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2011/12, Années de Tous les Dangers
et de peu d'Opportunités
Par Albert Soued, écrivain, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
4 janvier 2011
Pensez-vous que le Fatah' reviendra sur son octuple Non à l'état d'Israël, notamment Non à un état juif ?
Pensez-vous que le Hamas reviendra à de meilleurs sentiments à l'égard de son voisin et acceptera son existence à ses côtés ?
Croyez-vous que le Hezbollah acceptera d'être désarmé et de ne plus pointer ses dizaines de milliers de missiles contre Israël, pour devenir une force politique pacifique comme toutes les autres factions au Liban ?
Pensez-vous qu'Ahmedinejad abandonnera son attente du Mahdi et son apocalypse nucléaire ?
Pensez-vous que l'Arabie édulcorera son Islam wahabite qui a envahi l'Islam mondial et consacrera ses pétrodollars au développement et à la modernisation de son pays et des pays arabes voisins ?
Croyez-vous que la Syrie abandonnera ses relations privilégiées avec l'Iran pour se rapprocher de l'Occident ?
Etc…
Si vous répondez "oui" à l'une de ces questions, vous êtes un optimiste à toute épreuve, un rêveur ou un fieffé utopiste.
Mais il y a d'autres questions qu'on peut se poser au seuil de ce nouvel an civil, 2011, nombre constitué d'une double dualité.
Même après que les Démocrates aient perdu la majorité à la Chambre des Représentants, lors des élections de mi-mandat, il y a peu d'espoir que le président américain change de politique au Moyen Orient. B Obama continuera à ménager l'Iran et les pays arabes, malgré les rebuffades, et il poursuivra ses tentatives de déstabilisation et de délégitimation de l'état d'Israël, cherchant à lui enlever ses atouts pour toute négociation (extension des implantations en Cisjordanie, ambiguïté nucléaire, maintien de l'avantage en armement sur les pays arabes, veto américain au Conseil de Sécurité…). Mais d'un autre côté, il voudra un 2ème mandat et il a besoin des voix pro-israéliennes, pour se faire réélire. Alors on peut se demander si le désir de pouvoir l'emportera sur l'anti-israélisme profondément ancré dans son être.
N'ayant pas les moyens de ses ambitions, c'est-à-dire une Palestine arabe du Jourdain à la mer, le Fatah et son chef Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, ont choisi un "état palestinien virtuel", le "pourrissement" par l'action politique de délégitimation d'Israël, via l'Onu notamment et les attentats sporadiques pour démoraliser la population israélienne.
Le Hamas ne contrôle pas toutes les factions terroristes de la bande de Gaza et bien qu'il ne souhaite pas une 2ème intervention israélienne, il risque d'être entraîné dans une escalade pouvant conduire à un embrasement régional. Il en est de même du Hezbollah qui est plus préoccupé à consolider ses positions au Liban et à contrecarrer toute accusation l'impliquant dans le meurtre de Rafik Hariri de 2005. Mais d'un autre côté, vassal de l'Iran, il ne pourra pas se défiler, si ce pays lui intime l'ordre de provoquer Israël, afin de détourner l'attention occidentale de ses funestes projets.
L'Egypte et l'Arabie ont des dirigeants vieillissants et subissant la pression de forces islamistes radicales, l'une, les Frères musulmans, l'autre, al Qaeda et les éléments ultraconservateurs de l'oligarchie royale saoudienne. Les 2 années qui viennent seront des années d'une instabilité latente qui pourrait déboucher sur des bouleversements inattendus.
De son côté, la Syrie est plus préoccupée à consolider le pouvoir et la fortune de la minorité alaouite et à vassaliser le Liban qu'à récupérer un Golan qu'elle n'a contrôlé que militairement et seulement pendant 19 ans (de 1948 à 1967). De même, la Jordanie hashémite est plus préoccupée à contrôler sa majorité palestinienne, sa frontière orientale avec un Irak shiite lié à l'Iran, à compenser son manque de ressources, notamment en eau, qu'à contribuer à une évolution positive du conflit israélo-arabe.
De son côté, l'Irak a une unité précaire et tout déséquilibre des forces peut entraîner l'éclatement du pays en ses 3 composantes, shiite, sunnite, kurde.
En 8 ans, Erdogan et son parti AKP ont réussi à démanteler une grande partie de l'appareil laïc installé par Kemal Ataturk, au profit d'un islamisme à ambition hégémonique et les prochaines élections législatives ne pourront rien y changer. Le vent radical a envahi l'Islam d'est en ouest et du nord au sud.
Dans ce contexte où aucun pays arabe ou musulman du Moyen Orient n'a ni les moyens, ni l'opportunité d'affronter l'ennemi que tous souhaitent voir disparaître, que doit faire Israël ?
Contrairement aux voeux et desiderata de politiciens démagogues ou opportunistes, toute initiative politique en vue d'une négociation de paix est vouée à l'échec. Dans le passé, les dirigeants israéliens ont cru dans la bonne foi de leurs interlocuteurs et dans leur désir de construire un état; mais ils ont fait l'erreur de proposer le maximum des concessions possibles. Et aujourd'hui, Israël n'a plus rien à ajouter aux concessions déjà faites verbalement ou sur le papier, et refusées; d'où l'impasse où on se trouve.
Dans ces conditions, la résolution politique de la situation consiste soit dans la gestion d'un statu quo précaire, mais pouvant durer, soit dans la fuite en avant, en précipitant les événements. Mais pas dans le sens préconisé par les fanatiques de la "paix à tout prix", solution qui ne peut mener fatalement qu'à une autre guerre, au mauvais moment. Car vouloir "la paix à tout prix", c'est se plier aux conditions de l'adversaire, celles exigées par le Fatah et Mahmoud Abbas, ou même celles du plan de paix saoudien qui risquent de mettre en péril la sécurité et l'avenir de l'état juif.
Pour pouvoir négocier sérieusement une paix, il va falloir
"précipiter les événements", afin d'acquérir de nouveaux avantages
transformables en concessions possibles, avec tous les risques que cela implique.
C'est pourquoi, dans les 2 cas, les 2 années qui viennent sont des années de tous les dangers et de peu d'opportunités.