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Vers
un Retour à l’Equilibre Régional de l’ère Moubarak au Moyen-Orient?
Par Zvi Mazel
14/7/13
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générale au Moyen Orient
C’est ainsi que plus de douze milliards de dollars ont été promis à l’Égypte pour l’aider à tirer son économie de l’impasse et surtout pour bien montrer que ces pays soutiennent le nouveau régime dans sa lutte contre la Confrérie des Frères Musulmans.
Quant au Qatar, qui ne se dément pas de sa fidélité de plus
d’un demi-siècle envers les Frères, il se retrouve bien isolé. La chute de
Moubarak et l’arrivée au pouvoir des Frères Musulmans avaient sonné le glas
d’un système d’alliances destiné à contrecarrer l’Iran.
Sous l’impulsion de l’Égypte et de l’Arabie Saoudite et avec le soutien des
États-Unis ce système s’était maintenu pendant trente ans. Après sa révolution,
l’Égypte, tournée vers ses problèmes internes, avait laissé l’Arabie Saoudite
assumer seule le manteau de l’opposition à Téhéran. Plus grave encore, les
Frères Musulmans avaient amorcé un rapprochement avec le régime des Ayatollahs.
Hassan el Banna, fondateur du mouvement, n’était pas hostile à l’Islam chiite
et souhaitait la réunification de l’Islam.
Dans un premier temps, le président Morsy, qui
voulait créer un comité de quatre pour trouver une solution à la crise
syrienne, chercha à y faire entrer l’Iran aux côtés de la Turquie, de l’Arabie
Saoudite. C’était sans compter sur les nombreux différends qui opposent
Ryad à Téhéran : les efforts de l’Iran pour imposer son hégémonie dans les
pays du Golfe, le programme nucléaire et le soutien apporté au régime d’Assad en Syrie. Le comité resta lettre morte.
Morsy voulut alors renouer des relations économiques
avec l’Iran, prélude à la reprise des relations diplomatiques. Il se
heurta à la violente opposition des Salafistes, dont
la haine pour les Chiites est bien connue et qui par ailleurs bénéficient d’une
assistance financière considérable de l’Arabie Saoudite, laquelle ne voulait à
aucun prix cette reprise. D’ailleurs depuis l’accession au pouvoir de Morsy, l’Arabie Saoudite avait pris ses distances vis-à-vis
de l’Égypte. Certes, au nom de la solidarité arabe; elle avait bien promis une
aide de deux milliards de dollars, mais n’a versé que
la moitié de cette somme. La monarchie saoudienne avait pourtant eu de bonnes
relations avec la Confrérie par le passé.
En 1961, Sai'd Ramadan, ancien secrétaire particulier
d’Hassan el Banna, avait convaincu le roi Saoud de
créer "La ligue islamique mondiale" pour diffuser le Wahabisme, l’Islam pur et dur, en Occident. L’argent
saoudien a financé des mosquées et des centres culturels dirigés par les Frères
en Europe et aux États-Unis. Le roi avait accueilli les membres de la Confrérie
fuyant les persécutions de Nasser, dans les années cinquante et soixante, et
leur avait permis de s’établir dans le royaume. Les attentats du 11 septembre
2001 à New York et le fait que sur les 18 terroristes, 16 étaient des nationaux
saoudiens ont donc plongé l’Arabie Saoudite dans la stupeur. Non seulement ces
attentats risquaient de remettre en cause la relation privilégiée entre le pays
et les États-Unis, mais encore ils mettaient en évidence le fait que les Frères
Musulmans avaient introduit le jihadisme dans le
royaume et formé une génération de terroristes qui risquaient de l’impliquer
dans le terrorisme mondial. Le roi prit donc la décision de chasser les Frères
Musulmans. Ils ne l’ont pas oublié – et l’Arabie non plus.
Toute autre est la situation du Qatar. C’est aussi pour échapper à Nasser que
les membres de la Confrérie y sont arrivés, il y a plus d’un demi-siècle.
C’était alors une petite principauté sans importance qui tirait l’essentiel de
ses ressources de la pêche aux perles. Les Bédouins les ont accueillis à bras
ouverts. Pour leur part, les Frères acceptèrent là aussi le Wahabisme
et aidèrent le pays à créer les ministères de l’Éducation et de la Religion
dans le but de former la jeunesse.
C’est à cette époque qu’arrive Yusuf el Qaradawi, qui devait devenir la plus haute autorité
religieuse de la Confrérie. Il créa l'Union Internationale des Sages Musulmans
et le Conseil européen pour la recherche et la Fatwa destiné à conseiller les
Musulmans sur la façon de préserver leur religion, tout en vivant dans un
milieu non musulman. Qaradawi présente sur la chaine
Al Jazeera un programme hebdomadaire intitulé
"La Charei'ya et la vie", où il expose ses
positions extrémistes à des millions de téléspectateurs. En 2009, il n’avait
pas hésité à déclarer que Dieu s’était servi d’Hitler pour punir les Juifs et
que les Musulmans finiraient peut-être le travail.
Al Jazeera ne cachait pas son hostilité au président
Moubarak, qui le lui rendait bien, allant jusqu’à dire qu’il s’agissait d’une
chaîne de télévision qui avait son propre pays. Quoi qu’il en soit Al Jazeera a pesé de tout son poids sur le printemps arabe au
point d’être accusée d’y avoir contribué. Le Qatar continue à donner
généreusement aux Frères. Il soutient les extrémistes islamistes en Libye et il
aide ouvertement les rebelles islamiques en Syrie. Après avoir applaudi
l’arrivée des Frères au pouvoir en Égypte, le Qatar n’a toujours pas accepté la
nouvelle donne et Qaradawi a répété à l’envie que c’est un devoir pour tout Musulman de soutenir Morsy.
Pour Téhéran, la chute de Morsy ne pouvait plus mal
tomber. Le pays est durement touché par les sanctions occidentales. Son allié
le plus fidèle, Assad, se bat pour sa survie en
Syrie. Son autre allié, le Hezbollah, qui avait envoyé des milliers de ses
hommes pour défendre Assad, a subi de lourdes pertes.
Au Liban on s’indigne de son intervention et la vieille alliance des Sunnites
et des Chrétiens est en train de renaître.
Le Hamas pour sa part a quitté la Syrie sur la pointe des
pieds. Ce qui ne veut pas dire que l’Iran est prêt à renoncer à ses ambitions
régionales ou à son programme nucléaire.
En dernière analyse ledit "printemps arabe" a surtout mis en lumière
l’étendue de l’influence de l’Islam sur les populations du Moyen-Orient. La
région traverse maintenant un bouleversement aux conséquences encore
incalculables. En Égypte un raz de marée des forces non islamiques a renversé
le régime des Frères Musulmans. Toute la question est de savoir à quelle sortie
de crise il faut s’attendre. Si l'Egypte arrive, avec l’aide des états arabes
amis, à trouver un nouvel ordre politique qui ramène la paix civile, ce
sera un revers sérieux porté au terrorisme islamique et aux ambitions de
l’Iran dans la région. Les États-Unis ont leur rôle à jouer dans cette partie
dangereuse. Soutenir le nouveau régime est vital non seulement pour ce dernier,
mais encore pour les intérêts américains et ceux de l’occident. Il faut espérer qu’ils s’en rendront compte à temps.