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POURQUOI IL FAUT
DEFENDRE ISRAEL
Par José Maria
Aznar, ancien 1er ministre d'Espagne
Il Mattino et Il Messaggero
du 23/01/07
Il fut un temps où la gauche, surtout européenne, regardait l'existence d'Israël
avec une profonde admiration. D'un côté, il s'agissait d'un sentiment de justice
historique par rapport au nazisme que l'on n'avait jamais pu obtenir par d'autres
moyens. De l'autre, il y avait le romantisme des kibboutz qui en plein désert
créaient des vergers selon les principes d'un authentique socialisme égalitaire.
Mais l'admiration s'évanouit bien vite lorsque Israël fut contraint de se
défendre de ses propres voisins en recourant aux armes, parfois préventivement,
comme à l'occasion de la guerre des six jours. La gauche en outre, engagée
à ramener vers elle un prolétariat qui en Europe lui tournait le dos, vit
dans les Palestiniens le protagoniste révolutionnaire de son histoire. Et
au fur et à mesure, Israël était considéré comme un appendice des Etats Unis,
l'antiaméricanisme
viscéral finit par se confondre avec l'aversion pour l'état hébreu.
Aujourd'hui être antiaméricain et antisémite est pratiquement la même chose. Nombreux
sont ceux qui se réjouissent chaque fois que l'Assemblée générale des Nations
unies adopte une résolution qui condamne l'état Israël, ou qui doutent de la
motivation ou de la légitimité de cet état. De même ils sont nombreux à
préférer ne pas écouter les menaces qui sont lancées tous les jours contre
Israël par l'actuel président iranien Mahmoud Ahmedinejad.
Ces derniers toutefois ne se rendent pas compte de l'erreur gravissime qu'ils
commettent. La gauche ne peut admettre que dans le monde d'aujourd'hui,
il y ait des politiciens qui parlent ouvertement, sincèrement et sans demi mots
de leurs propres objectifs et de leurs intentions. Et pourtant, nous ne savons
que trop bien que des individus pareils ont existé et existent encore. Un de
ceux -ci a été Hitler qui exprima de manière non équivoque son plan d'action
dans le connu "Mein Kampf" même si personne
à ce moment ne lui prêta attention. Un autre est Ben Laden auquel personne ne
crut lorsqu'il déclara unilatéralement la guerre à l'Amérique et que personne
ne croit lorsqu'il dit qu'il veut en finir avec le monde occidental et
instaurer un nouveau Califat. Personnellement, je ne mets pas en doute les
paroles d'Ahmedinejad, que je considère plus que
capable de mettre ses plans à exécution le jour où il disposera des moyens
nécessaires pour les réaliser.
Il y a tout juste un an, le leader iranien ouvrait à Téhéran une conférence avec
une image qui fit le tour du monde : une clepsydre sur la base de laquelle
s'était brisée une balle aux couleurs américaines, tandis qu'une autre aux
couleurs Israël était en train de se détruire. Non moins fameux ses propos :
"Il faut effacer Israël de la carte du monde". A un an de distance,
année au cours de laquelle il s'est moqué de la communauté internationale en ce
qui concerne le programme nucléaire iranien, voici une autre conférence dans la
capitale iranienne, cette fois pour nier l'existence de l'holocauste, du
génocide hitlérien qui a failli exterminer complètement le peuple juif. Cette
provocation d'un an auparavant est restée impunie. Les Européens désiraient que
l'Iran s'ouvre au dialogue et à la négociation, c'est pourquoi, ils choisirent
de ne pas réagir. C'est justement pour cela, parce que ses paroles ne
suscitèrent que de faibles
remontrances que le président iranien se permet de recommencer à menacer Israël.
Non content de nier la Shoah et de contester de la sorte la légitimité de la naissance
Israël, le dirigeant de la république islamique a prédit la fin de l'Etat
hébreu. "Les jours Israël sont comptés" s'est-il exclamé. En cette
circonstance, ses paroles n'ont provoqué que quelques faibles condamnations
diplomatiques des principales chancelleries européennes. Mais envers Ahmedinejad, il faut plus qu'exprimer sa
désapprobation. Depuis des années, on discute sur la façon de s'opposer à un Iran
clairement déterminé à se doter d'armes atomiques, et toutefois nous continuons
à tergiverser sur les stratégies à mettre en oeuvre
pour rejoindre un consensus au sein du Conseil de sécurité de l'ONU.
Bien ! Si la communauté internationale ne réussit pas à se mettre d'accord sur
le programme nucléaire, que l'on continue à parler ! Mais cela ne signifie pas
que les provocations d'Ahmedinejad doivent rester
sans suites. Mon bon ami Bibi Netanyahu a lancé une initiative qui mérite
d'être prise en considération: accuser le président iranien d'incitation au
génocide. Ce n'est pas une blague. Il est impératif que les leaders et les
ayatollahs iraniens sachent que l'on doit respecter certaines règles et que
dans le cas
contraire, ils en subiront les conséquences.
Nous pouvons discuter sur le type de sanctions économiques à imposer à l'Iran
engagé sur la route du nucléaire, mais les sanctions qui ont de l'effet sont
celles mises en acte contre les leaders politiques. La proposition de
poursuivre Ahmedinejad au niveau international a le
mérite de commencer à appliquer ce type de sanction limitée mais efficace. Appeler
à la destruction d'un Etat souverain sans avoir reçu aucune
provocation de la part Israël, à part sa propre existence, Ahmedinejad
commet une faute contre le droit international. Non seulement il émet des
principes opposés à ceux établis par la Charte des Nations unies mais il se
rend coupable de violation de la Convention contre le génocide. On pourrait ajouter
que ses affirmations s'opposent aux dispositions du statut du Tribunal pénal
international. De fait, si Ahmedinejad au lieu d'être
le président iranien était un leader serbe, il serait déjà mis en état d'accusation
par la Cour de l'Aja. Nous devons nous rendre compte qu'invoquer
la destruction Israël ne doit pas rester impuni. Si les mots d'aujourd'hui
n'ont pas de réponse forte, ces intentions se transformeront en dure réalité.
Que peuvent penser les ennemis Israël de notre silence ?
Une seule chose, qu'Israël est de plus en plus seul et de plus en plus faible.
A chaque signe de notre faiblesse, les adversaires deviennent plus forts. Mais ils
se trompent ceux qui croient que tout se résoudra au Moyen Orient. Aujourd'hui
Israël est soumis à trop de menaces. Les Palestiniens et les terroristes
kamikazes, l'islamisme du Hezbollah au Nord, Al Qaida
au sud sont toujours plus présents en Jordanie, sans compter le fondamentalisme
iranien. Et un élément commun à tout cela : l'anti-occidentalisme.
Ahmedinejad ne pense pas au destin du peuple
palestinien quand il profère ses menaces, mais il pense à l'Islam et à
l'Amérique, le Grand Satan. Il pense à Israël comme à un ennemi occidental à
ses portes. C'est pourquoi il est si important de défendre Israël, car bien que
située au Moyen Orient, il s'agit d'une nation pleinement occidentale et sa
disparition signifierait la perte de notre position dans cette région du monde
et fort probablement les prémices d'une attaque dirigée contre nous. Abandonner
Israël à son sort équivaut à fermer les yeux devant les liens moraux,
politiques, économiques,
culturels, historiques et stratégiques qui nous unissent. Aujourd'hui plus que
jamais.