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« Il y a des Jours où je Regrette d’être Née Arabe »
Par Fawzia Zouari,
écrivaine et journaliste tunisienne, docteur en littérature française et
comparée de la Sorbonne,
Publié dans « Jeune Afrique » 6/6/19
Les jours où je me réveille devant le spectacle de gueules hirsutes, prêtes à massacrer au nom d’Allah, et où je m’endors avec le bruit des explosions diffusées sur fond de versets coraniques.
Les jours où je regarde les cadavres joncher les rues de Bagdad ou de Beyrouth par la faute des kamikazes; où des cheikhs manchots et aveugles s’arrogent le droit d’émettre des fatwas parce qu’ils sont pleins, comme des outres, de haine et de sang; où je vois des petites filles, les unes courir protéger de leur corps leur mère qu’on lapide, et les autres revêtir la robe de mariée, à l’âge de 9 ans.
Et puis ces jours où
j’entends des mamans chrétiennes confier en sanglotant que leur progéniture,
convertie à l’islam, refuse de les toucher sous prétexte qu’elles sont impures.
Quand j’entends pleurer ce père musulman parce qu’il ne sait pas pourquoi
son garçon est allé se faire tuer en Syrie. À l’heure où celui-ci parade dans
les faubourgs d’Alep, kalachnikov en bandoulière, en attendant de se repaître
d’une gamine venue de la banlieue de Tunis ou de Londres, à qui l’on a fait
croire que le viol est un laissez-passer pour le paradis.
Ces jours où je vois
les Bill Gates dépenser leur argent pour les petits Africains et les François
Pinault pour les artistes de leur continent, tandis que les cheikhs du Golfe
dilapident leur fortune dans les casinos et les maisons de charme et qu’il ne
vient pas à l’idée des nababs du Maghreb de penser au chômeur qui crève la
faim, au poète qui vit en clandestin, à l’artiste qui n’a pas de quoi s’acheter
un pinceau. Et tous ces croyants qui se prennent pour les inventeurs de la
poudre, alors qu’ils ne savent pas nouer une cravate, et je ne parle pas de
leur incapacité à fabriquer une tablette ou une voiture. Les mêmes qui
dénombrent les miracles de la science dans le Coran, et sont dénués du plus
petit savoir capable de faire reculer les maladies.
Non ! L’Occident, ces prêcheurs pleins d’arrogance le vomissent, bien qu’ils ne puissent se passer de ses portables, de ses médicaments, de ses progrès en tous genres. Et la cacophonie de ces « révolutions » qui tombent entre des mains obscurantistes comme le fruit de l’arbre. Ces islamistes qui parlent de démocratie et n’en croient pas un mot, qui clament le respect des femmes, et les traitent en esclaves. Et ces gourdes qui se voilent et se courbent, au lieu de flairer le piège, qui revendiquent le statut de coépouse, de complémentaire, de moins que rien ! Et ces « niqabées » qui, en Europe, prennent un malin plaisir à choquer le bon Gaulois ou le bon Belge, comme si c’était une prouesse de sortir en scaphandrier ! Comme si c’était une manière de grandir l’islam que de le présenter dans ses atours les plus rétrogrades.
Ces jours, enfin, où
je cherche le salut et ne le trouve nulle part, même pas auprès d’une élite
intellectuelle arabe qui sévit sur les antennes et ignore le terrain, qui
vitupère le jour, et finit dans les bars la nuit, qui parle principes, et
se vend pour une poignée de dollars, qui fait du bruit et qui ne sert à rien
!
Voilà, c’était mon quart d’heure de colère contre les miens ... Souhaitons que l'Occident ouvre les yeux...