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UNE INITIATIVE SANS PRECEDENT
150 parlementaires d’Europe
s’engagent pour la paix au Moyen-Orient
Communiqué par UE le 6/11/2003, par attachée de presse florence.drory@wanadoo.fr
Pour la première fois dans l’histoire de l’Europe,
150 parlementaires, de toutes tendances politiques, représentant vingt sept
nations, ont rencontré les acteurs de la guerre et de la paix au
Moyen-Orient.
A l’initiative de Medbridge, mouvement fondé par le député européen socialiste
français, François Zimeray, des membres des parlements nationaux des vingt cinq
pays de l’Union européenne élargie, plus la Norvège, la Suisse et le Parlement
européen viennent de se rendre en Jordanie, Israël et dans les territoires
palestiniens.
L’objectif était de « comprendre pour aider vraiment et non
plus juger et condamner » insiste François Zimeray. Les
parlementaires entendent s’impliquer davantage dans le processus de paix
et jeter un pont entre les belligérants. Cette initiative constitue un
évènement à plus d’un titre :
Un évènement, par son caractère massif et exceptionnel : jamais un
nombre aussi important de parlementaires n’avait été atteint. Un évènement, car
cette délégation préfigure la nouvelle Europe, celle de 2004. Un
évènement, parce que ce voyage a réellement brisé la glace et créé les
conditions d’un vrai dialogue.
Le Roi Abdallah : Le conflit
israélo-palestinien est « une excuse » pour certains régimes arabes
Première étape, la Jordanie, où lors d’un long débat avec le Roi Abdallah,
celui-ci a reconnu pour la première fois en public que « tant
que la question israélo-palestinienne ne sera pas résolue, vous n’aurez jamais
de réformes politique, économique et sociale au Moyen-Orient, l’excuse invoquée
étant celle du conflit israélo-palestinien » et de rappeler que « la
paix ne doit pas être pour demain, mais pour aujourd’hui et les leaders arabes
et israéliens doivent avoir le courage moral de la faire ». (1)
Aidez-nous « à créer une
petite Europe »
En Israël, la délégation a rencontré Shimon Peres qui a
rappelé que « la négociation fait aussi partie de la lutte contre le
terrorisme » tandis que Tomy Lapid, Ministre de la justice
exhortait les européens à faire comprendre aux palestiniens et aux arabes d’accepter
l’état juif. « Aidez-nous à créer ici un petite Europe. Faites-leur
comprendre que cela vaut la peine de vivre avec nous pacifiquement ».
La délégation a pu mesurer la complexité du problème et les difficultés
du dialogue entre israéliens et palestiniens, puisqu’au dernier moment la
rencontre prévue avec le Premier Ministre palestinien Ahmed Quorei a été
annulée par ce dernier, bien que prévue depuis des mois. D’après la
presse palestinienne, Yasser Arafat aurait fait pression pour empêcher cette
rencontre, lui-même n’étant pas prévu au programme des entretiens.
Les parlementaires ont pu néanmoins se rendre à Bethlehem pour y rencontrer
Salah Ta’mari, député et Président de la commission des lois du conseil
législatif palestinien et des responsables de l’OLP. Salah Ta’mari décrivant
les contraintes et les humiliations de l’occupation, a souligné que
« vivre sous occupation est vivre en esclave », tandis
que Michael Tarazi, porte-parole de l’OLP, insistait sur le fait que les
palestiniens ne se voient pas reconnaître le droit au retour pour des raisons
religieuses, « les israéliens ont pour slogan :
prenez la terre et débarrasser vous des gens. Le sionisme est
exclusif , mais il n’y aura pas de paix sans droit au retour ».
Avraham Burg défend avec vigueur
l’état juif
A la Knesset, le député travailliste Avraham Burg, a pour sa part, défendu
la majorité juive de l’état d’Israël, « car il y a de nombreux
états musulmans et chrétiens dans le monde, mais il n’y a qu’un seul état
juif pour le peuple juif ».
Déclaration exceptionnelle d’Ariel Sharon :
« pour moi, la barrière n’est pas une frontière»
Pour la première fois, lors d’une rencontre-débat avec le Premier Ministre
Sharon, celui-ci a solennellement déclaré « La barrière n’est
pas une frontière politique, ce n’est même pas une frontière de sécurité.
La barrière est un moyen supplémentaire pour prévenir le terrorisme, pour
empêcher les gens d’entrer en Israël de façon illégale pour y commettre des
actes de terrorisme. S’il n’y avait pas de terrorisme, il n’y aurait pas besoin
de barrière ».
Cette déclaration est un élément essentiel dans le débat actuel et
éclaire d’un jour nouveau l’attitude israélienne, mise en accusation
par la communauté internationale.
Le débat s’est prolongé lors d’une table ronde, entre Ahmad Tibi, député arabe
à la Knesset qualifiant la clôture de « mur de l’apartheid »
et Haïm Ramon, son collègue juif travailliste, la justifiant au nom du droit
à la sécurité pour tout israélien « Les attentats suicides ne tuent
pas seulement des israéliens, mais aussi les chances de la paix ».
En Cisjordanie, les parlementaires ont vu d’eux-mêmes sur le terrain
la réalité du mur.
60% des parlementaires se rendaient pour la première fois au Moyen-Orient
Ces trois jours et demi de rencontres, confrontations, questionnements et
écoute ont permis aux parlementaires, dont près de 60% d’entre eux n’avaient
jamais été au Moyen-Orient, de toucher du doigt la réalité, sa complexité,
de connaître la douleur des victimes du terrorisme tel ce père qui
dignement a raconté la mort tragique de sa fille de quinze ans dans un attentat
suicide à Jérusalem, la frustration et le désespoir des palestiniens
qui ne voient pas de futur pour leurs enfants.
Nombreux sont les parlementaires qui reconnaissent avoir révisé leur
position sur au moins trois aspects du conflit: le droit à la sécurité
des Israéliens, la menace que constitue pour l'identité d'Israël la revendication
du "droit au retour" des Palestiniens, et la "barrière de sécurité".
En revanche, la plupart affirment demeurer critiques sur la politique de
boycott du leader palestinien Yasser Arafat par le gouvernement
Sharon et soulignent l’urgence d’une reprise réelle des négociations
entre palestiniens et israéliens.
De retour dans leur pays avec plus de questions que de réponses, nombre
d’entre eux souhaitent prendre des initiatives pour donner une suite à ce voyage, véritable prise de
conscience de la réalité au Moyen-Orient. Convaincus, plus que jamais, que
l’Europe peut jouer un rôle plus actif à condition de mieux équilibrer
ses positions. « Vaclav Havel a parlé de l’angoisse de la liberté,
nous comprenons qu’il y ait ici une angoisse de la paix quand il n’y a pas
de perspective. Etes-vous prêt à prendre le risque de l’espérance ? »
conclut François Zimeray s’adressant au Premier Ministre israélien.
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