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Le Wokisme, un Totalitarisme qui Vient…

Résumé extrait d’un document de Gérard Kleczewski (1) : wokisme et totalitarisme       repris par Tribune Juive

Par Albert Soued, écrivain, http://symbole.chez.com pour www.nuitdorient.com

20/12/22

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Une poignée d’universitaires américains a en effet ingurgité la pensée de Deleuze, Derrida, Foucault et Bourdieu sans la comprendre vraiment. Ils se sont pris pour des gens éveillés ou « woke » qui avaient tout compris et ont créé une nouvelle croyance « le wokisme », consistant à déconstruire la pensée et à annuler toute la culture acquise, sans les remplacer par quelque chose de cohérent (2).

Pourtant pour les “penseurs” de cette “French Theory”, il ne s’agissait pas de faire table rase du passé, mais au contraire de retrouver quelque chose qui avait disparu. Une sorte d’âge d’or qu’il fallait regagner par la lutte des idées, puis par les réalisations concrètes de cette lutte. 

Les raisons de l’émergence du courant « woke » sont aussi à chercher du côté des mouvements révolutionnaires apparus en mai 68 : Le maoïsme, inspiré des méthodes staliniennes (purges et enfants appelés à dénoncer leurs parents), le trotskysme  et son entrisme qui a permis à des professeurs et des groupuscules de s’insérer et de s’investir dans les universités et de les “retourner” de l’intérieur, comme les « studies » (3) véritable Cheval de Troie ayant entrainé la disparition de disciplines dans l’enseignement. 

Deux facteurs sont aussi à prendre en compte dans l’émergence du mouvement « woke ». 
L’inspiration talibane  ou comment la “cancel culture” déboulonne des statues réelles ou symboliques, comme les talibans ont pu le faire concrètement avec les Bouddhas géants, et comme les soldats de Daesch l’ont fait avec des œuvres plurimillénaires…  La palestinolâtrie  ensuite ou « la Palestine, nombril de l’univers » pour ceux qui refusent aux Juifs le statut de victimes ou le minimisent. Les techniques du BDS sont là pour dénier aux Juifs toute légitimité sur leur terre, pour ériger un mur symbolique contre tout un pays et tous ses habitants, au nom d’un combat pour les nouveaux damnés de la terre.

Ajoutez à cette victimisation, l’égalitarisme à tout prix. L’anthropologue et analyste des médias Daniel Dayan : « Ce qu’on peut vouloir et demander,  c’est le principe de l’équité, pas un égalitarisme sans limite ».

Ajoutez-y la question de l’identité . Certaines identités comme le racialisme sont surutilisées et ont tous les honneurs, tandis que d’autres sont mésestimées, voire interdites, comme le sionisme, renvoyant toute revendication identitaire à un fascisme.

Daniel Dayan : “Le Wokisme américain ne peut être considéré comme un mal en soi, mais à mon sens c’est une version radicale du victimisme. C’est une idéologie à dimension religieuse

Avec un tel concept, on voit se détacher de vraies victimes et d’autres qui ne peuvent pas l’être, ne le seront jamais, les blancs. Autrement dit, il y a les “super victimes”, les noirs, et les “sous-victimes” (notamment sexuelles) comme ces femmes en Allemagne, violées et soumises aux attouchements par des migrants, mais qui n’ont que le droit de se taire.

Une sorte de code de la route des victimes. Il y a des victimes clairement identifiées , les noirs, victimes de l’esclavage,  qu’on transbahutait sur des bateaux, les indiens d’Amérique, les arabes et les africains, les Palestiniens et des perpétrateurs, nous tous, les Français et les européens blancs judéo-chrétiens.

A qui profite le crime ?  

Pour Dayan, ceci profite à ceux qui veulent voir advenir des sociétés empêchées, moralement handicapées, où l’esprit critique disparait. Des populations rendues coupables de tous les maux et qui n’ont pas les mots pour se défendre face à des crimes qu’ils n’ont pas commis, et qu’ils n’assument pas forcément. 

À qui cela profite ?  Nous listons trois types de profiteurs  du chaos engendré : les mouvements révolutionnaires occidentaux, les impérialismes émergents dans le monde et les petits Lénine et autres petits Saint Paul, au sein des sociologues américains. 
Ces trois types de profiteurs s’appuient sur trois vecteurs principaux : l’entrisme universitaire, la racialisation de la culture, la victimisation et la linguistique triturée à l’envi, avec notamment une inondation de néologismes, souvent sans queue ni tête.           

Quel est le mode opératoire ?

On recherche d’abord l’étendue, en créant le “buzz”, des crises, des chocs. Ensuite on fait appel à la rétention, en répétant sans fin les messages, puis on crée la culpabilité inextinguible, c’est-à-dire obliger les héritiers des « perpétrateurs » à demander pardon, à faire contrition, tandis que les héritiers des victimes ne doivent jamais cesser de se plaindre et exiger des réparations. Enfin l’usage de la langue et de la novlangue  est un instrument essentiel du développement woke.

Quelles sont les motivations ?

Jean-Pierre Winter, psychanalyste et essayiste : « La loi, la doxa, la science ne veulent pas comprendre que la perversion rend heureux »
Winter en conclut que la différence s’opère par la jouissance. “Je revendique ma jouissance, peu m’importe qu’elle s’oppose à la tienne, je ne suis pas prêt à céder un pouce de mon plaisir. Et personne n’a le droit de rompre cette certitude”.  

Jean-François Braunstein, professeur émérite de philosophie contemporaine, grand spécialiste d’épistémologie, de l’histoire des sciences et de philosophie de la médecine, a écrit «La religion Woke » aux Ed. Grasset. Il analyse en profondeur ce qui pour lui n’est pas seulement un courant de pensée, mais une religion avec toutes les caractéristiques propres aux religions : un dogme, des prêtres, des ouailles,…. Mais c’est une religion nouvelle. La première religion à être née au cœur-même des lieux supposés de l’intelligence, les universités, tout en se développant contre soi-même, c’est-à-dire contre l’intelligence et la science. Une religion qui s’érige contre la réalité du monde (la théorie du genre, par exemple) et contre l’universalisme (antiracisme raciste, notion de privilège blanc, inter sectionnalité). En fait un obscurantisme d’autant plus traitre qu’il s’affiche comme un humanisme et qu’il progresse grâce au manque de culture, de discernement et d’éducation des populations déjà confrontées à toutes sortes de crises. 

La religion woke  ne se préoccupe pas du pardon, elle est bien plus obsédée par la détection du péché et par la séparation entre les purs et les impurs. L’excommunication et les dénonciations, l’hérésie sans cesse renaissante sont au cœur de la religion woke. Il ne s’agit pas pour elle d’annoncer un avenir meilleur, ni de promettre un quelconque au-delà, il s’agit surtout de purger ce monde des méchants et de combattre les injustices qui sont faites aux divers groupes discriminés.

Daniel Dayan : « Le politiquement correct est un gigantesque effort pour redresser le bois tordu de l’humanité, une lutte sans fin pour désigner des coupables.

Il aborde les nouvelles censures, l’antiracisme identitaire et victimaire, le néo-féminisme et la lutte des races qui remplace la lutte des classes. Il fait le constat que le wokisme et la cancel culture imprègnent désormais l’école publique et la culture, que l’idée de blasphème, le complotisme cheminent dans la jeunesse, accentués par l’utilisation des réseaux sociaux…. Il est temps d’organiser une résistance, car un certain nombre de phénomènes que nous vivons et subissons sont, j’en suis certain, mortifères »

 

Notes

(1) Précisons donc les choses : je suis blanc, hétérosexuel et donc occidental. Je suis juif aussi. J’accumule donc les éléments de discrédit pour certains… Et me voilà paré de toutes les tares pour les adeptes du Wokisme et de la « cancel culture ». Quand bien même je suis issu d’une famille modeste, que j’ai vécu les seize premières années de ma vie dans la France profonde, loin de tout organe de pouvoir, je serai sans doute catalogué par ces certains : blanc donc raciste, homme non déconstruit donc fatalement oppresseur des femmes et des minorités visibles (les Juifs étant eux de plus en plus dans la catégorie des minorités non visibles ou effaçables). Juif, donc forcément riche et à coup sûr conservateur, voire facho. Et, « last but not least »,  nécessairement sioniste jusqu’au bout des franges de mon « talith ». 

(2) (714) Racisé.e.s, une histoire franco-américaine : Michaël Prazan au micro d'Ilana Ferhadian - YouTube

(3) Inscrites dans la logique ordinaire et les luttes internes à l’espace universitaire, les opérations de construction académique et discursive de domaines de la recherche en « studies » ou « études », reposent notamment sur des formes d’opposition tacite ou explicite entre « studies » et « disciplines ». Pourtant, si les domaines d’études paraissent d’emblée relever d’une construction thématique, force est de constater que nombre d’entre elles refusent ou échappent au cantonnement à des objets spécifiques. À l’inverse, elles revendiquent souvent leur aptitude à intervenir dans l’ensemble du champ des sciences humaines et sociales, sur la base d’un déplacement d’ordre conceptuel ou paradigmatique (études culturelles, études de genre, animal studiesenvironmental studies, etc.). Inversement, les disciplines instituées des sciences humaines et sociales n’échappent pas non plus à une logique de spécialisation autour d’un objet, ou plutôt de concepts-objets (le « politique », le « social », l’« individu », la « culture »). La visibilité et le nombre croissants de domaines de savoir interdisciplinaires organisés autour d’une labellisation par l’objet ont suscité une variété de discours savants, au sein desquels les points de vue essentiellement apologétiques ou critiques comptent toutefois pour une bonne part.

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