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Il y a déjà un Etat Palestinien : la Jordanie

 

Par Guy Millière

3 octobre 2010

 

  Jordan is Palestine

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PETIT RAPPEL DES FAITS

 

Voici quelques mois, Geert Wilders proposait sa réponse au conflit du Proche-Orient : dire que la Jordanie est un Etat palestinien, et qu’il a donc d’ores et déjà un Etat palestinien, ce qui rend inutile  la création d’un deuxième, ou d’un troisième Etat palestinien. Je partage la réponse de Geert Wilders

Je la partage tant que je pense utile de l’expliciter, et de donner des détails historiques.  

 

Au temps de l’empire ottoman, le mouvement sioniste existait déjà. Le principe de la renaissance d’un foyer national juif au sein de l’empire avait été accepté par les autorités d’Istanbul qui y voyaient un moyen de remettre en culture des terres longtemps stériles et abandonnées.  

- Pendant la guerre, pour s’assurer le soutien du peuple juif, et au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le Royaume-Uni promit qu’après la guerre le foyer national juif serait reconnu. Le Royaume-Uni promit aussi au monde arabe l’indépendance.  

- Après la guerre, lors du démantèlement de l’empire ottoman, divers territoires furent placés sous mandat international, avant de devenir des Etats. La Syrie, sous mandat français à partir de 1920, deviendra indépendante en 1946. Le Liban, sous mandat français aussi, deviendra lui-même indépendant la même année (l’indépendance a été proclamée en 1943, mais n’a été effective que trois ans plus tard). L’Irak, sous mandat britannique, deviendra indépendant en 1932. L’Arabie, où Abd al-Aziz ibn Saoud.est devenu l’allié des Britanniques en 1915, passe entièrement sous le contrôle de celui-ci, et devient Arabie Saoudite en 1932.  

 

Le Mandat britannique sur la Palestine, établi en 1920, et censé permettre l’accomplissement du foyer national juif prévu par la déclaration Balfour, et déjà existant sous l’empire ottoman, comprenait un territoire représentant la Jordanie actuelle, l’Etat d’Israël actuel, la Judée-Samarie, Gaza. Un émirat de Transjordanie est créé en 1921 sur un territoire représentant près de quatre-vingt pour cent de la Palestine mandataire. Cet émirat, est confié à l’un des deux fils de Hussein ibn Ali, chérif de La Mecque, autre allié des Britanniques, chassé d’Arabie par la famille Saoud. Le deuxième fils du chérif Hussein deviendra roi d’Irak.  

L’émirat de Transjordanie deviendra Jordanie en 1946.  

 

Le territoire résiduel de la Palestine mandataire, censé être le foyer national juif, restera sous Mandat britannique jusqu’au moment où le Royaume-Uni confiera le dossier aux Nations Unies où sera votée la division du territoire en deux Etats, en 1948.  

Pendant les années 1921-1948, le Royaume-Uni freinera l’installation des Juifs en Palestine mandataire, favorisera l’immigration arabe, et favorisera aussi, pour des raisons pétrolières en Arabie Saoudite, la dissémination d’un islam fondamentaliste sur le territoire, cet islam fondamentaliste étant incarné par Amin al Husseini, mufti de Jérusalem.

 

En 1948, Israël verra le jour, le deuxième Etat arabe de Palestine ne verra pas le jour. Les pays arabes de la région déclareront la guerre à Israël. La Jordanie annexera la Judée-Samarie, l’Egypte annexera la bande de Gaza.  

A la suite d’une autre guerre,  en 1967, la Judée-Samarie sera perdue par la Jordanie, et la bande de Gaza sera perdu par l’Egypte.  

 

Jamais nulle part il n’est fait mention de peuple palestinien avant l’automne 1967. L’OLP, créée en 1964, et les différents mouvements qui la composent, parlent de libération de la Palestine et de la destruction d’Israël, mais pas de peuple palestinien avant que la notion ne soit forgée. L’OLP, après 1967, continue à parler de libération de la Palestine par la destruction d’Israël. L’OLP elle-même considère la Jordanie comme un Etat arabe palestinien et tente de s’y emparer du pouvoir en 1970, avant d’être écrasée par le roi Hussein et de fuir s’installer au Sud Liban.  

Ce n’est qu’après la signature des traités de paix avec l’Egypte, puis la Jordanie, que la Judée-Samarie et Gaza seront considérés comme territoires où créer un deuxième Etat palestinien, puis, par glissements de langage, comme « territoires palestiniens ».  

 

La Jordanie est peuplée des Arabes qui vivaient sur place au moment de la création de l’émirat de Transjordanie et de la minorité d’Arabes venues d’Arabie avec l’émir nouvellement installé.  

La Judée-Samarie et Gaza sont peuplés d’Arabes descendant de ceux qui vivaient là avant le démantèlement de l’empire ottoman, et d’immigrants venus s’installer dans la région après 1921, lorsque l’essor du Mandat britannique dû à la mise en place du foyer national juif a créé de la richesse et attira des gens.  

 

Ceux qu’on appelle « réfugiés » sont des gens partis du territoire d’Israël en raison de la guerre, et essentiellement des gens à qui les dirigeants arabes ont demandé de partir temporairement, le temps qu’ils jettent les Juifs à la mer. Les Juifs n’ayant pas été jetés à la mer, ces gens ont été placés dans des camps de réfugiés, et ils y sont depuis 1949. Pour être réfugié à l’époque, il suffisait de prouver deux années de résidence sur le territoire d’Israël. Le nombre de réfugiés, depuis 1949 s’est trouvé multiplié par dix : par natalité, mais aussi parce que se sont rattachés au statut de réfugiés des membres des familles et des familles par alliance. Ces gens, pour l’essentiel, ont été maintenus dans le statut de réfugiés » par les pays arabes, avec la complicité des Nations Unies.  

Que déduire de tout cela : 

 

1- La Jordanie est effectivement un Etat arabe palestinien correspondant à près de quatre vingt pour cent de la Palestine mandataire censée constituer le foyer national juif. Elle est essentiellement peuplée d’Arabes palestiniens.

 

2- Dès lors que la Palestine mandataire était censée être le lieu de création du foyer national juif, on peut dire qu’un partage a été effectué déjà en 1923, au détriment de la population juive, la Transjordanie étant ethniquement pure de présence juive.

 

3- Suite au démantèlement de l’empire ottoman, les Etats arabes créés sont l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Arabie Saoudite.

 

4- La politique britannique entre 1920 et 1948 a créé les conditions de tensions et de violence entre Juifs et Arabes et a créé les conditions d’un divorce entre populations juives et arabes.

 

5- Le refus par les pays arabes de la création d’un deuxième Etat arabe de Palestine en 1948 est un fait. Le choix de la guerre par les pays arabes est un fait encore. La création de la fuite de « réfugiés » arabes incombe aux puissances d’agression, donc aux pays arabes, et c’est un fait encore. Que ces populations, pour l’essentiel, n’aient rien de « palestinien » et soient constituées d’Arabes de toute la région est un fait, toujours.

 

6- Ni l’OLP et ses constituants, ni le Hamas n’ont été créés pour le droit du « peuple palestinien » à disposer de lui-même, mais pour détruire Israël au nom de la cause arabe et de l’islam.

 

7- Gaza faisait partie du Mandat palestinien, donc du territoire du foyer national juif, jusqu’en 1948. L’Egypte a occupé ce territoire par prédation de 1949 à 1967. La Judée-Samarie faisait partie elle-même du Mandat palestinien jusqu’en 1948. La Jordanie a occupé ce territoire par prédation de 1949 à 1967. Ni Gaza ni la Judée-Samarie ne sont des territoires palestiniens occupés.

 

Dès lors :

a) il y a un Etat palestinien, la Jordanie, qui devra se trouver appelé Royaume Palestinien de Jordanie.

b) rien ne justifie la création d’un deuxième ou d’un troisième Etat palestinien,

c) il n’existe pas de peuple palestinien, sinon par fabrication idéologique,

d) ni l’OLP ni le Hamas ne sont les incarnations d’un peuple palestinien, ou plus exactement, ce sont des organisations s’appuyant sur la fabrication idéologique du peuple palestinien pour asseoir leur légitimité. Ce sont des organisations destinées à détruire Israël et à créer un Etat peut-être, mais à la place d’Israël, et en aucun cas des partenaires pour la paix.  
 

Comment la paix pourrait-elle venir en ces conditions ? Dans le court terme seul le statu quo est envisageable. Dans le moyen terme, une adaptation du monde musulman à la réalité historique et à la modernité sera impérative. Elle impliquera de remettre la vérité à sa place. L’alternative à une adaptation du monde musulman à la modernité sera une décrépitude du monde musulman, qui, alors, sortira de l’histoire, car aucun développement économique ne peut exister sans une ouverture d’esprit et une ouverture simultanée à la créativité.  

 

Israël n’a rien à céder ou à concéder. Israël a les moyens de se défendre. Le monde occidental a au moins autant besoin d’Israël, matrice extraordinaire d’innovations technologiques qu’Israël a besoin du monde occidental. Un monde musulman remettant la vérité à sa place regarderait Israël comme une matrice d’innovation extraordinaire et comme une bénédiction. Le monde musulman hait Israël et ment sur Israël parce que le monde musulman est confit dans le ressentiment et en meurt doucement.  

 

L’Europe se laisse pénétrer par la haine et le mensonge parce qu’elle-même glisse vers le ressentiment. La gauche américaine ressemble à l’Europe et voudrait infliger à l’Amérique une euthanasie à l’européenne. Je ne pense pas que le peuple américain se montrera tenté outre mesure.  

 

La Judée-Samarie et Gaza dans tout cela ? Le Hamas, l’OLP sont en guerre contre Israël. La prochaine rupture des « pourparlers de paix » peut déboucher sur la violence. Comme l’a écrit Daniel Pipes, ce serait une excellente opportunité pour en finir avec des organisations maléfiques. Ce dont ont besoin le Hamas et l’OLP, c’est d’une vraie défaite. Ce dont ont besoin les populations arabes de  Gaza et de Judée-Samarie, c’est d’être délivrées du mal et du mensonge. Ensuite ? Je serais favorable à l’annexion de la Judée-Samarie et de Gaza, avec création de zones autonomes pour les populations arabes, zones au sein desquelles on apprendrait aux enfants à devenir entrepreneurs, ingénieurs, commerçants ou médecins, et pas, comme aujourd’hui, auteur d’attentat suicide. C’est de toute façon ainsi que cela finira.