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L'Union Européenne Constitue un Obstacle à la Paix au Proche-Orient

 

Par Emmanuel Navon, professeur de relations internationales à l'Université de Tel-Aviv.

Point de vue | LEMONDE.FR | 07.02.12

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/02/07/l-ue-constitue-un-obstacle-a-la-paix_1639519_3232.html

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L'idée que les localités israéliennes bâties au-delà des lignes d'armistice de 1949 constituent un obstacle à la paix est devenue un dogme chez les diplomates et journalistes européens. Or ce dogme est contredit par trois faits :

1. Le monde arabe était en guerre contre Israël bien avant la construction des premières implantations israéliennes dans les années 1970 ;

2. Le leadership palestinien a rejeté à deux reprises l'offre israélienne (par Ehud Barak en juillet 2000 et par Ehud Olmert en septembre 2008) de démanteler ces implantations en échange d'un accord de paix ;

3. Lorsqu'Israël démantela toutes ses implantations de la Bande de Gaza en 2005, elle reçut à la place de la paix qu'elle escomptait des tirs de missiles incessants.

Bien plus que les implantations, l'un des principaux obstacles à la paix entre Israël et les Palestiniens est la question des réfugiés. Sous couvert de l'euphémisme humanitaire de "droit au retour," les Palestiniens veulent envahir Israël avec sept millions d'immigrants qui sont les descendants réels ou supposés des quelque six-cent mille Arabes qui quittèrent leurs maisons pendant la Guerre d'Indépendance d'Israël. Le "droit au retour" transformerait Israël en un État binational avec une majorité arabe.

Certains relativisent le "droit au retour" comme étant une simple tactique de négociations et un phantasme auquel les Palestiniens eux-mêmes ne croient pas. Et pourtant, c'est bien en vertu de ce "droit au retour" que Yasser Arafat et Mahmoud Abbas rejetèrent les offres de paix respectives d'Ehud Barak et d'Ehud Olmert. Par ailleurs, les médias d'État palestiniens ne présentent pas le "droit au retour" comme rêve irréalisable mais bien au contraire comme l'un des principes fondateurs du nationalisme palestinien, un principe dont l'abandon constitue un acte de haute trahison.

Le "droit au retour" perdure entre autre à cause de l'UNRWA (l'office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), et ce pour deux raisons. D'abord parce que la mission de l'UNRWA (contrairement à la mission du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ou UNHCR) n'est pas d'intégrer les réfugiés palestiniens dans leurs pays d'accueil mais au contraire de subventionner leur vie de réfugiés. Ensuite, parce que l'UNRWA applique la définition de "réfugié" aux descendants des réfugiés, tandis que l'UNHCR (qui est en charge de tous les réfugiés du monde à l'exception des réfugiés palestiniens) limite cette définition aux réfugiés eux-mêmes.

Du fait de ces différences de missions et de définitions, le nombre de réfugiés dans le monde a décru de soixante millions en 1947 à dix-sept millions aujourd'hui, tandis que le nombre de "réfugiés palestiniens" a accru de six-cent mille en 1948 à sept millions aujourd'hui.

Si les réfugiés palestiniens, comme le reste des réfugiés dans le monde, avaient été la responsabilité de l'UNHCR, le problème des réfugiés palestiniens aurait été résolu depuis longtemps. Des six-cent mille réfugiés de 1948, quelque cent-mille seraient encore en vie aujourd'hui. Au lieu d'être ségrégués dans des camps, ils seraient des citoyens à part entière de pays dont ils partagent l'appartenance ethnique, la langue, et la religion. Démanteler l'UNWRA et faire de l'UNHCR l'agence responsable des réfugiés palestiniens mettrait fin à un obstacle majeur à la paix au Proche-Orient.

La décision récente de l'Union européenne (UE) d'attribuer 72 millions d'Euros à l'UNWRA ne fait que retarder cette réforme nécessaire. Cette contribution à l'UNWRA n'est pas seulement un affront aux Palestiniens eux-mêmes dans la mesure où elle encourage des pays comme le Liban et la Jordanie à ne pas remplacer leur politique de ségrégation par une politique d'intégration. Il s'agit également d'un affront à la cause de la paix.

Tandis que l'UE a réalisé dans ses frontières la vision kantienne de paix démocratique (avec un peu d'aide des États-Unis qui protégèrent l'Europe de la menace soviétique), la contribution de l'Europe à la paix en dehors de ses frontières n'est pas reluisante – comme peuvent en témoigner le Rwanda ou l'ex-Yougoslavie. L'aveuglement européen face à un soi-disant "printemps arabe" qui a amené les islamistes au pouvoir est le dernier exemple tragique en date. La décision de l'UE de contribuer au financement de l'UNRWA ne fait pas que confirmer cet aveuglement. Elle fait de l'EU un obstacle à la paix au Proche-Orient.

 

The EU is an Obstacle to Peace


by Emmanuel Navon teaches at Tel-Aviv University's Abba Eban Graduate Program for Diplomacy Studies
Source: http://www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/11205#.TysPfYFvIi5

Friday, February 3, 2012


The claim that Israeli “settlements” constitute “an obstacle to peace” has become a self-evident European dogma. The truth, of course, is that there was no peace between Israel and its Arab neighbors when none of those “settlements” existed (between 1949 and 1967); that the Palestinian leadership has twice rejected Israel’s offer to dismantle most of its settlements (by Ehud Barak in July 2000 and by Ehud Olmert in September 2008); and that when Israel unilaterally dismantled all its settlements in Gaza in 2005, it was “rewarded” by thousands of rockets.

Rather than settlements, one of the major obstacles to peace between Israel and the Palestinians is the so-called “right of return.” By this euphemism, the Palestinians want to flood Israel with about 7 million immigrants who are the descendants, or alleged descendants, of the 600,000 Arabs who left their homes during Israel’s War of Independence. This would turn Israel into a bi-national state with an Arab majority. Except for a minority of post and anti-Zionist Israelis, even the most dovish members of the Israeli Left consider the “right of return” a non-starter.

While the Zionist Left generally pooh-poohs the “right of return” as a mere rhetorical tool in which the Palestinians themselves don’t actually believe, the fact is that the Palestinian refusal to give in on that issue is what caused the rejection of Barak and Olmert’s peace proposals. Moreover, neither Arafat nor Abbas ever tried to educate their people into admitting that the “right of return” is unrealistic; on the contrary: both leaders have made the “right of return” a central tenet of Palestinian nationalism and an issue whose abandonment is an act of high treason.

The fantasy of the “right of return” is kept alive and indeed nurtured by UNWRA, the United Nations Agency created in 1949 to handle the issue of Palestinian refugees. There are two main reasons why UNWRA is perpetuates and even aggravates the “Palestinian refugee problem.”

First, the mandate of UNWRA (as opposed to the mandate of the United Nations High Commissioner for Refugees, or UNHCR) is not to integrate refugees into their host countries but to support them and to subsidize their lives as second-class citizens in camps.

Second, UNWRA applies the definition of “refugees” to the descendants of the refugees, while UNHCR limits this definition to the refugees themselves. Hence has the world’s number of refugees decreased from 60 million in 1947 to 17 million today, while the number of “Palestinian refugees” has increased from 600,000 in 1948 to 7 million today.

UNWRA is thus a major obstacle to peace. Had UNHCR been in charge of Palestinian refugees (UNHCR handles all the world refugees except Palestinian refugees), the issue would have been solved a while ago.

First, were Palestinian refugees defined as such according to UNHCR criteria, about 100,000 Palestinian refugees would still be around today, most of them elderly. Second, UNWRA collaborates with the discriminatory policies of countries such as Lebanon and Jordan, who deny them citizenship and jobs, by subsidizing the confinement of Palestinian refugees in camps instead of integrating them into countries with which they have no language, ethnic, and religious differences.

Dismantling UNWRA and transferring the fate of the remaining actual Palestinian refugees to UNHCR would thus remove a major obstacle to peace.

The EU has just decided to do the very opposite by granting UNWRA a 72 million donation. This decision is not only an affront to the Palestinian refugees themselves, since it contributes to the perpetuation of their status of segregated and pauperized minorities among their Arab brothers. It is also an affront to the cause of peace. The EU, in effect, has just signed a big check that will fund a major obstacle to peace.

While the EU did somewhat realize the Kantian vision of democratic peace within its borders (although with a little help from the United States, whose army protected Europe from the Soviet Union during the Cold War), Europe’s contribution to peace outside of the Old Continent’s borders has been dismal. From Rwanda to the former Yugoslavia, the EU has been powerless at best and part of the problem at worst. T

he EU (formerly EEC) promoted the PLO in the 1970s and did not welcome the Camp David Agreements of 1979. Although the Oslo Agreements were technically not made in the EU (Norway is not a EU member), the European recipe for peace in the Middle East has failed miserably and tragically.

The EU’s recent decision to fund UNWRA belongs to a long history of counter-productive efforts. But, mostly, it confirms the fact that the EU is an obstacle to peace in the Middle-East.