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LES MILITANTS DU HAMAS DOIVENT CESSER DE JOUER AUX TALIBANS
ou Le coup de colère d’un intellectuel palestinien vivant à Londres
Article par Khaled Al-Hroub paru dans Al Ittihad (l'union)
Traduit et publié
par Courrier international - n° 756 - 28 avr. 2005
Le 10 avril dernier, la jeune Palestinienne Yousra Al-Azzami
a été tuée par balles et son fiancé passé à tabac sur la plage de Gaza. Les
auteurs de ces violences étaient des militants assimilés au Hamas, agissant
au nom de la “répression morale” et de la “lutte contre la corruption
des mœurs”. De tels actes sont de sérieux signaux d’alerte d’une dangereuse
dérive, car la résistance n’a pas le droit de s’en prendre à la population
et de lui dicter son point de vue par la force et par les armes. Il est inadmissible
d’utiliser le capital de sympathie obtenu dans la lutte contre l’ennemi extérieur
pour imposer une idéologie à l’intérieur, tout comme il est inadmissible de
profiter de l’admiration de la part de larges couches de la population pour
imposer des valeurs morales, religieuses et culturelles à une société dont
tous les membres ne sont pas des dévots. Le soutien dont bénéficie le Hamas
en tant qu’organisation de résistance ne signifie pas pour autant une adhésion
à son programme d’islamisation de la société.
Ainsi, le Hamas s’empêtre dans les difficultés que de nombreuses autres
organisations ont connues avant lui au moment de passer de la résistance à la
conception de la vie politique. Or il doit savoir que le crédit qu’il a
difficilement obtenu par la première pourrait facilement être dilapidé par la
seconde. Le mouvement islamique a contribué à la propagation d’idées conservatrices,
à la restriction des libertés individuelles et au repli sur soi de la société
palestinienne, que ce soit dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie. Il n’en
reste pas moins que le peuple palestinien n’acceptera pas que les talibans
servent de modèle à sa vie sociale, politique, culturelle et religieuse.
Alors que le Hamas a fait preuve d’une certaine ouverture politique, il persiste
dans la fermeture sociale: pas une seule femme n’est apparue en son sein au
niveau politique, médiatique ou parmi les dirigeants, contrairement à l’évolution
de l’ensemble du mouvement national palestinien. Et, avec tout cela, le Hamas
se présente comme le détenteur de la vérité absolue en s’appuyant sur le dogme
religieux plutôt que sur l’interprétation humaine. Ce qui constitue un autre
danger, puisque cela permet d’affirmer des vérités religieuses toutes faites
là où la société fait preuve d’une pluralité d’opinions.