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CE QUI SE JOUE
AU LARGE DE GAZA
Par Alain Legaret
Le Monde à l'Endroit - 3 juin 2010
http://alainlegaret.blogspot.com/2010/06/ce-qui-se-joue-au-large-de-gaza.html
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Pendant huit ans,
près de six mille roquettes ont été envoyées sur Israël à partir de Gaza. Fin
2008, Tsahal lançait l'opération "Plomb Durci" pour faire cesser ces
tirs. L'attitude de la communauté internationale, silencieuse pendant huit ans,
puis soudain vociférante, laisserait croire que bombarder les localités juives
est moral, tandis que vouloir faire cesser ces tirs est immoral.
Depuis plus de
quatre ans, Guilad Shalit est otage à Gaza.
Depuis trois ans,
Israël maintient un blocus sur Gaza, contrôlant les marchandises pour éviter que les convois humanitaires ne transportent
des armes. L'attitude de la communauté internationale, scandalisée
dans un cas et muette dans l'autre, laisserait croire qu'empêcher le trafic
d'armes est immoral, mais que retenir un être humain en isolement total serait
donc moral.
Si telles sont
les valeurs que défend la communauté internationale, le devoir exige de s'en
démarquer. Aujourd'hui, la Syrie est en train de transférer des tonnes de
missiles au Hezbollah au nez et à la barbe des forces de l'ONU chargées de
prévenir ce réarmement. Dans le même temps, nombreux sont les pays qui ont
réclamé d'Israël la levée immédiate du blocus de Gaza. Autant demander directement à l'Etat juif de se suicider.
Il doit être
difficile à certains de voir une nation se plier aux règles démocratiques et
résister aux assauts des dictatures alentours. Alors qu'Israël a arraisonné
cette semaine la flottille pour Gaza, déjà un nouveau bateau irlandais se
prépare à vouloir briser le blocus. Il est clair qu'Israël mettra tout en
oeuvre pour le stopper aussi. Car si Israël laisse passer un premier bateau
sans le contrôler, alors viendront les suivants qui transporteront des armes.
Le premier ministre irlandais a toutefois demandé à Israël de laisser passer le
navire. Il souhaite l'apaisement. Pourtant. Pendant des années, les dirigeants
européens ont mis en garde de ne pas importer le conflit du Moyen-Orient alors
qu'aujourd'hui, ils laissent leurs propres ressortissants aller affronter
l'armée israélienne.
Et c'est à Israël
qu'ils demandent de la retenue. Attitude démissionnaire qui abandonne à l'autre
ses propres problèmes. Car ce qui se joue au large de Gaza, ce n'est pas un
simple conflit entre deux peuples, mais c'est la défense d'une certaine idée de
l'occident, des libertés et de la démocratie. En entendant quelques noms de
ressortissants occidentaux embarqués sur la flottille pour Gaza, on peut se
demander si c'est bien de l'Europe que l'on parle. En allant se frotter à la
marine israélienne, ils obligent le gouvernement de leur pays à choisir entre
défendre ses ressortissants ou son identité. Alors que plusieurs pays ont
décidé de baisser les bras, le fait qu'Israël continue de vouloir vivre libre
compromet leur projet de reddition. Ceux qui agitent aujourd'hui le drapeau
blanc, souhaiteraient que fassent de même ceux qui continuent de refuser le
joug de l'obscurantisme.
Mais Israël n'a
pas le choix: capituler signifierait sa
destruction. Car c'est bien en renonçant à leur identité que toutes
les civilisations ont entamé leur processus de disparition. Et si le peuple
juif est toujours là, c'est parce qu'au fil des millénaires et des pogroms, il
n'a jamais abandonné sa culture et ses valeurs. Il est toujours debout parce
qu'il n'a jamais fait de compromis avec le mensonge et le fanatisme.
Alors oui, Israël
est intraitable. Alors oui, Israël est isolé.
Malheureusement.
Pourtant, Israël n'est pas à l'origine des violences sur le Marmara. Si tels
avaient été les ordres, il y aurait eu des victimes sur les six bateaux de la
flottille et non sur un seul d'entre eux. Pour autant, s'il y a une chose que
l'on peut reprocher à Israël dans l'affaire de la flottille pour Gaza, c'est sa naïveté. Son péché a été de ne pas
s'attendre à une telle réaction. Car dans son histoire, même aux pires moments
des guerres et des tensions, le million d'Arabes israéliens a continué à se
retrouver côte-à-côte avec les Juifs, civils et même soldats, dans les
administrations, les parcs, ou les restaurants de l'état hébreu, sans pour
autant se lyncher l'un l'autre. Ailleurs par contre, il suffit d'avoir assisté
une seule fois à un défilé pro-palestinien pour constater la haine hystérique
d'Israël qui se dégage des manifestants dans le monde arabe et occidental.
Recevoir alors un soldat israélien tombé du ciel est une aubaine pour une foule
chauffée à bloc. Et si cette haine d'Israël est si présente à l'étranger, c'est
parce qu'elle se nourrit de fantasmes.
Non,
Monsieur De Villepin! Gaza ne
meurt pas de faim. Elle reçoit plus de produits humanitaires provenant d'Israël
que par toutes les flottilles réunies.
Non,
Monsieur Cohn-Bendit! La
population de Gaza n'est pas hostile au Hamas. C'est même elle qui l'a porté au
pouvoir en 2006 parce qu'elle en avait assez de la corruption de l'Autorité
Palestinienne.
Non,
Monsieur Dumas! Israël ne se
comporte pas comme Hitler, et ceci, bien que les alliés n'aient jamais envisagé
de rayer l'Allemagne et les Allemands de la surface du globe. Inversion des rôles qui donne la nausée.
Autant de
propagande abjecte qui a fini par diaboliser Israël. Autant de mystifications
mises bout à bout qui ont réussi à masquer la vérité. C'est pourquoi sans
changement radical, le peuple juif risque de se retrouver rapidement au seuil
d'une nouvelle période sombre de son histoire où il y va de la survie d'Israël.
Mais c'est surtout la civilisation occidentale telle que nous la connaissions encore hier, qui est en train de complètement s'effondrer, troquant ses valeurs durement acquises pour une jouissance immédiate, en confiant au diable l'avenir de ses enfants.