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Un chroniquer saoudien: "Nos jeunes doivent être rééduqués…Il faut renoncer à la violence."
Décembre 11, 2002; source Memri N° 448
Dans un article
du quotidien saoudien Okaz, Abdullah Abou Sameh invite l'Arabie Saoudite à
combattre l'idéologie fanatique qui a infecté sa jeunesse au moyen d'une interprétation
erronée de l'islam. Voici l'article (1).
Les
extrémistes ont corrompu l'esprit de nos jeunes
"L'attentat
terroriste récemment perpétré au Koweït, où un soldat américain et deux
agresseurs ont trouvé la mort, et un autre soldat a été blessé, devrait être
considéré de près. Il montre clairement l'influence profonde qu'exerce le
concept islamiste de djihad sur certains jeunes esprits, occultant toute
capacité de réflexion rationnelle.
Les groupes
extrémistes ont adopté une idéologie fanatique ainsi qu'une interprétation
erronée [des concepts] de djihad et de dawa ; le vrai sens du djihad est
l'auto défense. Or ils ont appris qu'il est un moyen d'oppression et de
domination.
On a convaincu ces
jeunes que la société se divise en [deux catégories]: les croyants d'une part
et les non-croyants de l'autre, que toute autre vision du monde relève de
l'apostasie. On leur a appris à n'accepter aucun point de vue différant de
celui de leur propre groupe, que le monde regorge d'infidèles et d'hérétiques.
Les extrémistes ont
inculqué la brutalité, la violence et le meurtre à leurs partisans, lesquels
continuent de se battre aveuglément sans évaluer à sa juste valeur la puissance
de leur ennemi.
Oussama Ben Laden,
dans son renommé manifeste, a déclaré la guerre aux infidèles, [sans tenir
compte] de leur puissance et sans [jamais] revoir sa position. Ses partisans au
Koweït ont agi de même, courant à la mort après avoir commis leur crime. Ils
ont propagé la confusion et l'instabilité dans une société qui a actuellement
besoin de cohésion et de stabilité.
L'écrivain Abd
El-Rahman Al-Rachid, dans un
article intitulé 'Le 11 septembre: militantisme dévoyé et endoctrinement', paru
dans le numéro du 12 septembre d'Asharq al-Awsat, critique vivement
l'extrémisme qui a envahi les rangs de la jeunesse."
Le 11
septembre ne découle pas de problèmes économiques
"La
participation d'un si grand nombre de Saoudiens aux attentats du 11 septembre,
dont une bonne partie dépérit dans la prison de la baie de Guantanamo ou est
détenue en Afghanistan, a surpris la majorité des citoyens saoudiens, certains
ayant eu du mal à surmonter leur incrédulité.
La pilule est dure à
avaler, mais il vaut mieux affronter la réalité… que se trouver [ensuite]
obligé de présenter ses excuses. Al-Rachid affirme qu'il a lu et entendu
plusieurs explications visant à justifier le phénomène de violence chez nos
jeunes, et estime que la plupart de ces arguments ne tiennent pas, surtout ceux
d'ordre économique:
'L'Arabie Saoudite
connaît actuellement une situation économique difficile, toutefois bien
meilleure que celle de certains autres Etats… Nous devrions savoir que
plusieurs membres d'Al-Qaïda sont issus de familles aisées. Quelle était donc
leur motivation? En bref, la radicalisation des jeunes découle de la culture de
violence qui a infiltré l'éducation religieuse, culture en désaccord avec les
traditions de paix de la société saoudienne conservatrice. Cette culture de
violence a politisé la dawa, avant de la militariser, lui donnant un
rôle contraire à celui qu'elle a joué dans le Royaume ces soixante-dix dernières
années', dit Al-Rachid.
Tous sont d'accord
avec Al-Rachid sur le fait que le concept de dawa a été imprégné d'un
extrémisme qui lui est étranger, dans le but d'en faire un outil de pouvoir. Le
concept de djihad ainsi que certains préceptes islamiques ont été mal
interprétés, générant une philosophie de fanatisme et de haine."
La
littérature religieuse a introduit une culture de violence en Arabie Saoudite
"Quand la guerre
contre les communistes a été déclarée en Afghanistan, les extrémistes portaient
le masque de la religion pour mieux convaincre la société saoudienne d'y
participer, d'abord par des dons et une aide humanitaire bénévole, puis par des
opérations militaires exécutées par des volontaires. Al-Rachid précise que 'la
guerre en Afghanistan est devenue un combat populaire nourri de textes
religieux qui ont contribué à créer une culture de violence au sein de la
société saoudienne. L'appel au djihad s'est fait entendre, tandis que la
société s'est trouvée politisée par les prédicateurs, dans les mosquées et les
universités. Du jamais vu. Le comble a été atteint quand de jeunes hommes ont
reçu l'autorisation de se rendre à l'étranger pour se battre contre les
Soviétiques.'"
Notre
jeunesse doit être rééduquée
"Que faire, une
fois que le pire a eu lieu? Al-Rachid répond lui-même à sa question: 'Il n'est
pas facile de rendre son innocence à une société endommagée par une culture
nuisible, une société considérée [jusque-là] dans le monde arabe comme
totalement à l'abri. Le remède, comme la cause, est culturel', conclut-il.
Ceci est le
diagnostic le plus valable du problème de notre société. Pour retrouver sa paix
et son innocence, se réconcilier avec le monde, notre jeunesse doit être
rééduquée tandis que la violence - concept étranger à notre culture - doit être
éradiquée.
Cette éradication
peut être menée à bien grâce à l'éducation. Une nouvelle matière portant sur la
culture moderne pourrait être incorporée au programme éducatif.
Nous devons écarter
les mauvaises interprétations et revenir à la pure dawa du prophète
Mahomet, grâce à de bons conseillers et à une solide éducation religieuse. Le
devoir de tout musulman est d'encourager les gens au bien plutôt qu'à essayer
de les dominer."
[1] Publié en anglais
dans le Saudi Gazette, le 18 octobre 2002, à partir d'un article paru
dans Okaz (date non mentionnée).