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Une Société Infectée par l’Antisémitisme est une Société Malade

Par Meyer-Habib, député UAI des Français de l’étranger

14/2/19 – Entretien avec Israël Actualités

Source : http://www.israel-actualites.tv/interview-exclusif-de-meyer-habib-pour-israel-actualites-meyer-habib-une-societe-infectee-par-lantisemitisme-est-une-societe-malade-pour-israel-actualites-le-dep/

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- La multiplication soudaine des actes antisémites ces derniers jours est-elle une simple
coïncidence ou le fruit d’une coordination entre groupuscules antisémites ?
- Ce n’est jamais un hasard. Ce qui est très inquiétant, c’est la banalisation de la haine. Il n’y a plus aucun tabou ! Un tag « Juden » sur la vitrine d’un restaurant, un graffiti  « Macron Jews Bitch » en plein rue, Dieudonné qui fait salle comble en répétant que « les chambres à gaz n’existent pas ». Ils sont allés jusqu’à souiller de croix gammées des portraits de Simone Veil, rescapée de la Shoah récemment admise au Panthéon et vandaliser des arbres à la mémoire d’Ilan Halimi, torturé et assassiné parce que juif. Le symbole est terrifiant ! Ces images nous téléportent aux heures les plus sombres de l’Histoire.

A mon sens, une société infectée par l’antisémitisme est une société malade. Les juifs sont en première ligne face à tous ceux qui professent la haine de la République, de la démocratie, de l’humanisme. La détestation obsessionnelle du Juif est le point de convergence de l’ultra- droite, de la gauche radicale et de l’islamisme. On voit ainsi fleurir, en marge du mouvement des Gilets jaunes, toute cette rhétorique nauséabonde associant les noms de Macron et de Rothschild à un supposé complot juif. Député français juif, je suis inquiet pour les Juifs, mais surtout pour mon pays, la France.

- Une haine dont vous faites personnellement les frais, d’ailleurs…
- De fait, à titre personnel, je suis la cible quotidienne d’injures antisémites et de menaces de
mort
. Je dépose plainte sur plainte par sens civique, mais sans grand résultat… Est-il nor- mal qu’un député de la République soit ainsi visé l’indifférence générale parce que juif? Je ne crois pas. Aux préjugés antisémites traditionnels, sur fond de judéo-phobie et
d’anticapitalisme, s’ajoute l’antisionisme, plus pernicieux et plus virulent.
Face à ce retour de la Bête immonde, une chose a radicalement changé par rapport aux années 1930, c’est l’existence et la montée en puissance de l’Etat d’Israël ! Un Etat moderne, démocratique, moral, véritable bouclier du peuple juif dans ses frontières et au-delà. « Condamner l’antisémitisme de manière abstraite ne sert à rien ! Quand
les politiques bavardent, le peuple perd confiance
 »

- En tant que député, quelles réactions attendez-vous du gouvernement, de l’Assemblée,
de la classe politique dans son ensemble ?
- Comme à chaque fois, les principaux responsables politiques ont condamné ces actes
ignobles. Dans l’ensemble, la classe politique est sincère dans sa volonté de combattre
l’antisémitisme. Ces paroles sont importantes sur le plan symbolique, mais les mots ne
suffisent pas et les actes ne sont pas à la hauteur.

D’abord, il faut appliquer la loi. Aujourd’hui, beaucoup d’actes antisémites sont classés sans suite ou punis de manière symbolique. Pourquoi cette faiblesse, voire ce laxisme ? Il n’y a qu’à voir toutes ces manifestations du BDS quotidiennes qui appellent dans la plus parfaite illégalité au boycott d’Israël…
Je regrette que le gouvernement ait la main qui tremble quand il s’agit de durcir la loi. Ainsi, le Ministre de l’Intérieur a rejeté le 1er février un amendement que j’avais déposé visant à pénaliser les « quenelles » réalisées en public. Ce geste est devenu le signe de ralliement des antisémites de tous bords. Si on peut afficher son antisémitisme sans risque, quelle est la crédibilité de la loi et des discours ?

- Comment, à votre avis, enfin parvenir à une lutte efficace ?
- La bataille se gagnera d’abord dans les esprits. Par l’éducation scolaire évidemment. Il est inadmissible que les enseignants ne puissent plus enseigner la Shoah ou évoquer Israël dans des « territoires perdus de la République ». Le combat doit être intensifié sur Internet, quotidiennement submergé par un tsunami d’antisémitisme et de théories du complot. Sept des dix premiers sites politiques sont liés à l’ultra-droite antisémite. Pourquoi est-il si compliqué de les faire fermer ? Les réseaux sociaux servent de déversoirs de haine. Pourquoi est-il si difficile de poursuivre les auteurs ?

Surtout, il faut nommer le mal. Condamner l’antisémitisme de manière abstraite ne sert à rien ! Quand les politiques bavardent, le peuple perd confiance. Tous les discours prononcés depuis le meurtre d’Ilan Halimi, depuis Toulouse, depuis l’Hyper Cacher n’ont pas empêché l’explosion des actes antisémites : + 74% en 2018 ! Un sondage Ifop publié lundi révèle que 44% des Gilets jaunes croient en un complot sioniste mondial…

- Quelle évolution serait selon vous souhaitable, au sein de la classe politique ?
- Les élites doivent changer de logiciel. Aujourd’hui, l’antisémitisme a plusieurs visages. C’est vrai, il subsiste un antisémitisme d’ultra-droite ou des préjugés sur les Juifs et l’argent. Il y a l’antisémitisme d’extrême-gauche anticapitaliste qui voit les « Juifs cosmopolites » derrière la finance internationale. Mais dans la France de 2018, le premier moteur de la haine du Juif, c’est la détestation d’Israël. Refuser l’équation antisionisme = antisémitisme, c’est avoir perdu d’avance la bataille.
Politiques, médias, intellectuels, opérateurs Internet, leaders d’opinion, sportifs, artistes mais aussi simples citoyens ont tous leur part de responsabilité. On a le droit de critiquer Israël comme tout Etat démocratique, mais la diabolisation systématique et obsessionnelle infecte les esprits, banalise la haine et, trop souvent, tue. Treize Français ont été tués parce que juifs depuis 2003. Un chiffre édifiant…