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POURQUOI ISRAËL NE DOIT JAMAIS NEGOCIER AVEC
LE HAMAS
Par Mohamed Sifaoui, journaliste et écrivain
Le Blog de M. Sifaoui – le 02/03/09
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des pays arabes
Des voix s'élèvent aux quatre coins du monde pour appeler
les autorités israéliennes à rechercher, après la formation du nouveau cabinet,
une solution négociée avec le Hamas. Une telle «demande» aurait été normale si
l'adversaire était autre que cette organisation terroriste, ce mouvement
intégriste ayant fait main basse sur Gaza.
Je le dis ex abrupto : l'une des erreurs que pourrait faire tout
gouvernement israélien serait de s'asseoir autour d'une table avec les
dirigeants du Hamas.
Cette affirmation, je le précise, n'est ni la marque d'un jusqu'au-boutisme idiot
ni le résultat d'une posture extrémiste et guerrière et je tiens à apporter
l'argumentation la plus claire possible pour démontrer qu'une négociation avec
les groupes islamistes palestiniens serait catastrophique non pas pour Israël
seulement, mais pour nous tous. Ce serait dramatique pour tous ceux qui savent
que l'islamisme, comme idéologie et en tant que projet politique, est
désastreux pour les sociétés et un danger pour l'avenir de l'humanité, pour
l'équilibre des relations internationales et pour la stabilité du monde.
Le Hamas, ne l'oublions pas, obéit à une pensée qui ne reconnaitra jamais - en
tout cas jamais avec sincérité - la légitimité du peuple juif à disposer d'un
État dans lequel ce même peuple pourra être majoritaire. Cette pensée, dans ses
aspects les plus extrémistes, ne voit le « Juif » que dans un statut
d'infériorité et d'humiliation. De plus, si la charte de la milice
palestinienne appelle, on ne peut plus clairement, à la destruction d'Israël,
la doctrine qui a inspiré cette fameuse charte est, nihiliste, à plus d'un
titre, et diabolise toute « différence », y compris quand celle-ci s'exprime à
l'intérieur même d'une société musulmane.
Nous tous, musulmans, juifs ou chrétiens ; athées ou agnostiques ; hommes ou
femmes de bonne volonté, devons comprendre définitivement que nous sommes face
à des organisations extrémistes et terroristes qui portent en elles un projet
fasciste. Ce qualificatif n'est ni abusif ni excessif. Si en dehors de toute
passion, de toute crispation et de toute subjectivité, l'on s'arrêtait un
moment sur les caractéristiques de l'idéologie islamiste, celle-là même qui
nourrit les fanatiques de Gaza, on se rendrait compte aisément que celle-ci n'a
absolument rien à envier au nazisme et que, les différences entre elle et la
pensée hitlérienne sont tellement minces qu'il faudrait un microscope pour les
observer.
Si nous arrivons à nous mettre d'accord sur le caractère fasciste du Hamas - et
des autres organisations abreuvées par l'islamisme -, nous pourrions convenir,
dès lors, que jamais à travers l'Histoire un conflit opposant le monde libre au
fascisme ne s'est terminé autour d'une table de négociations. Les fascismes,
hormis lorsqu'ils sont considérablement affaiblis politiquement et
militairement, ne sont pas prêts à la discussion puisqu'ils basent généralement
toutes leurs théories sur la négation de l'autre, sur sa soumission voire sur
son anéantissement. Et c'est le cas, des idéologues du Hamas qui considère
l'Autre, le Juif, l'Israélien, le sioniste, et ce quand bien même serait-il
plus puissant, comme un être inférieur, étant donné qu'il subirait, un jour, la
« colère divine », et donc ils pensent cet « Autre » comme une entité non
respectable, négligeable à l'égard de laquelle aucun engagement ne devra être
tenu. Aussi, même si le Hamas engage-t-il avec Israël une discussion via
l'Égypte, il ne faudra voir là qu'une ruse, un stratagème visant à gagner du
temps, à se remettre d'aplomb. L'idéologie islamiste préconise d'ailleurs de «
signer une trêve avec l'ennemi lorsque la victoire n'est pas immédiatement
possible ». Elle enseigne aussi que la trêve doit permettre de préparer une
nouvelle bataille.
Par conséquent, il n'est pas choquant de dire que, de toute manière, cette
guerre contre cet extrémisme ne saura être close par une négociation, mais elle
connaîtra son épilogue par un vainqueur et un vaincu. Ce fut le cas par le
passé devant d'autres fascismes et ce sera aussi le cas, à l'avenir, avec ce
fascisme là.
Le côté mythique et mystique, les aspects irrationnels qui caractérisent les
mouvements salafistes et l'amalgame savamment
entretenu par ces mêmes extrémistes entre ce qui a trait à la spiritualité et
ce qui a un lien avec le politique sont aussi des éléments qui singularisent
les courants extrémistes auxquels nous faisons face. Ces éléments leur
confèrent, par ailleurs, une complexité qui rend la compréhension, surtout
celle du non-initié, encore plus ardue. Parce qu'outre le fait qu'elle
instrumentalise la religion, la mouvance islamiste maîtrise également
l'utilisation et la manipulation des techniques modernes et classiques de la
politique et ses animateurs savent jouer des différents instruments qui
existent et se jouer notamment des médias et des Organisations de défense des
droits de l'Homme.
Aussi, la première raison qui me pousse à rejeter ipso facto toute discussion
avec le Hamas est alimentée par le fait qu'on ne peut pas discuter, négocier et
traiter sur une base sérieuse et dans un cadre de confiance minimum avec un
mouvement fasciste quel qu'il soit. Mais par ailleurs, il faudra certainement
se surpasser et adopter le mode de pensée de ces mouvements extrémistes pour
mieux les cerner. Nous serons incapables d'assimiler leurs visées avec une
grille de lecture rationnelle, moderne reposant sur les valeurs universelles et
celles de la civilisation occidentale.
Mais ce n'est pas là, l'unique argument. L'autre est d'ordre purement
stratégique. Il est important de garder à l'esprit - et c'est ainsi que le
Hamas doit être apprécié - que le parti dirigé aujourd'hui par Ismaël Haniyeh et Khaled Machaal
s'inscrit dans une stratégie globale alimentée par un fanatisme religieux
véhiculé à la fois par des idéologues, tels Aymen Al-Zawahiri, des organisations terroristes comme Al-Qaïda ou
des États comme l'Iran. Et même si des divergences inter-islamistes peuvent
miner les relations entre sunnites et chiites et même si Al-Qaïda et ses
leaders ne portent pas dans leur cœur l'Iran et ses mollahs, il n'en demeure
pas moins que tous sont d'accord sur l'essentiel : la destruction d'Israël.
Objectif devenu stratégique pour l'ensemble des mouvements islamistes.
Israël est, en effet, le sujet qui met tous les islamistes d'accord. Qu'ils
soient sunnites ou chiites, qu'ils soient salafistes djihadistes ou issus de la pensée dite « réformiste » des
Frères musulmans, qu'ils soient pragmatiques ou excités, ils ont tous un seul
dénominateur commun : Israël doit disparaître. Et il est inutile de se bercer
d'illusions, ils ne renonceront jamais à ce « macabre projet » tant celui-ci
est profondément ancré dans l'idéologie qui les caractérise. C'est dire, si un
islamiste rejette sincèrement l'idée de la « destruction d'Israël », c'est
qu'il n'est plus un islamiste. Et ce ne sera pas le cas du Hamas.
Tout ceci pour rappeler que toute victoire, aussi minime soit-elle, remportée
par le Hamas, sera une victoire pour tous les groupes islamistes. Mais au-delà,
si les islamistes palestiniens obtiennent des concessions de la part d'Israël,
cela amènera les fanatiques à montrer que leur discours haineux, que leur
idéologie fasciste et que leurs actions terroristes sont les seuls qui
permettent l'obtention de résultats concrets et par conséquent, la moindre
concession accordée à ces islamistes ne manquera pas de légitimer l'ensemble de
leur entreprise et tout leur mouvement. Observons deux cas similaires et
récents qui ont été comptabilisés, comme des « victoires », par deux milices
islamistes, l'une sunnite, l'autre chiite.
Première séquence : retrait unilatéral
d'Israël du Liban Sud. Le Hezbollah travestit la réalité, présente ce retrait
comme une défaite des Israéliens, continue sa guerre d'usure, kidnappe des
soldats, provoque la guerre de 2006 et gagne en popularité et en légitimité.
Deuxième séquence : retrait unilatéral d'Israël
de la bande de Gaza. Le Hamas travestit, là aussi, la réalité, annonce sa
victoire, affirme qu'il continuera sa guerre d'usure, kidnappe le soldat Guilat Shalit, provoque la guerre
de 2008 et gagne en popularité et en légitimité.
Dans les deux cas de figure, Israël a cru naïvement qu'il pourrait calmer les
visées guerrières de ces deux organisations terroristes et dans les deux cas,
Israël a compris l'ampleur de son erreur et l'hostilité du Hezbollah comme
celle du Hamas ne s'arrêtera pas. Et dans les deux cas, les organisations
terroristes ont gagné la bataille de l'image et la guerre médiatique non sans
créer autour d'eux des mouvements de solidarité, parfois des plus inattendus,
tant auprès des opinions publiques que de certains États.
Tout ceci a lieu au moment où le gouvernement israélien ne semble pas prêt à
faire les nécessaires concessions à la partie qui a choisi la voie du dialogue
et des discussions comme démarche exclusive pour la résolution du conflit. Je
parle évidemment de l'Autorité palestinienne. Alors que des voix s'élèvent pour
appeler à une négociation avec les extrémistes, ces mêmes voix devraient
exiger, de la part des responsables israéliens, une plus grande souplesse et
une quête de résultats concrets dans les pourparlers avec Mahmoud Abbas. Parce
qu'il est important, vital de combattre les islamistes du Hamas tout en
permettant aux laïques du Fatah de réaliser des dividendes politiques qui
seront brandis tels des trophées devant une population palestinienne de plus en
plus, légitimement, impatiente et cibler par le chant des sirènes intégristes.
Le dernier argument que je citerai ici est d'ordre moral. Il serait désastreux,
terrible, suicidaire et totalement irresponsable de la part des Israéliens
s'ils provoquent une situation qui montrera une image où le « modéré », le
civilisé, celui qui s'inscrit dans la légalité n'obtenant rien, cependant
qu'une négociation avec l'extrémiste, le barbare, celui qui estime qu'il est
légitime d'assassiner volontairement des centaines d'innocents pour terroriser
l'adversaire, concrétisant des résultats. Une telle image si elle venait à se
produire tuerait définitivement la voix de la raison dans le monde
arabo-musulman et permettrait à des mouvements fascistes, incarnés dans ce cas
par le Hamas, de gagner en respectabilité et en légitimité.
Si Israël négocie avec ces terroristes, il anéantira toutes les bonnes volontés
qui existent, ici et là, et affaiblira, par ailleurs, tous ceux qui pensent que
la guerre contre l'idéologie islamiste et le terrorisme qui la caractérise,
constitue une lutte pour l'humanisme et la fraternité.
Si ces trois arguments ne sont pas suffisants, je suis prêt à en livrer
d'autres. Mais l'essentiel, je le crois, c'est d'expliquer aux opinions
publiques qu'une négociation avec le Hamas si elle ne conduira jamais à une
paix globale et durable, elle donnera plus de vitalité et de légitimité à des
mouvements extrémistes qui considèrent Israël comme une étape incontournable
dans un projet visant à instaurer le fanatisme comme le diktat qui devra
dominer le monde. Négocier avec le Hamas ne ramènera pas la paix. Jamais ! Mais
provoquera certainement plus de guerres en Israël et ailleurs.