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Où Peut Aller un Journaliste au Moyen Orient
?
Cet article expliquerait la densité de journalistes étrangers
résidant en Israël
Par Nabil Sharaf
elDine, journaliste et analyste politique égyptien.
Paru dans le Jerusalem
Post - édition Internationale du 25/11/10
Titre d'origine "Irions-nous en Israël ?"
Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com
Pour un journaliste arabe voulant
exercer sérieusement sa mission de journaliste, il est difficile aujourd'hui
de trouver au Moyen Orient un lieu sûr, à l'exception d'un seul état que les
démagogues arabes continuent d'appeler "l'entité supposée", l'état
d'Israël…
Depuis mon enfance j'étais hanté
par un engouement pour "Bilad al Sham", la Grande Syrie
-- incluant le Liban, la Jordanie, la Palestine – Cette fascination a
commencé quand je reconnaissais les voix de chanteurs de cette région tels que
Sabah Fakhry (né en 1933). Ces souvenirs et leurs
images me sont apparus lors d'un vol en direction de cette "terre de
beauté", rêvant de soirées féériques à Alep, visitant les vieux marchés de
Damas et traînant dans ses cafés. Ces images-flash me taraudaient encore
lorsque l'avion a atterri à l'aéroport de Damas, mais dans la ½ heure tout
s'évanouissait.
Je fus écarté par un officier de
police qui contrôlait mon passeport. Il me fit signe de patienter un instant
pendant qu'il vérifiait une liste de noms, "travail de routine"
me dit-il. Quelques minutes plus tard, un homme en civil au visage sinistre me
demanda de le suivre. Je demandais à prendre mes bagages, "ils sont
déjà là, dans ce bureau" me di-il…
Deux heures ou plus passèrent,
alors que j'attendais sur un siège inconfortable dans un réduit faisant penser à
une cellule d'incarcération. Un 3ème officier se présenta pour me
harceler de questions, commençant par mon métier douteux de journaliste et ma
marque favorite de cigarettes – Marlboro rouge. Je répondais calmement essayant
en vain d'adoucir son ton tranchant. Il me dit avec dédain "Votre cas
est en cours d'examen", ajoutant qu'il me donnerait le résultat
incessamment. Une heure plus tard, un 4ème officier apparut, encore
plus sinistre, me disant, comme si j'étais l'ambassadeur du diable, "Vous
n'êtes pas le bienvenu en Syrie, c'est une décision à haut niveau et je n'ai
pas à vous l'expliquer".
Après avoir sérieusement fouillés
mes bagages, je fus mis dans un avion pour le Caire. Je me suis alors demandé
ce qui m'arrivait, peut-être des éditoriaux d'opinion ou des interviews à la TV
où j'ai dû critiquer des dirigeants syriens… Cette expulsion de Syrie a eu lieu
il y a 18 mois. A l'époque j'ai préféré ne pas en parler, ne voulant pas faire
état d'un incident somme toute mineur, surtout dans un pays au régime
dictatorial, dirigé par un homme ayant hérité son pouvoir. Mais je ne pouvais
m'empêcher de sourire amèrement à chaque fois que j'entendais des officiels
syriens débitant tels des perroquets le slogan officiel du part Baath "Une
nation arabe avec un message éternel", ayant maintenant compris ce que
cela voulait dire.
J'ai voulu aller à Beyrouth pour
écouter le concert de la déesse Fayrouz, prévu à
l'hôtel al Bayal et je me préparais à cet événement
auquel on assiste une-fois-dans-la-vie. J'ai donc téléphoné à un journaliste et
ami libanais. Il était terrifié par mon projet osé et surpris par ma naïveté –
comment allais-je au Liban, alors que j'étais réputé pour avoir
attaqué le H'ezbollah – en effet j'avais
qualifié cette milice shiite de fauteur de guerre, satellite de l'Iran qui
avait des aspirations hégémoniques dans la région. En fait, il m'est sorti de
la tête que les hommes du H'ezbollah contrôlaient de
facto, l'aéroport de Beyrouth – un autre étonnement de mon correspondant qui
craignait pour ma sécurité.
Malgré qu'il ait fait partie
intégrante de l'Egypte, puis-je me sentir assuré d'aller au Soudan aujourd'hui
? Sans doute pas du fait de mes attaques verbales contre le régime d'Omar al Bashir, qui s'entête à présider un état en voie
d'écroulement.
Je suis sûr que le Conseil Révolutionnaire
de Mouamar Gaddafi ne
m'empêchera pas d'entrer en Libye. Mais en sortir, aucune certitude, étant
donné les fâcheux précédents de nombreux journalistes. Je ne pense pas que les
sbires du Colonel seraient plus miséricordieux avec moi qu'avec Daif al Ghazal journaliste basé à Londres dont le corps a
été trouvé le 2/6/05, sur la plage de Benghazi, plus de 2 semaines après sa
disparition. Il avait été tellement torturé qu'on ne le reconnaissait plus,
selon "Reporters sans frontières". Personne ne peut mesurer les
souffrances subies par ce jeune homme de 32 ans, les mots prononcés quand on
lui a coupé les doigts à la scie électrique ou ses cris quand on l'a brûlé à
l'acide. Personne ne s'en est inquiété et aucun journal arabe n'en a parlé.
Seuls des journaux occidentaux, des Ong des Droits de
l'homme et quelques sites internet l'ont cité. Je me souviens avoir écrit de
nombreux articles sur le sujet, rappelant que le régime libyen s'était
spécialisé dans ce type d'œuvres et insistant sur l'étrange comportement du
Grand Chef Mouamar, ses sorties risibles, notamment
lors des sommets arabes. Après cela je n'ose même plus aller à la plage de Salloum, la ville égyptienne à la frontière libyenne.
Etant un des journalistes du Moyen
Orient qui refuse d'être "politiquement correct" et de se limiter au
rôle de "loyal au régime en place", on m'accuse parfois de chercher
"la normalisation avec Israël", d'être un apostat à l'Islam, ou même
un agent américain…
J'ai renoncé à trouver une lueur
d'espoir dans ce vaste monde arabe et je dois avouer qu'Israël est aujourd'hui
pour moi "le seul havre de sécurité", un état où on est assuré d'y travailler dans la
dignité et de revenir vivant, l'état que nos démagogues continuent d'appeler
"entité supposée".
Tout comme la famille palestinienne
Helles de Gaza qui a fui les jihadistes du Hamas, se réfugiant en Israël, je vois le moment
où des millions d'Arabes iront humblement vers les soldats de Tsahal pour
demander protection. Alors chers compatriotes arabes, je vous en conjure,
n'hésitez pas à aller visiter l'état d'Israël !