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LA MYOPIE VOLONTAIRE
DES ELITES MUSULMANES
Par Irshad Manji, enseignante à
l'Université de Yale, auteur de "the trouble with Islam today, a Muslim's call
for reform of her faith" ou "le problème avec l'Islam
d'aujourd'hui, un appel d'une Musulmane pour la réforme de sa foi"
Paru dans le
International Herald Tribune du 18 août 2006,
Traduit par
Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com
NewHaven –
Connecticut
La semaine
dernière, les lumières de la communauté musulmane de Grande Bretagne, lords,
membres du parlement, groupes de pression, ont publié une lettre ouverte au
premier ministre Tony Blair, lui disant que la débâcle en Irak et au Liban profitait
aux extrémistes en leur donnant des munitions qui menaçaient tout le monde.
Dans une Amérique de plus en plus pacifiste, cette argumentation trouve un écho
"les Etats-Unis brutalisent les Musulmans, qui à leur tour génèrent la
terreur islamiste".
Mais les
violents du Jihad ont rarement eu besoin des griefs
contre la politique étrangère occidentale pour justifier leurs têtes brûlées.
Quand ils ont essayé de faire exploser le World Trade
Center en 1993 et quand ils ont attaqué le destroyer
américain Cole en 2000, ils n'avaient pas encore le
motif de la "débâcle d'Irak". Mais ce dernier assaut eut lieu après
que l'intervention militaire menée par les Etats-Unis eut sauvé des milliers de
Musulmans en Bosnie et au Kosovo.
Si les
Islamistes se préoccupaient de faire changer la politique en Irak, ils
n'auraient pas pris la peine d'enlever 2 journalistes français, probablement
les plus anti-guerre, anti-Bush qui soient en Occident! Même une solidarité
reconnue à l'égard des souffrances Irakiennes n'a pas empêché l'exécution
sommaire par les insurgés de Margaret Hassan, qui dirigeait une organisation
humanitaire mondialement réputée.
En attendant, il
y a au moins autant de Musulmans tués par d'autres Musulmans que par les forces
étrangères. Au Soudan, les Musulmans noirs sont affamés, violés, asservis et
massacrés par des milices arabes, avec le consentement du gouvernement central
islamiste. Où est la fureur "officielle" musulmane contre ce génocide
? Est-ce que les vies musulmanes ne comptent seulement que losqu'elles
sont emportées par des non-Musulmans? Sinon, j'ai une
idée pour les représentants de l'Islam en Occident: allez sermonner les responsables
occidentaux sur leur politique étrangère qui encouragerait le radicalisme, mais
en même temps lancez un défi aux jeunes Musulmans éduqués et en colère, pour
qu'ils soient responsables aussi de leurs actes.
Ceci veut dire
qu'il faut leur rappeler qu'au Pakistan, les sunnis
persécutent les shiites à tout moment, qu'en Israël les missiles lancés par le
Hezbollah atteignent aussi bien les foyers musulmans que les foyers juifs,
qu'en Egypte, la police des émeutes de Moubarak ne cesse de matraquer, de
violer, de torturer et d'assassiner tout activiste qui met en avant la
démocratie. Cela veut dire par-dessus tout qu'il faut leur dire que les guerres
civiles sont devenues courantes dans le monde musulman.
Mais les
responsables musulmans n'oseront jamais être aussi honnêtes; ils répéteront à
l'infini les péchés pour lesquels ils fustigent les gouvernements Bush et
Blair, changeant de logique à chaque fois et prétendant être intègres.
Suite aux
attentats du 7/7 à Londres, Iqbal Sacranie, alors le
chef de l'important Conseil Musulman de Grande Bretagne insista sur le fait que
c'était la discrimination économique qui était à l'origine du radicalisme
islamiste dans le pays. Quand on a découvert que certains des suspects
appartenaient à la classe moyenne aisée, avaient
diplôme, emploi et voiture, Sacranie a trouvé un
nouveau coupable, la politique étrangère. En faisant cela, il prenait le train
de la pensée dominante lancée alors par les élites musulmanes.
Les bonnes
nouvelles sont que le croyant de la rue est capable d'auto-critique.
Selon un sondage d'il y a deux mois, 65% des musulmans britanniques pensaient
que leur communauté devait faire un effort plus grand d'intégration, et fait
troublant, qu'en même temps 13% adulaient les terroristes du 7/7 et 16% leur
étaient sympathiques.
N'empêche que
2/3 des interviewés cherchaient à appartenir plus complètement à la société
britannique.
En Grande Bretagne
ou aux Etats-Unis, ceux qui prétendent parler au nom des Musulmans ont une
responsabilité vis-à-vis de leur majorité, qui ne cherche qu'à concilier l'Islam
avec le pays d'accueil. Indépendamment le leur politique, il n'appartient
pas à Tony Blair ou à G Bush de restaurer de meilleurs sentiments dans l'Islam.
Ce devoir et sa gloire reviennent aux Musulmans.