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LA POLITIQUE DE REJET D'ISRAEL PAR LES ARABES
EST POLITIQUEMENT STUPIDE
Par Dr Shaqer Al Naboulsi,
écrivain jordano-américain
Article dans Elaph, célèbre
e-journal - www.elaph.com,
26/03/2009.
Traduit en anglais et présenté par
Memri n°2307 le 06/04/09.
Résumé-conclusions par www.nuitdorient.com
L'auteur mène une critique acerbe contre
tous les pays arabes, car ils ont rejeté toute normalisation réelle avec
Israël, du fait d'intérêts locaux et personnels de dirigeants qui ont inculqué
à leurs peuples une attitude négative. Contrairement à ce qu'elles clament,
l'Egypte et la Jordanie ont le plus profité de leur accord de paix avec Israël
(notamment sur le plan agricole, satisfaisant leurs propres besoins et même
exportant). A l'opposé, c'est le peuple israélien qui a perdu toute illusion et
tout espoir du fait de cette attitude arabe, prêchant la haine de l'autre, et Israël
n'est plus motivé pour signer tout nouvel accord de paix, sachant que cet
accord ne mettrait pas fin à une attitude hostile et antisémite.
Sans ce négativisme stupide arabe, on aurait pu trouver une solution au problème palestinien depuis fort longtemps. Et les Palestiniens n'arriveront à rien si les Arabes persistent dans ce fanatisme négatif, sans confiance dans l'avenir et sans projet réaliste et sérieux, se limitant à ruminer dans leur for intérieur une culture de guerre.
L'échec socio-économique des dirigeants arabes les conduit à
dévier vers Israël la haine de leurs peuples à leur égard. En parrainant les
mouvements de résistance (i.e. Terroristes), ils affermissent leur pouvoir et
leur influence sur leurs peuples, par une terreur que ceux-ci ne peuvent
réprouver. Les arguments de base sont qu'Israël va disparaître et que
l'Occident est faible et sera assailli par l'Islam. Il n'y a donc aucune culture de
paix.
Aucun pays arabe ne cherche à enseigner à la jeune génération à penser d'une manière autonome, à raisonner d'une manière réaliste, à se libérer de l'obsession politique d'un jihad (combat religieux) latent.
Les relations de l'Egypte et de la Jordanie avec Israël sont pour le moins "froides" et à sens unique. En 60 ans, malgré cet environnement hostile, Israël est parvenu à avoir un revenu par habitant équivalent à tous les pays arabes qui l'entourent, alors que ceux-ci stagnent lamentablement, à cause de la culture de haine et de guerre instituée par leurs dirigeants. Israël a assis sa société, son économie et sa culture sur des bases solides.
Alors quel est donc l'intérêt
d'Israël de faire la paix avec un autre pays arabe?
En conséquence, la droite israélienne a réussi à convaincre son opinion publique qu'un traité de paix avec un pays arabe ne vaut pas un kopeck, même pas le papier sur lequel il est signé.
Texte intégral
Un écrivain progressiste arabe : le rejet de la
normalisation avec Israël est d´une stupidité inégalée
Dans un article daté du 26 mars 2009 et paru dans le
journal en ligne progressiste Elaph, l´écrivain américano-jordanien Dr Shaker
Al-Nabulsi fustige le refus des pays arabes de normaliser leurs relations avec
Israël. Il estime que l´Egypte et la Jordanie ont plus bénéficié des traités de
paix avec Israël qu´Israël lui-même, qu´Israël est aujourd´hui désillusionné et
découragé par l´attitude des Etats arabes à son égard et n´est plus intéressé
par la signature de traités de paix avec ces derniers. Extraits :
"Sans l´impudent
négativisme des Arabes, la résolution du problème palestinien et la création
d´un Etat palestinien n´auraient pas été retardées de soixante ans"
"Le 26 mars 1979,
l´Egypte et Israël ont signé un traité de paix. C´est ainsi que l´Egypte, le
pays le plus grand et le plus important impliqué dans le conflit israélo-arabe,
est devenu le premier à établir des relations de paix avec Israël. Le monde
entier a été pris par surprise, la rue arabe bouleversée, et les fondations du
monde arabe et musulman se sont trouvées ébranlées. Ce bouleversement n´était
toutefois à rien de plus que l´émoi d´un troupeau de coqs tombés dans une
flaque d´eau bataillant pour s´en sortir et secouant leurs ailes pour se
sécher. Les Arabes, qui ne sont pas habitués aux tournants rationnels abrupts
de la civilisation, on t perdu la tête. Ils ont opposé leur résistance à la
paix imminente, incarnée par la personne de leur dirigeant courageux et
rationnel : le président Sadate, qui a permis à l´Egypte de récupérer tout ce
qui avait été perdu avec les aventures politiques et militaires d´Abdel Nasser,
lesquelles avaient causé destruction et désolation.
Bien que Sadate eût
donné à l´Egypte une place bien méritée, aussi bien au Moyen-Orient que dans le
monde, les Arabes ont été pris d´une rage folle qui ne connut pas de limites.
Aujourd´hui, trente ans après le geste historique de Sadate, ils commencent à
revenir à eux, à regretter tout ce qu´ils ont fait à l´Egypte, comme d´avoir
rejeté la paix [avec Israël]. Ils sont confondus de remords en pensant à leur
folie passée : avoir expulsé l´Egypte de la Ligue arabe (aussi connue sous le
nom de "Café des bouffons") et avoir déplacé les quartiers généraux
de la Ligue du Caire à Tunis ; avoir boycotté les œuvres de Naguib Mahfouz et
les films s´en étant inspirés ; avoir recouru à toutes sortes de bas procédés
contre l´Egypte et l´avoir placé du même côté de la balance que leur pire
ennemi : Israël.
Les Arabes ont rejeté
la normalisation [avec Israël] parce que [s´ils l´avaient accepté], cela aurait
représenté un [geste] positif, tandis que résister était un [geste] négatif. Il
est beaucoup plus simple de dire "non" en arabe, [vu que] les Arabes
sont un peuple négatif. Sans cet impudent négativisme, la solution au problème
palestinien et la création d´un Etat palestinien n´auraient pas été retardées
de soixante ans. Les Palestiniens n´obtiendront jamais rien tant que les Arabes
persisteront à se montrer fanatiques et négatifs, [n´auront pas] confiance en
eux, continueront d´alimenter la culture de la guerre et se montreront
incapables de développer une vision juste et réaliste de l´avenir."
"Dans le monde
arabe, la culture de la paix est quasiment inexistante"
"Pourquoi les
Arabes se sont-ils comportés de cette façon en 1979 et après – comme s´ils
étaient dominés par des démons ? La réponse la plus évidente à cette question
est que, dans le monde arabe, la culture de la paix est quasiment inexistante,
tandis que la culture de la guerre prévaut, en raison des déclarations de
dirigeants politiques malhonnêtes faisant du soutien à la lutte armée une
obligation. Dans leurs propres pays, ces politiciens endurent des problèmes
politiques et sociaux, un développement économique [déficient]. Cela les pousse
à soutenir la lutte armée, afin d´éloigner l´attention de leurs sujets des
problèmes qui continuent de s´accumuler dans leurs pays (…)
En outre, le soutien
apporté aux mouvements de résistance rend un grand service à ces régimes, en ce
qu´il rehausse leur puissance et leur influence tout en leur permettant de
suspendre leurs problèmes variés à un seul et même portemanteau : Israël et
l´Amérique. Cela désensibilise les masses et leur inculque l´idée que
l´Occident et Israël sont faibles, qu´Israël disparaîtra dans un avenir proche
et qu´une personnalité politique miraculeuse rendra de façon imminente leurs
territoires aux Palestiniens. Ainsi, la culture de la paix n´existe pas dans
ces pays, et ne peut y être encouragée, en raison de l´absence d´éducation ou
de médias libres qui insuffleraient des valeurs humanistes aux citoyens.
Celles-ci sont, ainsi que l´a montré Lafif Lakhdar, la colonne vertébrale de la
culture de la paix. Ces Etats n´enseignent pas plus à la jeune génération à
penser indépendamment, à raisonner de façon réaliste et rationnelle, qu´ils ne
leur enseignent à se libérer de l´obsession des affiliations [politiques] et
des luttes religieuses."
"Cette politique
idiote de rejet de la normalisation s´est avérée très avantageuse pour
Israël"
"La politique
consistant à rejeter la normalisation avec Israël, poursuivie par les deux pays
arabes ayant signé des traités de paix avec lui (l´Egypte et surtout la
Jordanie) est un crime politique hideux commis contre les Palestiniens,
inconsciemment il est vrai, par les Arabes. Cette politique, promue par les
courants islamiste et panarabe et par les partisans du rejet et de la duperie,
est d´une stupidité et d´une imbécillité sans commune mesure. Cette politique
idiote de rejet de la normalisation s´est avérée très avantageuse pour Israël :
1. Israël a été
capable de transmettre à l´opinion mondiale le message suivant : nous voulons
la paix, mais les Arabes la refusent, alors même que leurs dirigeants l´ont
acceptée.
2. Israël se présente
comme un pays harcelé nécessitant la protection de l´Occident et des
Etats-Unis, vu que tous les Arabes sont contre lui. Ainsi, affirme-t-il, le
soutien politique, financier et militaire qui lui est accordé doit s´accroître
plutôt que diminuer ou cesser.
3. L´extrême droite
israélienne, sous la direction du Likoud et d´Israël Beiteinou, a prouvé au
monde qu´elle avait raison, tandis que le parti travailliste et ceux qui ont signé
les deux traités de paix avec les Arabes, se seraient leurrés et auraient
commis une grave erreur. Cela a abouti à un nombre accru de déclarations de la
part de Netanyahu affirmant que le principe de "les territoires contre la
paix" n´était plus valide, et que si Israël acceptait aujourd´hui la paix,
ce serait en échange de la paix plutôt que de territoires. Ce qui a poussé
Netanyahu à tenir de tels propos e st l´expérience d´Israël de ces trente
années passées, c´est-à-dire depuis le Traité de Camp David de 1979 : le rejet
et la réticence des Arabes, qui n´ont pas encouragé Israël à signer de nouveaux
traités de ce type."
"Israël est
désormais convaincu qu´un traité de paix avec les pays arabes ne vaut
rien"
"4. Israël, son
gouvernement, son opinion, sa Knesset et ses médias, ont compris et sont
maintenant convaincus qu´ [un] traité de paix avec les Arabes ne vaut rien, pas
même le papier sur lequel il est signé. Prenez l´exemple de l´Egypte. Ce pays a
récupéré l´intégralité du désert du Sinaï ainsi que Taba, sans perdre un
centime ou un soldat. En outre, non seulement les fonds qui auraient autrement
été dépensés dans l´armée et l´armement ont-ils été consacrés à plusieurs
projets de développement, mais lors des trente années passées, l´Egypte a aussi
reçu des Etats-Unis une aide s´élevant à des centaines de milliards [de lires
égyptiennes], (près de 50 milliards de dollars). En revanche, tout ce qu´Israël
a reçu en échange, c´est un appartement au Caire, qu´ils ont transformé en
ambassade, et où l´ambassadeur [d´Israël] et le personnel se retrouvent
prisonniers : ils ne peuvent se déplacer que sous la protection des services de
renseignement [égyptiens] et des gardiens de la sécurité. Israël n´a pas le
droit de participer à la vie publique égyptienne, pas même aux foires aux
livres. En fait, Israël ne prend aucune part à la vie publique égyptienne, ni à
la vie jordanienne d´ailleurs.
Comment peut-on
s´attendre à ce qu´Israël signe de nouveaux traités de paix avec les autres
pays arabes, et notamment avec la Syrie, après son expérience amère avec
l´Egypte et la Jordanie ? Et pourtant, sans paix et en dépit de tout ce qui a
été dit ici, ces trente dernières années, Israël a progressé au niveau
politique, militaire, culturel et économique, tandis que les Arabes sont à la
traîne. La [politique] arabe consistant à isoler Israël lui a donné de la force
et l´ont poussé à progresser. A l´exception de certains pays arabes, le monde
entier reconnaît Israël. L´armée d´Israël est de venue la plus puissante du Moyen-Orient.
Son revenu annuel par tête en Israël a atteint 18 000 dollars, ce qui revient
au revenu par tête de tous les pays arabes réunis, à l´exception des Etats du
Golfe. Au niveau culturel et scientifique, Israël se trouve parmi les premiers
(…) Trois de ses universités (l´Université hébraïque de Jérusalem, l´Université
de Tel-Aviv et l´Université de Haïfa) figurent parmi les 20 meilleures
universités du monde, tandis qu´aucune université arabe ne figure sur la liste
des 400 meilleures universités du monde (l´université du Caire arrive en 401ème
position.)"
"Les succès
remportés par Israël peuvent être attribués aux échecs et défaites des Arabes
et des Palestiniens."
Tout cela, Israël l´a
accompli à l´ombre de l´hostilité [des pays arabes] et de la guerre médiatique
menée par les pays Arabes. Ainsi, quel intérêt Israël a-t-il à faire la paix
avec les Arabes, paix illusoire et fragile, qu´il doit acquérir au prix de
territoires arabes précieux et qui, je le répète, ne vaut même pas le papier
qui lui sert de support ? Nous pouvons donc conclure que les succès remportés
par Israël peuvent être attribués aux échecs et défaites des Arabes et des
Palestiniens. Si l´adversaire d´Israël n´était pas les Palestiniens, avec leur
direction lâche et stupide, mais une autre nation, un Etat indépendant aurait
été établi depuis longtemps.
[Qui sont ces
dirigeants palestiniens ?] Haj Amin Al-Husseini (un étudiant d´Al Azhar qui a
été exclu de l´université en première année), Ahmad Al-Shuqeiri (un médiocre
avocat), Yasser Arafat (un ingénieur des travaux publics travaillant pour la
municipalité du Koweït) et Ismaïl Haniyeh (un imam de mosquée) tandis que du
côté israélien, il y avait Herzl (docteur en droit) et la famille Rothschild
(le coffre fort du monde). Notons que les Rothschild ont accordé à Harry Truman
deux millions de dollars pour sa campagne électorale à condition qu´il
reconnaisse l´Etat d´Israël immédiatement après son élection, ce qu´il a fait.
Puis il y a eu Ben Gourion, ce dirigeant hors pair qui a mis un terme au
terrorisme sioniste de droite.
Quiconque lit mon
livre Settlement Train – A study in the Palestinian compromise, publié
en 1986, s´apercevra que des occasions en or d´instaurer un Etat palestinien
ont été manquées par la direction palestinienne et arabe. Les dirigeants
palestiniens ont parié sur la Guerre froide entre deux superpuissances, les
Etats-Unis et l´Union soviétique, sans anticiper l´effondrement du bloc des
pays de l´Est. Ainsi, dans les années 1990, ils sont devenus dépendants des
Etats-Unis. Mais les Etats-Unis s´étaient déjà alliés à Israël au moyen de
plusieurs traités stratégiques [à partir de 1967], en faisant à leurs yeux le
51ème état des Etats-Unis.
En somme, comme nous l´avons montré, ce sont les Arabes qui ont bénéficié de la paix partielle entre Israël et la Jordanie, tandis qu´Israël était perdant. C´est pourquoi Israël ne signera pas de nouveau traité de paix avec les Arabes dans un proche avenir - et s´il en signe un, ce sera avec la plus grande prudence et en posant des conditions. Que la paix soit sur vous tous !"
(1) www.elaph.com, le 26 mars 2009