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L’ISLAM MODÉRÉ ET LA FEUILLE DE ROUTE

 

Par Tashbih Sayyed, rédacteur en chef de Pakistan Today, hebdomadaire basé en Californie, président du Conseil de la Démocratie et de la Tolérance

Paru le 8 mai 2003 dans le Jerusalem Post

Traduit par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued

 

Le dicton qui dit « là où il y a une bonne volonté, il y a une issue » ne s’applique pas à ladite « feuille de route ». Car toute bonne volonté qui fait fi des réalités est vouée à se perdre dans la nuit de la terreur. La feuille de route est futile, car elle présente une volonté de paix qui ne tient pas compte des écueils historiques.

Pour commencer, ce plan ne distingue pas entre l’agresseur et la victime de l’agression. Il met au même niveau la responsabilité les Palestiniens et celle d’Israël. Et il ne reconnaît pas le rôle négatif joué par les pays environnants tels que la Syrie, l’Iran, le Liban, l’Arabie Saoudite ou l’Egypte. Car il n’y aurait pas eu de conflit entre les parties si ces voisins arabes  avaient accepté la création d’Israël. Non seulement ils n’ont pas accepté cette création, mais ils ont aussi érigé en politique l’établissement d’un climat antisémite pour être sûrs que ce nouvel état ne puisse survivre. Et pour atteindre leurs objectifs antisémites, ces états arabes ont réalisé un certain nombre d’actions sur le court et le long terme.

 

Dans le court terme,  ils ont lancé en permanence des raids, des guerres,  des émeutes et des guerillas locales ; ils ont créé et entretenu le problème des réfugiés pour le long terme. Les Palestiniens ont été encouragés à quitter leurs foyers en 1948, puis ils ont été forcés à rester en situation de réfugié permanent. Pourtant les pays arabes n’étaient pas surpeuplés et auraient pu recevoir leurs frères, car ils avaient de plus besoin de main d’œuvre ; et ils ont refusé de le faire.

Les territoires qui étaient destinés aux Palestiniens par l’ONU sont tombés sous le contrôle de l’Egypte et de la Jordanie, et on a accepté cette situation sans état Palestinien jusqu’en 1967, quand Israël a repris le contrôle de ces territoires.

Aujourd’hui les deux points les plus épineux  concernent Jérusalem et le « droit de retour » des réfugiés Palestiniens.

 

La question de Jérusalem a constamment été utilisée pour exciter la sensibilité religieuse des Musulmans, et pas seulement au Moyen Orient. La rhétorique de la « terre sainte » musulmane occupée par les Juifs et les Chrétiens contribue à transformer tout conflit local en une guerre entre l’Islam et le Judaïsme. Cette dialectique sur Jérusalem sert de catalyseur aux Islamistes pour radicaliser les masses musulmanes et les contrôler.

Ainsi le conflit israélo-palestinien s’est ancré progressivement dans la conscience collective musulmane et fait partie de sa psyché.

 

L’écueil le plus évident sur le chemin de la paix est le droit de retour des Palestiniens. Il faudrait que les grandes puissances expliquent aux Palestiniens qu’il s’agit là d’une utopie. Car soulever cette question entraîne une animosité contre l’Etat Juif.

 

Selon mon opinion, la question des réfugiés a été instrumentalisée pour détruire l’Etat d’Israël de l’intérieur. Comment peut-on croire qu’Israël puisse survivre si les Juifs deviennent une minorité ? L’arrivée de millions de réfugiés renie l’idée même d’un Etat Juif.

En ce qui concerne Jérusalem, cette ville n’appartient pas aux musulmans seulement. Jérusalem a la même importance pour les Juifs et pour les Chrétiens que Médine ou la Mecque pour les Musulmans. Toutefois aucune religion n’a plus de droit sur Jérusalem que le Judaïsme, dont le peuple n’a jamais cessé d’être relié à elle, malgré des siècles d’exil, de persécutions et de massacres.

 

Les Palestiniens doivent limiter leurs revendications à la création d’un état. Et cette création devrait être accompagnée d’un engagement qu’une fois créé, cet état ne devienne pas une base du radicalisme et de l’antisémitisme musulmans. Le monde entier doit reconnaître que tout état qui est antisémite sur les plans psychologique, culturel et religieux sera toujours le terreau du terrorisme.

 

La feuille de route ne doit pas essayer d’être symétrique quand elle aborde le conflit israélo-palestinien, car il y a un monde entre les vrais objectifs des parties. Quand les Palestiniens ont rejeté toutes les occasions offertes pour faire la paix (1), se laissant berner, abuser et exploiter par des fondamentalistes, Israël était occupé à se défendre pour survivre ! Sous l’influence de dictateurs, de despotes et de terroristes, les Palestiniens ont passé leur temps et dépensé leur énergie pendant ces dix dernières années à nier aux Juifs leur droit à la vie, en se basant sur des supposés versets coraniques.

 

Ainsi il serait injuste que la feuille de route fasse un parallèle entre les obligations des uns et des autres, mettre un terme à la violence « et » se retirer des territoires. C’est comme si on condamnait à la fois la victime et son agresseur. La présence d’Israël en Judée, en Samarie et à Gaza et les restrictions imposées dues aux besoins de sécurité ne sont pas des actes d’agression, mais des mesures de prévention, face à la violence quotidienne palestinienne. Et là on doit définir des priorités. A moins que les Palestiniens ne cessent leurs actes de violence, tout retrait israélien est une invitation à plus de terrorisme.

 

Ensuite il y a la question des élections palestiniennes : des élections dans un état antisémite vont entraîner au pouvoir des chefs totalitaires qui vont parrainer la terreur. A moins de corriger deux générations éduquées à la haine de l’autre, les élections mettront en relief l’ethos venimeux de la haine du Juif.

Enfin une majorité de Palestiniens n’accepte pas l’existence d’Israël. Leur carte de la Palestine ne mentionne pas cet Etat. Abou Mazen ne représente pas la volonté nationale. Le Hamas, le Hezbollah et les brigades des martyrs d’Al Aqsa sont les maîtres de l’opinion. C’est pourquoi toute élection sans une longue préparation de l’ethos des masses  est un certificat de décès de l’Etat Juif. En précipitant la création d’un Etat palestinien, les Etats-Unis sont en train de détruire tous les acquits de la guerre contre la terreur depuis le 11 septembre 2001.

 

(1) note du traducteur : au moins 6 occasions se sont présentées en 55 ans !

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