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Pourquoi il n’y a pas de Paix entre Israël
et les Palestiniens?
Par Barry Rubin, directeur de l’institut GLORIA, sur son blog
Titre original : The Simplest
Thing in the World to Understand: Why There Isn't Israel-Palestinian Peace
27 octobre 2011
Traduction: Objectif-info
Les média, les experts et les gouvernements ont beaucoup de difficulté à comprendre un phénomène très étrange. Quelle que soit l’offre présentée à l’Autorité palestinienne (AP), fut-elle est assortie d’argent, de concessions et d’avancées vers la création d’un Etat, l’AP dit non !
Je n’aurai pas pris la peine d’écrire ce qui suit dans la mesure où la réponse parait si simple, mais il y a des tas de gens qui sont payés pour élucider cette énigme et qui n’y parviennent pas. Laissez-moi donc apporter une explication.
L’AP veut tout avoir : elle veut un Etat indépendant couvrant toute la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem Est sans restrictions de souveraineté, elle ne veut pas reconnaître Israël comme un Etat juif, elle ne veut pas donner de sérieuses garanties de sécurité, elle ne veut pas qu’il y ait des limites à sa militarisation, elle ne veut pas d’un traité mettant fin au conflit, elle ne veut pas qu’on l’incite à installer les réfugiés dans l’Etat de Palestine, et rien qui l’empêche de passer à la seconde étape du plan visant à rayer définitivement Israël de la carte.
On peut dire, bien sûr, qu’il est de règle qu’un peuple veuille tout sans rien donner en échange, mais certains facteurs, absents dans ce cas d’espèce, poussent en principe à transiger.
Parmi ces facteurs on peut mentionner :
- La conviction intime qu’il ne peut pas y avoir un meilleur compromis. Or les Palestiniens savent que l’Occident leur offre toujours davantage s’ils sont intransigeants ;
- L’idée que la situation d’impasse donne un avantage à votre adversaire car votre intransigeance lui assure un soutien international. Or en l’occurrence, plus les Palestiniens sont intransigeants plus on fait des reproches à Israël ;
- Les pressions économiques en vue d’assouplir les positions. Dans la mesure où l’AP est presque entièrement soutenue par l’aide étrangère qui n’est pas remise en cause par ses positions extrémistes, ces pressions n’existent pas ;
- Les pressions de l’opinion publique en vue d’assouplir les positions. Sur cette question, l’opinion publique palestinienne est relativement radicale et idéologique et elle ne pousse pas ses dirigeants au compromis ;
- Le risque que vos adversaires politiques intérieurs vous taxent de rigidité et l’emportent en se disant prêts à un arrangement. Dans notre affaire, c’est le contraire qui se produit. Les adversaires intérieurs font de la surenchère et menacent de vous éliminer politiquement et même physiquement si vous passez un accord;
- L’idée que le temps ne joue pas en votre faveur. L’idéologie religieuse et nationaliste, et une perception erronée d’Israël, amènent l’AP (et plus encore le Hamas) à croire que le temps est de leur côté. Attendre deux générations et plusieurs décennies, ce n’est pas un problème.
Cette liste n’est pas complète. Mais le problème, c’est que le monde en général, les Etats-Unis et l’Europe, les Nations Unies, les Etats de langue arabe ou à majorité islamique ont créé un système parfait pratiquement verrouillé.
En voici une description succincte :
- L’AP n’a pas d’intérêt évident à faire la paix et ne veut pas la faire ;
- Le monde insiste sur l’idée que la paix est une priorité majeure et urgente ;
- La seule variable possible est Israël, qui doit permettre de trouver des solutions. Mais Israël ne s’incline pas, compte tenu de ses expériences antérieures et du fait que les risques sont aujourd’hui excessivement élevés. Donc l'impasse…
N’attendez pas de changement.
N’attendez ni processus de paix, ni Etat palestinien. N’attendez pas d’avancée.
Vous pourrez lire cet article dans deux ou trois ans, il sera parfaitement d’actualité. Si vous ne comprenez pas les points abordés plus haut, il vous sera impossible de comprendre le Moyen-Orient. On pourra rédiger des milliers d’e-mails, des centaines d’articles, réunir de coûteuses conférences, obtenir des contributions de dizaines de fondations, lancer des dizaines d’initiatives de paix, tout cela n’aura aucun sens car fondé sur des prémices erronées.
Il ne s’agit ni d’une prise de position de droite ni de gauche, mais seulement d’expliquer pourquoi tous les schémas et toutes les théories de ceux qui ne voient pas ces réalités ne prendront jamais corps. Il ne s’agit pas de politiquement correct mais de factuellement correct.
A présent vous devez penser que je me contente de critiquer et que je ne donne pas un avis politiquement constructif. Le voilà.
Quand l’AP rejette les propositions de négociation du Quartet, les Etats-Unis, l’Union européenne et tous ceux qui veulent avancer doivent lui dire : "Nous avons essayé de vous aider et vous n’avez pas voulu nous écouter, alors que nous avons des tas d’autres chats à fouetter. Nous allons nous y mettre. Bonne chance, et si vous changez d’avis, si vous décidez vraiment de faire la paix, vous avez notre numéro de téléphone"
Le paragraphe précédent choquera les cercles politiques et ils auront une réaction de rejet, n’est-ce pas ? Pourquoi ? Si vous ne pouvez pas résoudre un problème et, soyons clairs là-dessus, le problème n’exige pas une solution immédiate, alors consacrez-vous à autre chose. Et les problèmes ne manquent pas !
J’espère que vous avez apprécié cet article et que vous l’avez trouvé utile. Reste cependant en suspens le problème suivant : ceux qui ont des responsabilités politiques, dans les média, ou un certain pouvoir intellectuel ne vont pas dans ce sens.
Solution : s’il vous plait expliquez-leur,
faites qu’ils soient remplacés, ou prenez vous-mêmes leur place.