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FAIRE FACE A
LA NEGATION DE L’HOLOCAUSTE
Ayaan Ali Hirsi - Tribune Media Services -International Herald Tribune 15/12/06
L’autobiographie
d’ Ayaan Hirsi Ali s’intitule
“Infidèle”. Immigrante de Somalie, elle était membre du Parlement Néerlandais,
et figurait sur une liste noire établie par des radicaux Musulmans pour avoir
écrit le scénario du film "Soumission". Cet article présente un point
de vue global. Il a été diffusé par Tribune Media Services.
Traduit par
Stéphane Teicher pour www.nuitdorient.com
Un jour de 1994,
alors que je vivais à Ede, une petite ville de Hollande, je reçus la visite de
ma demi-sœur. Elle et moi avions demandé l’asile politique en Hollande. Je
l’avais obtenu, il lui avait été refusé. Bénéficier de l’asile politique m’a
permis d’étudier. Ma demi sœur n’a pas pu le faire.
Pour pouvoir
être admise à l’institut d’études supérieures que j’avais choisi, j’ai dû
suivre trois cours: langues, éducation civique et histoire. C’est dans ce cours
préparatoire d’histoire que, pour la première fois, j’ai entendu parler de
l’Holocauste. J’avais 24 ans ; ma demi sœur avait 21 ans.
A cette époque,
la presse quotidienne était remplie par le génocide Ruandais et l’épuration
ethnique dans l’ancienne Yougoslavie. Le jour où ma demi soeur me rendit
visite, ma tête bourdonnait de ce qui était arrivé à 6 millions de Juifs en
Allemagne, en Hollande, en France et en Europe de l’Est. J’avais appris que des
hommes, des femmes, et des enfants innocents étaient séparés les uns des
autres. L’étoile agrafée sur leurs épaules, ils étaient transportés par train
vers les camps, et gazés pour la seule raison qu’ils étaient Juifs. Ce fut la
tentative la plus systématique et la plus cruelle de l’histoire de l’homme
d’anéantir un peuple .
J’avais vu des photos
d’amas de squelettes, même d’enfants. J’avais entendu des récits terrifiants de
certains de ceux qui avaient survécu à l’horreur d’Auschwitz et de Sobibor. Je
racontai tout cela à ma demi sœur et je lui montrai les photos de mon livre
d’histoire. Ce qu’elle me dit me choqua plus que les horribles informations de
mon livre.
Avec une grande
conviction, ma demi soeur s’écria: "C’est un
mensonge! Les Juifs savent tromper le peuple. Ils n’ont pas été tués, ni gazés,
ni massacrés. Mais je prie Allah pour qu’un jour tous les Juifs du monde soient
détruits."
Ma soeur de
21ans ne disait rien de nouveau. J’étais choquée en partie par sa réaction face
à tant de preuves, et en partie à cause des génocides de notre époque à nous.
Enfant, élevée
en Arabie Saoudite, je me souviens de mes professeurs, de ma mère et de nos
voisins, qui nous répétaient pratiquement tous les jours que les Juifs étaient
le mal, des ennemis jurés des Musulmans, dont le seul but est la destruction de
l’Islam. Nous n’avons jamais été informés sur l’Holocauste.
Plus tard,
adolescente, au Kenya, quand la philanthropie de l’Arabie Saoudite et des
autres pays du Golfe est parvenue chez nous en Afrique, je me souviens que la
construction de mosquées et les dons aux hôpitaux et aux pauvres allaient de
pair avec la malédiction sur les Juifs. Les Juifs étaient désignés comme
responsables de la mort des bébés, d’épidémies telles que le SIDA, et comme la
cause des guerres. Ils étaient envieux et feraient absolument n’importe quoi
pour nous tuer, nous les Musulmans. Et si nous voulions un jour connaître la
paix et la stabilité, nous devrions les détruire avant qu’ils ne nous balayent.
Pour ceux d’entre nous qui ne pouvaient pas prendre les armes contre les Juifs,
il suffisait de tendre nos mains et lever les yeux vers le ciel, et de prier
Allah pour qu’il les détruise.
Les leaders
actuels de l’Occident qui se disent choqués par la conférence du Président
Mahmoud Ahmadinejad d’Iran niant l’Holocauste devraient ouvrir les yeux devant
la réalité. Pour la majorité des Musulmans du monde, l’Holocauste n’est pas un
événement historique majeur qu’ils nient; simplement, ils ne le connaissent
pas, car on ne les a jamais informés. Pire encore, la plupart d’entre nous ont déjà
été conditionnés pour souhaiter un Holocauste des Juifs.
Je me souviens
de la présence d’organisations Occidentales non gouvernementales
philanthropiques, et d’institutions comme la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International. Leurs agents apportaient à ceux qu’ils estimaient dans
le besoin des médicaments, des préservatifs, des vaccins, des matériaux de
construction - mais pas d’information
sur l’Holocauste.
Les donateurs
Chrétiens et laïques et les organisations de secours ne venaient pas avec un
agenda de la haine, mais pas non plus avec un message d’amour. Ce fut sûrement
une occasion ratée de neutraliser les organisations caritatives des riches pays
pétroliers Musulmans qui ont propagé la haine.
On estime le
nombre total de Juifs dans le monde, aujourd’hui à environ 15 millions, et en
tous cas, pas plus de 20 millions. En termes de fertilité, leur croissance est
comparable à celle du monde développé, et en vieillissement aussi.
De l’autre côté,
la population Musulmane est estimée à 1,2 à 1,5 milliards de personnes, et
non seulement elle se développe rapidement, mais elle est aussi très jeune.
Ce qui est frappant
à propos de la conférence d’Ahmadinejad, c’est le consentement (silencieux)
des Musulmans des principaux courants.
Je ne peux
m’empêcher de me demander: pourquoi n’y a-t-il pas de contre-conférence à
Riyad, au Caire, à Lahore, à Khartoum ou à Jakarta pour condamner Ahmadinejad? Pourquoi
l’Organisation de la Conférence Islamique reste-t-elle silencieuse sur ce
sujet ?
La réponse est
aussi simple que terrifiante. Pendant des générations, les leaders de ces
soi-disant pays Musulmans ont gavé leurs populations d’un régime constant de
propagande similaire à celui que des générations d’Allemands (et d’autres
Européens) ont ingurgité et qui inculque que les Juifs sont de la vermine et doivent
être traités comme tels. En Europe, l’aboutissement logique en a été
l’Holocauste. Si c’est le chemin que prend Ahmadinejad, il n’aura pas à de mal
à trouver des Musulmans respectueux
prêts à agir selon ses voeux.
Le monde a
besoin de conférences d’amour, de promouvoir la connaissance les cultures et
les campagnes antiracistes. Mais, plus urgent, le monde doit être informé
encore et encore sur l’Holocauste. Pas seulement dans l’intérêt des Juifs qui
ont survécu à l’Holocauste et de leurs descendants, mais dans l’intérêt de
l’humanité en général.
Peut être le
point de départ doit-il être de s'opposer à la philanthropie Islamique qui
arrive emballée dans la haine des Juifs. Dans les régions où elles
interviennent, les organisations caritatives Occidentales et Chrétiennes dans
le Tiers Monde devraient s’engager à informer les Musulmans comme les non
Musulmans sur l’Holocauste.