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Guerre ou Paix, Reprise
ou Récession ?
Par
Gilles Falavigna, écrivain, auteur de Géopolitique de la
conspiration contre les peuples ,
Géopolitique de la
question juive ….
30/4/20
Pour
la petite histoire du titre, Guerre et paix, roman de Tolstoï, se traduirait en
français par “La guerre et le monde”.
Le
fatalisme de la pensée russe attache la paix à la raison. La guerre, elle,
n’est qu’irrationnel.
Le
PIB de la Chine est de 14 000 milliards de dollars.
Le
PIB des USA est de 21 000 milliards de dollars.
Le
PIB mondial est de 85 000 milliards de dollars. La Chine et les Etats-Unis
représentent donc 41% de la production mondiale.
Les
Etats-Unis et la Chine dictent ce qu’est l’économie mondiale. Les autres
nations suivent et s’adaptent à cet environnement.
Plus
en détail, le PIB est de 63 000$ par habitant pour les USA. Il est de 10 000$
par habitant pour la Chine, 6 fois inférieur.
Le
second niveau de lecture, livre la vraie richesse qui est celle de la valeur
ajoutée. Un précédent article traitait du mirage chinois ou soft
power.
La
Chine étale l’image de ses tours qui montent au ciel, de ses infrastructures et
de son organisation, de son ouverture philosophique qui allie le capitalisme au
« soft » communisme. Le monde tremblerait si la Chine le voulait mais
aimons-la puisqu’elle ne nous voudrait aucun mal. L’impérialisme serait une
notion occidentale et le confucianisme serait amour.
La
Chine taxe désormais près des trois quarts des biens importés des
États-Unis. iStock
C’est
un peu la représentation du film « Mars attacks ! » où les
petits hommes (verts ou jaunes?) disent « nous sommes vos
amis » et nous tirent dessus.
La
valeur ajoutée de la production chinoise est particulièrement faible. Malgré sa
vitrine ultra-moderne, le développement de la Chine repose sur des flux
financiers et la Chine ne dispose potentiellement pas de son argent. Ensuite,
une même doctrine économique que la chinoise prévalait en Occident au début des
années 80. Elle était basée sur le principe que le volume effaçait toute
erreur, que l’important était de bénéficier de l’outil de production. C’est le
principe du « cost », de l’amortissement d’une chaîne de
production. Le seuil d’amortissement atteint, tout centime vendu correspond à
un résultat net, du pur profit.
Le
principe a permis l’émergence de nouveaux concepts comme le Revenue
Management. Votre voisin de siège à bord d’un avion, d’un train, d’un
hôtel, n’a pas payé son billet au même prix que vous car l’offre vendue correspondait
au « remplissage ». Et tout devient impersonnel et « low cost ».
La
crise boursière de l’époque a pourfendu le principe de la prévalence du volume.
Le problème était lié à la spéculation. Les valeurs ne correspondaient pas à la
réalité. Elles correspondaient à l’espérance de ce que seront les valeurs. Vous
n’achetez pas un produit pour ce qu’il vaut mais pour le prix auquel vous
espérez le vendre à terme. Le « soft power » chinois a la
consistance du sable d’autant que tout n’y est que « low cost ».
Les
Etats-Unis sont les propriétaires de l’économie mondiale. Le « village
mondial » n’échappe pas à cette réalité. Que la Chine soit l’entité
émergente qui, spéculation oblige, l’aurait déjà remplacée, est un fantasme.
Ce
sont les Etats-Unis qui détermineront si une dépression économique sévère fera
suite à la pandémie du covid-19 ou si, au contraire, la relance économique sera
fulgurante. C’est dire toute l’importance de la prochaine élection
présidentielle américaine pour la majorité du monde.
Un
premier indice de réponse fut donné il y a quelques jours. Les Etats-Unis, la
Russie et l’Arabie Saoudite sont les 3 principaux producteurs de pétrole au
monde. Au mois de février, en début de pandémie covid-19, l’Arabie des Séouds
entre en guerre des prix contre la Russie et inonde le marché de pétrole bon
marché. L’enjeu : les raffineries du Sud de l’Europe et d’Asie, qui sont sous
influence russe sont convoitée par l’Arabie Saoudite. La baisse des prix,
conjuguée à l’épidémie devenue pandémie, faute de demande, les cours
s’effondrent.
Il
se trouve que les coûts d’extraction du pétrole américain, pétrole de schiste,
sont élevés. Les financements des installations ne sont pas encore amortis.
L’industrie pétrolière américaine devient le dommage collatéral. Le gagnant
géopolitique est Vladimir Poutine. En jouant le jeu des Russes, le prince Séoud
s’est mis doublement les Américains à dos. Les représentants du Texas et du
Dakota, Kevin Kramer en tête, ont exigé des sanctions qui allaient jusqu’à la
menace du retrait des forces américaines d’Arabie. La voiture reste le symbole
de l’Amérique « great again ». En jeu également de dizaines de
milliers d’emplois qui correspondent au cœur de cible du parti républicain.
Donald
Trump a réussi à mettre fin à cette « guerre des trois rois », choc
sans pareil dans l’histoire de l’industrie pétrolière, selon l’Agence
Internationale de l’Energie (AIE).
Il
ne pouvait en être autrement alors que la campagne présidentielle de Trump
reposait, jusqu’au mois de mars, sur les résultats économiques. En réalité, il
ne s’agit pas vraiment d’un coup d’éclat, chacune des trois parties engagées
souhaitant mettre fin à la situation sans en paraître la victime.
Le
pétrole est la valeur la plus importante depuis la révolution industrielle du
XIXe siècle. Le pétrole est l’énergie qui présente le meilleur rapport de
physique newtonienne entre l’énergie nécessaire au travail et l’énergie
produite par ce travail. C’est ce qui a permis la révolution industrielle.
Une
donnée paradoxale n’a pas été relevée en ce mois d’avril 2020, préoccupation du
covid-19 oblige. Le baril de pétrole a été coté à (-35 $). Cela
signifie que pour l’achat d’un baril de 160 litres, l’acheteur reçoit
35$ par le vendeur!
Comment
est-on arrivé à un prix négatif ? Le prix du pétrole est un prix pour
livraison dans 3 mois. Il n’y a pas de besoin, d’où baisse du prix du baril.
Surtout, les réserves sont pleines, double effet : le prix négatif intègre
le prix pour le lieu de stockage qui permet d’acheter le pétrole. Le marché de
l’offre et de la demande fait augmenter le prix du stockage qui diminue
d’autant le prix du pétrole.
Nous
connaissions déjà les taux d’intérêts négatifs. Mais ce n’est qu’une question
monétariste dirigée par les Etats pour protéger leur économie
d’investisseurs-prédateurs étrangers. Paradoxalement, un prix négatif pour le
pétrole témoigne de son importance stratégique puisqu’il sera, en fait, acheté
avec le coût de son stockage. Il n’y a pas l’effet répulsif relatif aux
intérêts négatifs, décidés par des Etats.
L’option
économico-politique pour les USA est de fermer les importations de pétrole pour
préserver son marché, ce qui va dans le sens de l’Histoire politique, par effet
covid-19. Le problème vient de ce pour quoi les USA achètent du pétrole.
Il
n’y a pas un seul type de pétrole mais bien deux principaux : le pétrole
lourd et le pétrole léger qui se différencient par leurs indices de viscosité.
Le second, type pétrole de schiste sert à produire de l’essence ou du kérosène.
Le premier est utilisé pour l’industrie chimique.
Les
Etats-Unis importent du pétrole lourd et exportent du pétrole léger.
Si
les USA interdisent l’importation de pétrole, ils favorisent l’industrie
pétrolière mais condamnent l’industrie chimique, largement dépendante de
pétrole lourd.
Les
Etats-Unis sont les poids lourds de l’industrie mondiale, en termes d’emplois,
d’outils industriels et en termes de valeur ajoutée industrielle. L’industrie
pétrolière est la matrice de l’industrie automobile, aéronautique. L’industrie
chimique est la matrice de l’industrie agro-alimentaire, domestique, voire
pharmaceutique (Procter et Gamble est une filiale de Johnson et Johnson, numéro
1 mondial des laboratoires pharmaceutiques).
La
structure fédérale des Etats-Unis, la séparation des pouvoirs régie par la
puissance des contre-pouvoirs, mettent au premier plan le rôle du lobbying.
L’histoire géostratégique des USA est portée par la notion d’équilibre des
forces. Lorsque le Congrès américain vote une aide de 1$ pour Israël, il
l’accompagne de 1$ pour les ennemis d’Israël. (source Department of State,
Foreign Operations, Top Recipients of US Foreign Assistance).
L’équilibre
des forces se traduira par l’alternance entre ouvrir ses frontières au pétrole
et les fermer.
La
nouvelle donne américaine scinde le pétrole de schiste du pétrole traditionnel
(pétrole lourd et pétrole léger) pour les présenter de manière antinomique en
termes de besoins. L’équilibre des prix est garant de la santé économique.
L’isolationnisme américain a ses limites.
Lorsque
les Etats-Unis sont en crise, le meilleur moyen de revenir à la croissance
économique est d’entrer en guerre. Le complexe militaro-industriel n’est pas
seulement la justification que les investissements servent à quelque chose de
concret. Il développe un bond technologique qui profite à l’ensemble de
l’industrie et aux biens de consommation.
Depuis
la Seconde guerre du Golfe, nous avons assisté à des guerres pétrolières. C’est
pragmatique. Les USA ne font pas la guerre à l’Irak pour le pétrole mais une
fois sur place, pourquoi refuser ce qui leur tend les bras ?
Mais
les guerres pétrolières n’ont de sens que par la vente du pétrole. Au début de
la Seconde guerre du Golfe, le baril de pétrole vaut 20$. 1 an plus tard, il
vaut 80$.
Aujourd’hui,
l’Amérique de Trump veut en découdre. Le Président veut croire en la reprise
économique avant les élections. Le repli, c’est-à-dire le marché intérieur
suffit-il ? Les Américains, s’il est possible de les définir ainsi, vivent
la pandémie comme une agression par la Chine, au même titre que Pearl Harbour.
Peut-il
y avoir une guerre avec la Chine ? Elle serait un conflit asymétrique.
D’une part, le théâtre des opérations serait la Chine. D’autre part, l’écart
technologique ne peut pas laisser de doute. C’est un moyen de remettre toutes
les pendules à l’heure.
C’est
ici que la notion d’équilibre des forces refait surface. Il y a équilibre de
deux forces en présence. L’équilibre est la paix mais il est avant tout question
de deux forces en présence. L’autre est l’ennemi.
Ce
conflit peut-il avoir lieu avant les élections ? C’est tout de même peu
probable et la personnalité de Donald Trump ne s’y prête pas. C’est un « cow
boy ». Il n’est pas un politicien cynique.
Les
Etats-Unis bénéficient d’un formidable marché intérieur qui peut suffire à sa
reprise économique. Mais globalement, la paix signifie la récession. La guerre
signifie la dynamique économique, celle que Trump a promise. La paix et la
reprise économique serait le triomphe de Donald Trump.
Comment
le reste du monde pourrait-il échapper à la récession ? Certains pays
comme Israël ont de bons atouts qui sont le fruit d’une très haute technologie
sans avoir la charge trop élevée d’une population au regard d’une production
alimentaire de premier plan.
Mais
nous l’avons vu : l’Amérique est maîtresse de l’économie mondiale.
L’Europe
devra revoir sa copie dans bien des domaines. L’avenir passe par une grande
remise en question. Une analyse stratégique doit composer avec les forces, les
faiblesses, les opportunités, les menaces. L’avenir est incertain. C’est un
environnement des moins favorables pour l’économie virtuelle.
Quoi qu’il en soit, la Chine
ne peut qu’être la grande perdante.