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Portrait de Poutine

Rapporté par Albert Soued, écrivain, http://symbole.chez.com et www.nuitdorient.com

10/4/22

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Selon Vladimir Fédorowski

C’est dans cette âpre atmosphère d’après-guerre, dans une misère totale, que se développe le jeune Poutine. Le quartier où il vivait, en vérité une zone de non-droit, était tenu par des caïds, des parrains surnommés les « voleurs en loi », car ils régnaient en maîtres absolus sur un monde marginal organisé selon ses propres règles, avec ses juges issus de la pègre locale et son économie parallèle.

Poutine était un élève médiocre et bagarreur, un gamin difficile dont les professeurs ne cessent de se plaindre.

Entouré de ses copains, il bataille avec les autres bandes, terrorise le quartier, et ce n’est pas le knout administré épisodiquement par son père qui le calme. En vrai gosse des rues, il dissimule ses pensées, cible les menaces, et sa mauvaise réputation va longtemps l’empêcher d’intégrer les « pionniers », l’organisation de la jeunesse communiste.

Il le dit lui-même : « En réalité, j’étais une petite racaille, et si je n’avais pas fait du sport, j’ignore comment j’aurais pu tourner ». C’est son instructeur de judo/sambo qui va le soustraire à la rue et aux dérives de la délinquance.

Ses rares loisirs demeurent consacrés au sport, ainsi qu’à l’étude de la langue allemande.

Un jeune homme réfléchi, extrêmement prudent et méticuleux, détestant le désordre, l’indiscipline, et se gardant de prendre des décisions hâtives. Fidélité et loyauté sont les deux mots qui reviennent le plus souvent pour caractériser sa personnalité.

Un brouilleur de pistes. Un caméléon piégeur qui, optant pour votre propre identité physique, viendrait subrepticement sur votre terrain. Et lui ? Impénétrable. Visage lisse, et comme fluide, regard vide, parfois en coulisse et, soudain, un éclair bleu des yeux, une crispation, un pincement des lèvres laissant augurer une détermination farouche.

Le maire de st Petersbourg : « C’est un homme taciturne, efficace, très loyal sur le plan personnel… » - A Moscou, il devient le patron des services secrets de Boris Eltsine, le FSB, qui succédait au KGB. En 1999, il était nommé Premier ministre.

Dans les medias

- En même temps que la bonne connaissance de la langue allemande, le soupçon d'humanité de Vladimir Poutine a été acquis auprès de sa professeur d'allemand qui le gardait alors que ses patents travaillaient ou étaient absents. On peut espérer que ce soupçon d'humanité acquis évitera à l'humanité une 3ème guerre mondiale. Rappelons que Poutine dont la fortune glanée est estimée à 200 milliards $, n'a offert à sa maîtresse d'allemand qu'un appartement de 1,5 pièce, qui est revenu à l'ambassade russe de Tel Aviv, à sa mort.

- Au terme de l'année d'étude à l'école d'Andropov où on sélectionnait les futurs espions, les instructeurs ont déclaré Poutine inapte, car jugé incapable d'évaluer correctement les décisions qu'il prenait et leurs conséquences pour lui, ainsi que pour le KGB.

- On peut recenser au moins trois motivations de l'agression de Poutine:, empêcher le rapprochement de l'Ukraine vers l'Ouest, compenser les pertes de l'URSS en profitant des faiblesses de l'Occident, laisser l'image du rassembleur de la mère-patrie russe à Kiev.

- Son maître à penser, le théoricien Alexandre Douguine estime que la civilisation maritime anglo-saxonne, protestante, d’esprit capitaliste, est antagoniste de la civilisation continentale russe eurasienne, orthodoxe et musulmane, d’esprit socialiste. La destinée eschatologique du bloc continental eurasien sera donc de s’opposer à l’atlantisme considéré comme une calamité planétaire, dont la vocation est d’entraîner le monde vers le chaos.

- La tentation pour la Russie pourrait être de ne pas tirer les leçons du passé et de retomber dans une illusion dont elle est pourtant plus avertie que tout autre pays au monde. Elle a trop souvent péri de trop aimer la force, ne ressuscitant du chaos que pour retourner aux passions qui l’avaient tuée.

- Ce sont les anciens politiques, les hommes d’affaires et les anciens barons rouges qui s’emparèrent de biens et de concessions immenses pour des sommes symboliques. Du jour au lendemain, des apparatchiks, anciens ministres et hauts responsables du Parti, se déguisèrent en banquiers ou businessmen et devinrent de facto propriétaires de secteurs entiers de l’économie. Et cela, avec la bénédiction du KGB qui les qualifiait de « milliardaires autorisés ». Eltsine, quant à lui, et sans vouloir diminuer ses qualités de courage et de pragmatisme, était un personnage fragile. Elu avec 80 % des voix, il a terminé sa carrière rongé, bouffi par l’alcool, avec 1 % d’avis favorables. Il a créé un système oligarchique dans lequel 5 % de la population se partageait le gâteau, quand 50 % des Russes frôlaient le seuil de pauvreté. Eltsine n’était pas un voleur à titre personnel, mais il s’est retrouvé à la tête d’un système radicalement corrompu.

- Poutine est un chef d’État à qui le pouvoir a été apporté à l’issue du triomphe d’un clan du Kremlin sur un autre, et qui n’a pas seulement gouverné grâce à l’appui des services de renseignements et de louches milieux d’affaires, mais aussi sur la base de la Constitution hyper-présidentielle de 1993 taillée sur mesure pour Boris Eltsine.

-Il semble n’avoir jamais cru véritablement au modèle communiste d’une économie d’État ou d’une société sans classes. Lors de son premier mandat présidentiel, son profil libéral en sera la conséquence logique, pragmatique, et historique. Le raidissement de sa position à l’égard de la démocratie va s’amorcer à l’automne 2004, lors de la seconde guerre de Tchétchénie, avec la tragédie de Beslan, cette prise d’otages dans une école du Caucase russe par des terroristes armés tchétchènes qui causera la mort de 334  personnes, dont 186  enfants…il s’appuie de plus en plus ouvertement sur le patriarcat orthodoxe de Moscou, et dénonce l’hostilité des puissances occidentales….Après la présidence de Medvedev, de 2008 à 2012, et son retour à la tête de l’État, il va marquer un conservatisme de plus en plus affirmé à l’encontre d’un Occident jugé décadent et coupé de ses racines chrétiennes.

- Il a « une vision théocentriste russe, messianique et conquérante, s’opposant à l’anthropocentrisme occidental, égaré et voué à la disparition ».

- Selon le financier américain Bill Browder, directeur du « Hedge Fund Hermitage Capital Management », qui fut expulsé manu militari de Russie en 2005 sur ordre de Poutine et qui, depuis, se définit comme son ennemi numéro 1 à l’étranger, la fortune du président russe serait colossale : « Les dix premières années de son règne ont consisté à piller autant d’argent qu’il le pouvait. Et certaines personnes, moi y compris, pensent qu’il est l’homme le plus riche au monde, ou l’un des plus riches au monde, avec 200 milliards de dollars de fortune volés à la Russie. […] Tout cet argent dort dans l’immobilier, dans des comptes bancaires en Suisse, dans des actions ou des hedge funds, gérés pour le compte de Poutine et de ses copains », affirme-t-il en 2015 devant les caméras de CNN.

- Caractéristique de l’autocratie : entre le Kremlin, les anciens espions du KGB et l’Église orthodoxe, les intérêts sont à tel point croisés que les joueurs de ce poker menteur sont souvent les mêmes.