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La situation à Gaza
Par Wafa Sultan, sociologue d’origine syrienne
le 21/7/2014 - Extraits traduits par Chawki Freïha (Beyrouth) pour MédiArabe.info
La célèbre sociologue d’origine syrienne, Wafa Sultan, vient
de publier l’un des points de vue le plus cinglants concernant la situation à
Gaza. Elle plonge aux origines de l’islam pour expliquer le conflit entre deux
conceptions diamétralement opposées : la culture de la vie contre la culture de
la mort.
(…) Puisqu’il m’importe peu de satisfaire les uns, de défendre les autres ou
d’éviter la colère des troisièmes, je peux dire que le Hamas n’est qu’une
sécrétion islamique terroriste dont le comportement irresponsable à l’égard de
sa population l’empêche de se hisser au niveau du gouvernement. Mais ceci est conforme
à l’habitude, puisque, à travers l’histoire de l’islam, jamais une bande de
criminels islamistes n’a respecté ses administrés.
(…) Avant la création de l’État d’Israël, l’histoire n’a jamais mentionné
une guerre impliquant les Juifs, ni qu’un Juif ait commandé une armée ou mené
une conquête. Mais les musulmans sont des combattants, des conquérants et leur
histoire ne manque pas d’exemples et de récits de conquêtes, de morts, de
tueries, de razzias…
Pour les musulmans, tuer est un loisir. Et s’ils ne trouvent pas un ennemi à
tuer, ils s’entretuent entre eux.
Il est impossible pour une nation qui éduque ses enfants sur la mort et le
martyre, pour plaire à son créateur, d’enseigner en même temps l’amour de la
vie. La vie a-t-elle une valeur pour une société qui inculque à ses enfants
qu’ils doivent tuer ou être tués pour aller au Paradis ?
(…) Depuis le début de l’opération israélienne contre Gaza, je suis bombardée
de courriers électroniques venant de lecteurs musulmans qui me demandent mon
avis sur ce qui se déroule à Gaza. Je ne suis pas concernée par ce qui s’y
passe, mais je suis intéressée par les motivations qui animent ceux qui
m’écrivent. Je suis convaincue que ce qui les motive n’est pas la condamnation
de l’horreur, ni la condamnation de la mort qui sévit à Gaza. Car, si la
motivation était réellement la condamnation de la mort, ces mêmes lecteurs se
seraient manifestés à d’autres occasions où la vie était menacée.
Ceux qui condamnent le massacre de Gaza, par défense de la vie en tant de valeur,
doivent m’interroger sur mon avis à chaque fois que cette vie-valeur était
menacée.
- Plus de 200.000 musulmans Algériens ont été massacrés par d’autres musulmans
Algériens ces quinze dernières années, sans qu’aucun musulman ne s’en émeuve.
Des femmes Algériennes violées par les islamistes ont témoigné et raconté que
leurs violeurs priaient Allah et imploraient son Prophète avant qu’ils ne
violent leurs victimes. Mais personne ne m’a demandé mon avis.
- Plus de 20.000 citoyens syriens musulmans avaient été massacrés par les
autorités (Hama en 1983) sans qu’aucun musulman ne réagisse et sans qu’aucun ne
me demande mon avis sur ces massacres étatiques. Des musulmans se sont fait
exploser dans des hôtels jordaniens tuant des musulmans innocents qui célébraient
des mariages, symboles de la vie-valeur, sans qu’aucune manifestation ne soit
organisée à travers le monde, et sans qu’on ne me demande mon avis.
- En Égypte, des islamistes ont récemment attaqué un village copte et ont
massacré 21 paysans, sans qu’un seul musulman ne dénonce ce crime.
- Saddam Hussein a enterré vivants plus de 300.000 chiites et kurdes, et en a
gazé beaucoup plus, sans qu’un seul musulman n’ose réagir et dénoncer ces
crimes. Au plus fort des bombardements de Gaza, une femme musulmane, fidèle et
pieuse, s’est fait exploser en Irak dans une mosquée chiite, tuant une
trentaine d’innocents, sans que les médias ou les musulmans ne s’en émeuvent.
- Il y a quelques mois, le Hamas avait aussi tué onze personnes d’une même
famille palestinienne, accusées d’appartenir au Fatah, sans que des
manifestations ne soient organisées en Europe ou dans le monde arabe, et sans
qu’aucun lecteur ne m’écrive et ne m’envoie ses protestations.
Ainsi, la vie n’a pas de valeur pour le musulman. Sinon, il aurait dénoncé
toute atteinte à la vie, quelle qu’en soit la victime. Les Palestiniens et
leurs soutiens dénoncent les massacres de Gaza, non pas par amour de la vie,
mais pour dénoncer l’identité des tueurs.
Si le tueur était musulman, appartenant au Hamas ou au Fatah, aucune
manifestation n’aurait eu lieu. (…) CNN a diffusé un documentaire sur Gaza
montrant une femme palestinienne qui se lamentent et crient : mais qu’ont fait
nos enfants pour être tués comme ça ? Mais qui sait. Peut-être qu’il s’agit de
la même Palestinienne qui se réjouissait il y a deux ans quand l’un de ses fils
s’était fait exploser dans un restaurant de Tel-Aviv et qui disait souhaiter
que ses autres enfants suivent le même exemple et devenir martyrs.
Mais quand l’idéologie et l’endoctrinement sont d’une telle bassesse, il
devient normal que cette Palestinienne perde toute valeur à la vie. Sinon, elle
pleurerait ses enfants de la même façon qu’ils se tuent dans un attentat
suicide à Tel-Aviv ou sous les bombes israéliennes. Car, la mort est la même
quelles qu’en soient les circonstances, et elle demeure rejetée, et au
contraire, la vie mérite d’être vécue et pleurée.
Dans ce cas, comment puis-je me solidariser avec une femme qui lance les
youyous de jouissance quand l’un de ses enfants se fait exploser contre les
juifs, et qui pleure quand les juifs tuent ses autres enfants ? Mais
l’idéologie enseigne aux musulmans que tuer ou être tué permet au fidèle de
gagner le paradis. Dans ce cas, pourquoi pleurer les Gazaouis alors qu’ils
n’ont pas bougé le petit doigt pour les Irakiens, les Algériens, les Égyptiens
ou les Syriens pourtant musulmans ?
---
(…) Après ce qui précède, je suis certaine que ceux qui m’écrivent et me
demandent mon avis sur ce qui se passe à Gaza cherchent à me faire dire ce
qu’ils peuvent utiliser pour m’incriminer et me condamner, ou pour me faire
dire ce qu’ils ne peuvent exprimer eux-mêmes.
(…) Borhane, un jeune palestinien de 14 ans, a perdu il y a une dizaine
d’années ses bras, ses jambes et la vue dans l’explosion d’une mine en
Cisjordanie. La communauté palestinienne aux États-Unis s’est mobilisée pour
lui venir en aide et financer son hospitalisation dans l’espoir de sauver ce
qui pouvait l’être. Lors d’un dîner de bienfaisance organisé à son profit en
Californie, la plus riche Palestinienne des États-Unis s’est présentée en
grande fourrure, et a qualifié Borhane de héros. Elle s’est adressée à ce bout
de chair immobile et inerte : Borhane, tu es notre héros. Le pays a besoin de
toi. Tu dois retourner dans le pays pour empêcher les sionistes de le
confisquer… Mais l’hypocrisie de la Palestinienne la plus riche des États-Unis
l’empêche d’envoyer ses propres enfants défendre la Palestine contre les
sionistes. Exactement à l’image des chefs du Hamas qui demandent les sacrifices
à Gaza, mais restent à l’abri à Damas et à Beyrouth.
(…) La guerre contre Gaza est certes une horreur. Mais elle a le mérite de
dévoiler une hypocrisie inégalée dans l’histoire récente de l’humanité. Une
hypocrisie qui distingue les Frères Musulmans syriens qui annoncent abandonner
leurs activités d’opposition, pour resserrer les rangs contre les sionistes.
Mais ces Frères musulmans ont-ils le droit d’oublier les crimes du régime
commis contre les leurs à Hama, Homs et Alep ? Avant de se réconcilier avec le
régime pour lutter contre les sionistes, ces Frères musulmans ont-ils dénoncé
les crimes commis par leurs alliés et partenaires (dans la confrérie) en
Algérie et en Irak ? Ont-ils dénoncé la mort de centaines de milliers de
chiites en Irak sur le pont des oulémas à Bagdad, pulvérisé par l’un des vôtres
conformément aux enseignements de votre religion de la paix et de la
miséricorde ? Avez-vous une seule fois dénoncé les exactions contre les
chrétiens en Irak ? Ou contre les Coptes en Égypte ?
Votre hypocrisie nous empêche de croire vos sentiments à l’égard des enfants de
Gaza, puisque vous êtes responsables du pire. (…) Essayons d’imaginer ce que le
Hamas aurait fait du Fatah, et des autres, s’il possédait la technologie et les
armes d’Israël ? Essayons d’imaginer ce que l’Iran aurait fait des sunnites de
la région, s’il détenait les armes modernes que possède Israël ? Ce serait sans
doute le massacre garanti.
(…) J’ai récemment rencontré un religieux hindou en marge d’une conférence
consacrée à la guerre contre le terrorisme. Il m’a dit : « toutes les guerres
se sont déroulées entre le bien et le mal. Sauf la prochaine, elle doit se
dérouler entre le mal et le mal ». N’ayant pas compris ses propos, je lui ai
demandé des explications. Il m’a dit : « Je suis contre la présence américaine
en Irak et en Afghanistan. Si les États-Unis veulent gagner la guerre contre
les islamistes, ils doivent se retirer et laisser les deux pôles du mal
s’entretuer. Les sunnites et les chiites étant nourris sur la haine vont se
battre et se neutraliser ».
Tirant la conclusion de ces mots remplis de sagesse, on peut dire qu’Israël
contribue aujourd’hui, inconsciemment, au succès de l’islam. En s’attaquant à
Gaza, Israël pousse les musulmans à se solidariser et à surpasser leurs
divergences. Et septembre noir en Jordanie est encore dans tous les esprits
(…). Les exactions dont sont capables les Arabes et les musulmans dépassent
toute imagination. Un char jordanien avait écrasé un Palestinien, puis le
conducteur du char est descendu de son blindé et a bourré la bouche de sa
victime avec un journal… Un comportement qu’aucun militaire israélien n’a eu à
Gaza.
Aussi, pendant les massacres de Hama en Syrie, des militants des Frères
musulmans trempaient leurs mains dans le sang des victimes pour écrire sur les
murs : Allah Akbar, gloire à l’islam. Je n’ai jamais entendu qu’un juif ait
écrit avec le sang d’un autre juif des slogans à la gloire du judaïsme. Je le
dis avec un pincement au cœur : pour sauver l’humanité du terrorisme, il faut
que le monde libre se retire et qu’il laisse les musulmans s’entretuer. (…) Je
me souviens quand j’étais étudiante à l’université d’Alep, et quand l’ancien
ministre syrien de la Défense Mustapha Tlass était venu nous rencontrer. Dans
un élan d’hypocrisie, Tlass nous avait dit qu’« Israël craint la mort et la
perte d’un de ses soldats lui fait peur et mal. Mais nous, nous avons beaucoup
d’hommes et nos hommes ne craignent pas la mort ». Là réside la différence
entre les deux conceptions et les deux camps, et le témoignage de Tlass semble
avoir inspiré les dirigeants du Hamas aujourd’hui.
Ainsi, l’extermination de tous les enfants de Gaza importe peu aux dirigeants
islamistes et du Hamas, la vie n’ayant aucune valeur pour eux. Ils se
réjouissent simplement de la mort de quelques soldats israéliens. Pour les
islamistes, l’objectif de la vie est de tuer ou de se faire tuer pour gagner le
paradis. La vie n’a donc aucune valeur. (…) Si le Prophète Mohammed savait que
le Juif allait voler un jour à bord des F-16, il n’aurait pas commandé à ses
disciples de tuer les juifs jusqu’au jour dernier. Mais ses disciples doivent
modifier cette idéologie par pitié pour les générations futures, et pour sauver
leur descendance et lui préparer une vie meilleure, loin de l’idéologisation de
la mort.
Les musulmans doivent commencer par se changer, pour prétendre changer la vie.
Ils doivent rejeter la culture de la mort enseignée et véhiculée par leurs
livres. C’est seulement quand ils y parviendront qu’ils n’auront plus d’ennemis.
Car celui qui apprend à aimer son fils plus qu’à haïr son ennemi appréciera
mieux la vie. Aussi, jamais la terre ne vaut la vie des personnes, et les
Arabes sont le peuple qui a le moins besoin de la terre. Mais paradoxalement,
c’est le peuple qui déteste le plus la vie.
Quand est-ce que les Arabes comprendront-ils cette équation et commenceront-ils
à aimer la vie ?