueur pour qu’ils
puissent enfin se libérer de leur joug.