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Arabes Israéliens
et Juifs Palestiniens
Par David Eichler, professeur d'astrophysique à l'Université Ben Gourion
Jerusalem
Post du 28/09/10
Adapté par
Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
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générale au Moyen Orient
Les
Juifs habitant dans le futur état palestinien devraient avoir le même statut
et les mêmes droits à la citoyenneté et à la terre qu'ont les Arabes vivant
en Israël.
Geler
l'extension des implantations en Cisjordanie, sous le prétexte que ces terres
seront un jour au sein d'une Palestine souveraine serait à la rigueur équitable
si le même principe s'appliquait aux villes et villages arabes d'Israël. Si
Israël interdisait aux Arabes de louer ou d'acheter des terres et d'étendre
leurs cités, tout le monde protesterait et on dirait que c'est un acte raciste.
Les Arabes Israéliens sont des citoyens israéliens à part entière. La plupart
d'entre eux ont des parents qui vivaient dans l'Israël du temps du mandat
britannique. Les enfants des Juifs vivant dans les territoires de Judée-Samarie
sont-ils assurés d'être des citoyens à part entière dans une éventuelle
Palestine ?
Ces Juifs
Palestiniens seraient-ils moins loyaux que les Arabes en Israël envers cet état
? Il est évident qu'ils ont tout intérêt à assurer la stabilité de ce nouvel
état comme n'importe quel autre citoyen.
Mais au
Moyen Orient, on raisonne toujours d'une manière asymétrique.
Dans un
pays à forte majorité arabe, les Juifs peuvent penser qu'ils y seraient en
danger et, par conséquent, nul ne peut préjuger de leur décision de demeurer ou
non dans une Palestine arabe et souveraine, même si on leur accordait des
droits égaux et une sécurité physique. Cela n'enlève pas aux Juifs le droit
d'acheter ou de louer des terres n'importe où, même si on ne leur donne aucune
assurance en matière de sécurité et de droits (1).
La
paix ne viendra au Moyen Orient que lorsque tous les Arabes qui nient aux Juifs
le droit d'y vivre accepteront d'y renoncer. La violence et la terreur qui y régnaient bien avant
1948, et dans des proportions encore plus grandes, ne concernaient nullement
les frontières, la politique ou même Israël. En dehors du fanatisme religieux,
cela concernait essentiellement la terre.
Pourquoi?
Parce que
permettre à des Juifs d'acheter librement la terre et y vivre en paix, c'est
faire monter les prix (2). Puis dans un marché libre, les politiques ont moins
de pouvoir.
Dans la
bande de Gaza, les Juifs ont acheté des terres à titre individuel à des propriétaires
arabes. Ils en ont été évincés par les décisions du gouvernement Sharon, et
tout le monde a applaudi, parce que c'était des Juifs, et donc ils n'avaient
aucun droit à la propriété. Il faut savoir aussi que les chefs politiques
arabes ont protesté quand les immigrants Russes ont afflué en Israël, pas pour
des questions de frontières, mais parce que c'était des Juifs qui allaient
occuper une terre qu'ils considéraient comme "arabe".
Il ne s'agit pas ici de nier les fâcheuses conséquences des prix qui grimpent
dans l'immobilier, pour les plus démunis. Mais ce problème qui est universel ne
doit pas être le prétexte pour interdire à un propriétaire le droit de vendre
son terrain à un bon prix. Un Arabe devrait avoir le droit de vendre à un Juif un bout de terrain
à un million $ et vice versa, et personne ne doit
pouvoir l'en empêcher.
Si avant
1948 on avait respecté la liberté d'acheter ou de vendre entre partenaires
consentants, on n'aurait pas eu le problème de cette masse de réfugiés
palestiniens.
10 000 maisons
nouvelles par an, nécessaires pour loger les Palestiniens déplacés, auraient
coûté un milliard $/an (aux prix actuels), ce qui est ridiculement bien
inférieur à ce qu'ils coûtent à la communauté internationale chaque année
depuis 60 ans. Pire encore, ce coût aurait été minuscule, comparé aux revenus
qu'auraient tirés les Arabes de la vente de terres aux Juifs fuyant Hitler.
Le seul
mince espoir de paix dans la région c'est d'accepter que les Juifs puissent
habiter où bon leur semble. La dernière percée pour la paix, c'était l'accord
Begin-Sadate, lors duquel M Begin a posé cette question: "Les Juifs
peuvent vivre à Londres, New York, Los Angeles, pourquoi les empêche-t-on de
vivre sur la terre de leurs ancêtres ?" – Personne n'a une bonne
réponse à cette question. Impressionné par la force des principes de son
interlocuteur, dans sa quête de la paix, Sadat est venu quelques mois après,
devant la Knesset à Jérusalem, reconnaître le droit d'Israël à sa terre, avant toute négociation
territoriale. Cette
reconnaissance ne lui pas coûté un m2 de territoire (3).
Les Arabes
comme les Juifs veulent aimer, élever des enfants, gagner leur vie, acheter un
logement, le revendre avec profit, acheter un autre et vivre heureux, n'importe
où.
Obama
a-t-il interféré dans ce processus sans vraiment comprendre qu'il imposait des
restrictions d'ordre ethnique dans des transactions immobilières ? Pourtant,
quand les individus sont libres de mener leurs affaires, les facteurs de
conflit sont neutralisés.
Dans un
article de 2009 du New York Times, un commerçant palestinien de Ramallah,
Rashid al Sakhel, disait: "Lors des 8
dernières années un enfant pouvait provoquer une grève et nous étions tous
obligés de fermer boutique. Aujourd'hui, personne ne peut nous menacer"-
Les gens veulent aussi une sécurité physique; mais dans une région qui a une
longue histoire de violence, de méfiance, de dictature et d'asymétries, il sera
difficile d'y instituer des idéaux de totale liberté individuelle. Mais quand
on est en train de négocier pour des garanties, assurances, vérifications…c'est
le moment de proclamer ces idéaux.
La paix
qui servira certainement les Arabes d'Israël, doit également servir les Juifs
qui souhaiteront vivre en Palestine, notamment sans interférence dans les transactions
immobilières, afin qu'elles soient libres et compétitives. Il faudra choisir
entre la compétition sur un champ de bataille ou celle d'un marché libre.
Notes
(1)
Certains pourraient dire que les Juifs vivant en Judée-Samarie ont pu y venir
suite aux conquêtes de la guerre de
1967, alors que les Arabes d'Israël y vivaient depuis longtemps. Mais ce
raisonnement ne tient pas la route. En fait les Arabes ont gagné leur résidence
et leur suprématie dans la région par des conquêtes, suivies d'une réglementation
raciste. Avant et après la conquête ottomane, les Arabes pouvaient acheter
librement des terres en Palestine et s'y installer, alors que les Juifs ne
pouvaient pas le faire, sauf rares exceptions. Il n'est donc pas étonnant qu'à
l'orée du 20ème s les Arabes étaient plus nombreux en Palestine
(appelée Syrie méridionale). Les Anglais du mandat britannique (1919/1948) ont
accordé très brièvement aux Juifs le droit de s'installer en Palestine. Se
sentant menacés, les Arabes ont vivement protesté, et ont fait pression sur la
Grande Bretagne pour geler l'autorisation aux Juifs de s'installer, ce qu'ils
continuent de faire encore aujourd'hui auprès de B Obama.
(2) Dans
son livre "Mes pourparlers avec les dirigeants arabes", David ben Gourion révèle les paroles candides de ces dirigeants qui
expliquaient pourquoi ils s'opposaient à l'immigration juive, même dans une
Palestine arabe. Ainsi Aouni Abdel Hadi, un dirigeant
palestinien connu, disait en juillet 1934, peu de temps après la prise du
pouvoir par Hitler en Allemagne: "Qui peut résister aux prix insensés
(des terres) offerts par les Juifs ?" Jusqu'aujourd'hui, la liberté
d'acquérir une propriété entre parties consentantes est bafouée par les
dirigeants politiques au Moyen Orient.
(3) Bien
sûr, l'expulsion inconsidérée des Juifs du Sinaï a coûté au fisc égyptien
un manque à gagner de milliards $ de
revenus.