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QUI EST EN TRAIN DE GAGNER ?

7 ans de guerre et un an de retrait

 

Par Walid Pharès, auteur de "la confrontation: gagner la guerre contre le jihad de demain" et membre de la Fondation pour la défense des démocraties – voir www.walidphares.com

11 Septembre 2009
http://www.humanevents.com/article.php?id=33496
Traduction & adaptation par Artus pour www.nuitdorient.com

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Chaque commémoration des attaques terroristes du 11/9/01 révèle notre confusion. Huit ans après le 11/9, nous nous posons encore beaucoup de questions, et, dans ces questions, sont ancrées les raisons pour les lesquelles la guerre dure depuis si longtemps.

 

Questions fréquentes: Qui est l'ennemi ? Pourquoi cherche-t-il à nous nuire ?

Quand on ne connaît pas l'ennemi, on ne peut pas le battre.

Où en sommes-nous dans notre confrontation avec les forces qui nous ont nui et qui cherchent à nous défaire ? Avons-nous progressé dans la guerre contre les "forces de la terreur", sommes-nous encore loin de la victoire ? Combien de sacrifice faudra-t-il encore consentir pour parvenir à nos fins ?

Lors de ces 8 dernières années, nous avons rarement reçu des réponses claires sur ces sujets. Le débat est faussé par une très grande partie de l'administration politique qui est exagérément encline à faire des excuses. Et la perception du public américain est largement influencée par la propagande du jihadisme venant du monde entier. Cela fait trop longtemps qu'on a n'a pas vraiment identifié l'ennemi, son idéologie, ses stratégies et comment contrer celles-ci.

 

Dans aucun conflit dans l'histoire, on ne reste dans la confusion, huit ans après le début des hostilités. Les deux dernières guerres mondiales n'ont pas duré aussi longtemps pour les Etats-Unis. Et non seulement nous avons été victorieux, mais nous savions à l'avance, d'une manière très précise, qui étaient nos ennemis et ce qu'il fallait faire pour les combattre et gagner. Malheureusement aujourd'hui, la plupart des universitaires, des élites des médias, et, plus récemment, les conseillers de la Sécurité Nationale ne cessent d'affirmer que le Jihad est tout simplement un "yoga musulman". En dépit des discours présidentiels mobilisateurs des premières années du conflit, la machine bureaucratique ne s'est pas battue dans cette guerre et, à l'inverse, elle a tout fait pour qu'elle échoue et qu'elle s'effondre même. Avec le changement d'administration, bien que les niveaux de décision et d'exécution soient enfin unis, l'objectif est de cesser le combat, et ne pas gagner la guerre. Bref, nous sommes devant une situation est sinistre, mais ce n'est pas encore terminé. Voilà pourquoi.

 

Si nous analysons comment l'Amérique a riposté aux attaques de 2001, comment nous nous sommes battus au loin, comment nous en avons discuté chez nous et comment nous avons protégé  notre pays contre la terreur depuis 8 ans, nous sommes obligés de conclure globalement que nous avons délogé 2 tyrannies, l'une en Irak et l'autre en Afghanistan. Laissons les historiens juger de la justesse de nos stratégies pendant les deux premières années du conflit, celle de renverser Saddam Hussein à ce moment précis et celle ne pas faire pression sur les Assad en Syrie et sur les ayatollahs en Iran. Mais depuis 2003 tous nos efforts et nos sacrifices sont dans une impasse:

- combattre al Qaeda dans le triangle sunnite en Irak, et les talibans jusqu'aux limites de l'Afghanistan

- courir après les régimes syrien et iranien en Irak et au Liban

- élargir la chasse aux jihadistes, à plusieurs pays

- débusquer les cellules terroristes chez nous

- hausser le ton de la rhétorique contre les idéologies islamistes

 

Entre 2003 et 2008 la guerre contre la terreur n'était plus qu'"une guerre de tranchées", des poussées çà et là, d'un côté comme de l'autre, sans véritable avancée. Le Liban a été libéré des forces syriennes en 2005, sans un coup de feu ni dollars, mais le Hezbollah a contre attaqué avec les deux, regagnant le terrain perdu dès 2008. Les soulèvements jihadistes en Somalie ont divisé le pays mais personne n'a gagné. Au Sahel, les clones d'al Qaeda ont saisi des positions, les ont perdues, puis ils sont revenus. Pas de conclusion. Au Soudan, tous les efforts américains pour qualifier ce qui s'est passé au Darfour de génocide – une victoire humanitaire en quelque sorte – tous ces efforts ont été vains, le Soudan étant fortement soutenu par des pétro-dollars influents. On n'a réussi aucun sauvetage.

En Irak, la contre-attaque réussie de Petraeus a affaibli al Qaeda, mais depuis 2007, l'Amérique ne parvient plus à contenir l'Iran. Au Pakistan, les Talibans sont sur l'offensive, et, depuis l'an dernier, le gouvernement contre attaque, sans résultat probant. On risque pourtant la catastrophe. Une victoire jihadiste à Islamabad verra le 1er état nucléarisé d'al Qaeda. En Afghanistan, un scénario similaire est en train d'immobiliser les forces de l'Otan, sans pour autant donner la victoire stratégique aux Talibans.

Chez nous, nous avons beaucoup dépensé pour sécuriser notre territoire et nos infrastructures, mais des cellules continuent à croître, avec des jihadistes de plus en plus jeunes. Nous avons eu la chance de ne pas avoir subi un autre attentat depuis 8 ans, mais le "jihad en mutation" s'étend à vive allure.

Ainsi, sous l'administration Bush, nous avons eu 2 années de guerre éclair et 5 années de guerre de tranchée. Avons-nous gagné pour autant ? Chasser les Talibans était une nécessité, renverser Saddam Hussein était un succès militaire, mais le résultat qui s'ensuivit sur le plan du "baathisme" et des "Khomeynistes" fut assurément un échec.

 

La dichotomie qui s'est installée dans le gouvernement américain en ce qui concerne la "guerre contre la terreur" a provoqué des faiblesses stratégiques. Nous avons compris depuis que notre offensive a été ralentie, puis stoppée par les forces combinées de ceux qui cherchent l'apaisement à tout prix, les lobby du pétrole et la peur d'une guerre plus vaste. Bref, gagner la bataille idéologique contre les Jihadistes était la voie la plus claire vers le succès, où qu'on soit sur cette terre, chez nous comme en Irak ou en Afghanistan. Mais c'est précisément là où l'administration Bush a échoué, paralysant nos forces pendant 5 ans en guerre de tranchées où nous avons beaucoup dépensé, sans aucun résultat tangible depuis 2003.

 

Les historiens vont sans doute découvrir que des forces locales craignant l'expansion de la démocratie chez elles, ont saboté les efforts américains, plutôt que de les aider à combattre les jihadistes sur le terrain. Nous avons été défaits dans une guerre d'idées qu'ils avaient déclenchée et nous nous sommes écroulés de l'intérieur, du fait de groupes d'intérêt allant des pétro dollars au jihadisme. On devrait analyser les écueils de la guerre de Bush avant de commencer le désengagement d'Obama.

 

Après moins d'un an, l'administration Obama claironne la retraite en Irak. Nous partirons sans tenir compte des manœuvres de l'Iran et de la Syrie pour nous remplacer. En tout cas, c'est cela le projet.

Nous n'interférerons pas dans la lutte pour la démocratie en Iran et Washington espère que les ayatollahs ne déclencheront pas le champignon atomique. Et sans doute, il n'y a pas d'autre projet.

Au Liban, les bureaucrates ont fini par parler  avec le Hezbollah. A Gaza les Etats-Unis feront de même avec le Hamas.

Il n'y aura pas de campagne pour le Darfour, et nous demanderons à causer avec les Talibans, en les appelant "bons éléments" en vue d'un dialogue entre l'Afghanistan et le Pakistan. Bref, "notre guerre contre la terreur" est close, mais celle des jihadistes contre les démocraties continue. Et chez nous, nous appellerons de plus en plus le jihad "yoga" et il y aura de plus en plus d'adeptes de ce "yoga" parmi nous.

 

Je ne cherche pas à jouer aux Cassandre. Mais une extrapolation raisonnable, sur des bases mathématiques, nous montre où nous allons, de là où nous sommes arrivés aujourd'hui. Je ne prédis pas sur quoi peut déboucher un changement de direction à partir d'une offensive, d'une impasse ou d'une retraite. Ceci est entre les mains du citoyen américain lors des prochaines échéances et c'est lui qui en décidera.

 

Aujourd'hui, il est important pour le public de réaliser où en est l'histoire, vu de haut.

Encore plus importante est la transparence. Le peuple américain a besoin d'être informé avec précision sur les options prises, continuer ou non la lutte contre la terreur. Le reste ce sont des détails.

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